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à l'inspection. L'exposition des machines était distribuée avec un ordre parfait sur la moitié de la surface du Champ-de-Mars, dont l'autre partie fut affecfée au concours hippique.

Six concours spéciaux ont eu lieu pour instruments d'extérieur de ferme : 1° Charrues, araires et brabant doubles, pour labours ordinaires avec ou sans avanttrain. La médaille d'or a été décernée à M. Savary de Quimperlé (Finistère).

2o Charrues, araires et brabant doubles, pour labours de 0m15 à 0m25 de profondeur.

MM. Delahaye et Bajou de Liancourt (Oise) ont emporté la médaille d'or.

3o Charrues vigneronnes: Médailles d'or à M. MoreauChaumier de Tours (Indre-et-Loire).

4° Houes à cheval et ratissoires pour le nettoyage des cultures en lignes Médailles d'or à M. Garnier de Redon (Ille-et-Vilaine).

5o Semoirs à toutes graines: Médaille d'or à M. Louis Leclère de Rouen (Seine-Inférieure).

6o Machines à faucher les prairies: Médaille d'or à la raison sociale Osborne et Cie de Paris. Une mention honorable a été accordée aux faucheuses de la maison Waite-Burnell, Huggins et Cie de Paris.

Pour les instruments d'intérieur de ferme, il y avait également 6 concours; mais de peur de fatiguer mes honorables collègues par une nomenclature peut-être sans attrait, je me bornerai à l'énumération des parties. de ce sextuple concours, les renvoyant à la liste officielle des récompenses, en ce qui concerne les impétrants de médailles ou de primes quelconques :

1° Machines à battre, à manége, pour moyennes et petites exploitations.

2o Cribles et trieurs.

3o Machines à broyer, à teiller ou à peigner le lin et le chanvre.

4o Machines à débourrer les graines de trèfle ou à décuscuter les graines de légumineuses.

5o Pressoirs à vin et à cidre.

6o Appareils de tonnellerie, pompes, filtres, vases et vaisseaux vinaires.

Il est à regretter que le densitrieur Bertron n'ait pas été primé; cet instrument est appelé à rendre de grands services, et la Société industrielle, sur la motion de M. Bouchard, son honorable secrétaire, l'a déjà mis à l'ordre du jour.

En vertu de l'article 16 de l'arrêté ministériel, diverses médailles ont été décernées, par les deux sections du Jury réunies, à des exposants d'instruments non prévus au programme; entr'autres une médaille d'or à M. Pairault, de Loudun (Vienne), pour sa machine à battre; une médaille d'argent à M. Charles Guilleux, de Segré (Maine-et-Loire), pour son tombereau-rouleau; une médaille de bronze à M. Jules Rousset, de Lunery (Cher), pour ses appareils à cuire les racines.

Il me reste, avec votre permission, Messieurs, à jeter un coup-d'œil rétrospectif sur les diverses exhibitions d'instruments aratoires contenues dans l'aire du Champ de Mars, transformé en un parc de l'agriculture.

A l'entrée (aile-droite), je remarque les vanneuses Girard, pour les graines de trèfle, montées sur quatre roues à cales, et dont les blutoirs et les trémies oscillent sous l'impulsion de la vapeur imprimée à des tambours latéraux par des courroies sans fin.

En face, les locomobiles; celles-ci, élégantes par leur forme, qui doivent actionner les vanneuses, et à côté les batteuses à un bout, de M. Lotz, avec tire-paille. L'exhibition Lotz se compose de sept machines et vaut la peine d'être examinée avec attention. Disons, en passant, que M. Lotz a été médaillé d'argent.

Plus loin, nn manége à quatre chevaux avec ses tourillons et ses grands bras qui s'allongent comme des hydres; ce manége actionne une batteuse à laquelle est annexé un secoue-paille, composé d'un système de griffes oscillantes.

Inutile de s'arrêter sur les moulins à bras qui pullulent, comparses obligés de toute exhibition agricole.

La série des semoirs attire l'œil par des formes originales et des structures bizarres : le semoir à godets et à vis régulatrices, le semoir à bras, le semoir à cylindre; un bon point au semoir rayonnant à chanvre, appareil ingénieux, nouveauté attrayante et utile au premier chef.

Çà et là reposent nonchalamment, avec une certaine majesté d'inertie, des brises-mottes, des rateaux à cheval, des faneuses, des griffons, des déchaumeurs, des araires à double versoir, tous systèmes connus, portant quelques-uns un léger perfectionnement qui se réduit parfois à une articulation, à un surcroît de vis.

Les densitrieurs, trieurs et dépulpeurs pålissent à côté des jolis hache-pailles de la maison Waite-Burnell et du tarare Fataron à crible sasseur. Signalons en passant une herse à rouleaux articulés, d'un style trèscurieux, et les grands trieurs à double tambour appelés à rendre des services à tous les grainetiers possibles et imaginables

L'aile gauche, nous allons la parcourir au hasard. It est bon quelquefois de procéder sans trop de méthode :

Souvent un beau désordre est un effet de l'art!

La première machine qui nous arrête au passage, c'est la moissonneuse à un cheval, système Elie Froger. Dans cette moissonneuse, peu encombrante, simple et légère, l'appareil javeleur ne se composant que d'un seul râteau, ne dépense presque pas de force pour son fonctionnement; le tablier étant très-restreint par la disposition de la barre coupeuse, la javelle se forme debout et est déposée par le rateau dans son mouvement circulaire. de trois en trois mètres. Les deux roues sont montées sur un bâti en fer articulé qui leur permet ainsi de suivre toujours le fond du sillon.

Un compliment à M. Bédin, constructeur à Niort (Deux-Sèvres), pour ses râteaux à cheval, à siége, et pour ses râteaux à cheval, à bascule. Les griffes de ces râteaux sont, chacune, articulées sur le banc de l'appareil; les râteaux à bascule sont très-curieux par le mouvement qu'ils impriment; de tels instruments se recommandent par leur originalité.

Sur cette aile gauche, on voit tout un peuple de faucheuses (Cumming), de moissonneuses, (Kilby et WaiteBurnell) de faneuses avec leurs grands tentacules hérissés de dents aigües qui leur donnent l'allure de pieuvres de fer. La plupart de ces instruments qui doivent abréger

le travail de l'homme et même celui du cheval, se recommandent aux grandes exploitations agricoles par leur solidité remarquable, qui n'exclut pas une certaine élégance.

Čes avant-trains, ces timons articulés, sont sûrement encastrés dans les chevilles ouvrières; ces dents n'ont pas mine d'être faciles à ébrécher par les tiges raides des trèfles ou des céréales; en un mot, tout cela est bien et porte la signature d'un travail consciencieux et durable, et selon nous l'un des plus beaux ornements du concours régional.

Nous n'en finirions pas avec les coupe-racines à double effet avec poulie, avec les coupe-paille, en anglais chaffecutter, avec une superbe moissonneuse à timon articulé, qui s'intitule l'Albilienne, avec les pressoirs pour le massage des foins de cavalerie, les pressoirs à vin, les machines-outils à cintrer les cercles (système Jalegeais), les barattes polygonales, et tutti quanti.

Mais voici les charrues, militairement alignées sur plusieurs files. Comme les soldats de l'agriculture! Il y en a de toutes les espèces et pour tous les goûts, depuis la Dombale à plaque verticale jusqu'à la charrue à ́avantcorps articulé, se menant seule (système Guilloux) jusqu'à la charrue bêcheuse systèmes Denéchaux et Jules Boutton, voir même la charrue trisoc bonne pour le déchaumage.

Nous ne reviendrons pas sur la charrue Jules Boutton, que M. Bouchard nous a déjà décrite dans un article spécial que notre compagnie a décidé d'insérer au Bulletin. L'agriculture n'est pas morte! Elle revit dans ce peuple de charrues, dont le spectacle rappelle involontairement les beaux vers de Virgile:

Agricola, incurvo terram molitus aratro,
Exesa inveniet scabrå rubigine pila;
Aut gravibus rostris galeas pulsabit inanes,
Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulcris!

Angers, le 26 juin 1877.

CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉTAT ACTUEL EN FRANCE DE LA PRODUCTION ET DE LA CONSOMMATION DES PRINCIPALES DENRÉES ALIMENTAIRES

Par A. HERAULT d'Angers, membre titulaire.

LE PAIN, LA VIANDE

L'importance de la production est l'expression indiscutable de la richesse d'un pays. Pour consommer il faut produire. Si l'on ne produit rien, l'on ne peut rien consommer. La consommation est donc le but de la production.

Il y a des consommations qui sont improductives et d'autres qui concourent à l'augmentation de la production. Celles-ci ont le rôle le plus considérable et doivent être particulièrement encouragées.

L'homme tend toujours à améliorer son bien-être et naturellement ses aspirations lui créent sans cesse de nouveaux besoins.

Cette progression des besoins de la consommation demande donc une meilleure application des forces vives dont dispose l'homme et une meilleure appropriation de ses produits.

Alors l'activité du travail doit consulter les goûts, les désirs, tous les intérêts de la société et ne jamais s'écarter de cette ligne afin d'atteindre un but utile.

Le moyen le plus direct de stimuler l'élan de la production et de la consommation, et par conséquent d'augmenter la richesse chez tous les peuples, c'est de favoriser l'échange de leurs produits.

Lorsque les exigences de la consommation demandent que la quantité de certains produits soit plus grande, il faut en conclure que les ressources de la production générale sont en rapport avec les intérêts particuliers de la consommation.

L'activité de la production se trouve toujours sollicitée dans la direction où l'appellent les besoins de la consommation.

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