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donnée, on sème des noyaux de guignes, et leur plant sert de sujet. A l'époque des Romains, tout comme de nos jours, on savait que le cerisier n'aimait pas les argiles humides et compactes.

Quand on veut diriger les cerisiers en pyramide ou en gobelet, il faut préférer le sujet greffé sur mahaleb, et pour plein vent ou pour buisson la greffe sur merisier. Dans le verger cet arbre veut être débarrassé de son bois inutile, puis rajeuni, mais il ne faut pas abuser de la taille.

De tout temps la cerise semble avoir joué un rôle important, tant en médecine qu'en gastronomie.

Grecs et Romains les recherchèrent avidement pour leurs tables et pour leur santé. Chose surprenante, Messieurs, les célèbres médecins de l'antiquité sont à cet égard d'un accord parfait !

Au moyen âge l'action médicatrice des cerises était encore en grand honneur. La célèbre école de Salerne vantait les diverses qualités de ce fruit dans un de ses célèbres aphorismes (1110).

On regardait la cerise, comme une véritable panacée, on allait jusqu'à lui attribuer le pouvoir de diminuer les souffrances des épileptiques et des goulteux.

Pour mon compte, cette confiance dans les cerises comme remède souverain à tous les maux, ne m'étonne pas. De nos jours, ne voyons-nous pas les médicaments homéopathiques guérir toutes les maladies. Pourquoi les cerises, dont le noyau contient une notable proportion d'acide prussique, n'auraient-elles pas aussi bien guéri que le sucre de lait !

De tout temps, le ratafia de cerises, a joui d'une grande réputation. Cette liqueur est connue dans notre pays sous le nom de guignolet d'Angers.

La fabrication de cette agréable liqueur à Angers, remonte déjà à une époque assez éloignée. La famille Commeau des Roches, originaire de Rochefort-surLoire, avait son établissement place du Pilori, et exportait par le port de Nantes une assez grande quantité de cette liqueur toute angevine. La vieille et primitive formule de Guignolet est toujours restée dans les mains de cette famille.

Dans le midi l'on fabrique un vin de cerises, vin rafraichissant, qui est très-apprécié dans les pays chauds.

Mais le produit le plus important que les cerises fournissent au commerce, est sans contredit le kirsch. que l'on obtient par la fermentation puis par la distillation des merises et de leurs noyaux.

Je ne suivrai pas l'auteur de la Pomologie dans la description des 127 cerises, qui sont groupées dans la seconde partie du vo volume.

Vous donner même la nomenclature des cerises de première qualité serait abuser de votre attention, car la liste en est nombreuse. Vous trouverez donc dans le précieux travail de M. A. Leroy tous les renseignements désirables.

Une observation cependant, et pour finir, il me semble que dans la deuxième partie du ve volume, la main du Maître était absente, les ciseaux avec lesquels il triait dans les auteurs, les citations dont il avait besoin pour préciser le fait qu'il discutait, se sont émoussés.

Le collaborateur qui a mis la dernière main à l'œuvre, s'est peut-être trop facilement laissé entraîner à son amour des longues citations. C'est un tort. La sobriété et la réserve qui avaient présidé à la rédaction des premiers volumes avaient donné au Dictionnaire de la Pomologie un caractère spécial qu'il était important de conserver jusqu'au bout.

INSTRUCTIONS

RELATIVES A L'INSECTE DU COLORADO OU DORYPHORA (Decemlineata).

Versailles, le 5 octobre 1877.

MONSIEUR, j'ai l'honneur de vous adresser un exemplaire d'une instruction concernant le doryphera ou colorado. Cette notice, accompagnée d'une planche coloriée représentant un plant de pommes de terre

attaquée, contient la description de l'insecte, ses mœurs et les moyens d'en détruire rapidement les foyers, s'il venait à faire son apparition en France.

Je vous prie de faire mettre ladite gravure sous cadre et de la placer d'une manière permanente dans la salle de vos séances. Vous voudrez bien aussi faire connaître à tous les membres de votre association que la notice sur le colorado est à leur disposition, et vous jugerez sans doute utile de la reproduire dans les organes de publicité dont vous disposez, afin qu'elle parvienne entre les mains de tous.

Dans le cas où l'invasion du redoutable insecte viendrait à être signalée dans votre circonscription, je vous serai obligé de m'en avertir immédiatement, afin que je puisse prescrire les dispositions nécessaires pour arrêter le fléau.

Je joins à cette lettre un exemplaire de lá circulaire que j'adresse à MM. les Préfets des départements. Recevez, Monsieur l'assurance de ma considération distinguée.

Le Ministre de l'Agriculture et du Commerce,
C. DE MEAUX.

Versailles, le 5 octobre 1877.

MONSIEUR LE PRÉFET, la pomme de terre est attaquée depuis plusieurs années, aux États-Unis et au Canada, par un coléoptère appelé doryphorá ou colorado, qui y cause les plus grands ravages et va jusqu'à menacer d'une ruine complète la culture de ce précieux tubercule. Cet insecte s'est montré dernièrement sur divers points en Allemagne; mais tous les foyers constatés ont été promptement détruits, grâce à l'emploi de procédés énergiques.

Des décrets en date du 27 mars 1875 et du 11 août 1877 interdisent l'entrée en France de pommes de terre récoltées dans l'Amérique du Nord et en Allemagne ; mais, malgré ces mesures, il est à craindre

que le Colorado ne pénètre sur notre territoire, soit par les navires venant des États-Unis ou du Canada, soit par les marchandises que le commerce et l'industrie reçoivent de ces deux contrées.

Dans le but de faire connaître l'insecte, ses mœurs, ainsi que les moyens de destruction qui devront être adoptés, si un jour on venait à constater un foyer dans une commune, j'ai fait rédiger une instruction aussi détaillée que possible. Cette notice est accompagnée d'une planche coloriée, représentant en grandeur naturelle un pied de pommes de terre attaqué par le Colorado et ses larves aux différentes périodes de leur existence, et il m'a paru nécessaire qu'elle fût affichée, d'une manière permanente, dans toutes les communes de France.

L'intérêt que présentent tous les détails contenus dans ce document impose l'obligation de le faire placarder à l'intérieur des mairies, afin qu'il ne puisse être détruit ou altéré. D'un autre côté, les maires devront prévenir leurs administrés qu'une instruction concernant le Colorado ou insecte destructeur de la pomme de terre est déposée à la maison commune et qu'ils peu vent en prendre connaissance sans déplacement.

Vous remarquerez, Monsieur le Préfet, que ladite instruction invite les maires à vous prévenir par la voie la plus prompte, lorsqu'un foyer aura été bien constaté dans une localité, et que c'est à l'instituteur qu'il convient de porter les insectes qui seraient trouvés dans un champ de pommes de terre. Si les agriculteurs ne sont pas engagés tout d'abord à s'adresser au maire, c'est que généralement ce fonctionnaire n'est pas en permanence à la mairie, tandis que l'instituteur est presque toujours présent et peut, le cas échéant, se concerter avec l'adjoint ou un membre du conseil municipal pour prendre immédiatement les mesures afin d'empêcher l'insecte d'étendre ses ravages. Eufin, par l'intermédiaire de ses élèves, l'instituteur est certainement plus à même que tout autre de s'assurer, de temps à autre, si le Colorado a fait son apparition dans les cultures de la commune. Les instituteurs recevront un exemplaire de la notice sur le Doryphora par les soins du ministère de l'instruction publique.

Les moyens recommandés pour détruire immédiatement les foyers du Colorado sont simples et peu coùteux. Mais il est indispensable que l'opération soit bien dirigée et que tous les habitants, dans un intérêt général, prêtent volontairement leur concours. C'est en agissant avec promptitude et avec vigueur que les foyers découverts en Allemagne ont pu être circonscrits et qu'on a empêché ainsi le terrible insecte de causer des dommages incalculables.

Les communes s'imposeraient donc, dans ce cas, une légère dépense, et au besoin le Conseil Général pourrait mettre à votre disposition une allocation qui permettrait de venir en aide à celles dont les ressources seraient insuffisantes.

Mais il ne suffit pas de détruire par le feu les plants attaqués ni de désinfecter le sol par l'emploi de toxiques, dans le but d'anéantir les insectes qu'il pourrait contenir, il est aussi très-utile de faire comprendre aux populations qu'elles ne doivent pas, quand un foyer est découvert, prendre des insectes, des larves, des œufs, pour les emporter et les conserver comme objets de curiosité. Les maires pourront être invités à prendre immédiatement un arrêté interdisant formellement l'entrée d'un champ, dans lequel on aurait découvert des Doryphora, à toute personne ne participant pas à sa destruction.

Je vous adresse, Monsieur le Préfet, plusieurs exemplaires de l'instruction grand in-4°, accompagnée d'une planche coloriée, en vous priant d'en remettre aux membres du conseil général et à chacun des souspréfets de votre département.

Tels sont, Monsieur le Préfet, les points sur lesquels il m'a paru nécessaire d'appeler particulièrement votre attention, et je vous prierai, en m'accusant réception de la présente circulaire, de me faire connaître les dispositions que vous aurez prises pour répondre aux instructions qu'elle renferme.

Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Le Ministre de l'Agriculture et du Commerce,

C. DE MEAUX.

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