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GUY-JOSEPH BONNET 19

l'attitude audacieuse, mais calme du jeune homme. Il se rendit en ville, promettant de former sa plainte · contre le téméraire qui avait osé le défier. Cette aventure fit du bruit ; elle étonna l'aristocratie coloniale, et sans les grandes préoccupations politiques de cette époque, elle eût attiré la foudre sur la tête du jeune Pétion. Quoi qu'il en soit, ce fut là le premier acte de résistance à l'oppression de la part des hommes de couleur. ·

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Né à Léogâne le 10 juin 1773, mort à S Marc le 9 janvier 1843. Un des grands acteurs de la lutte pour la liberté. Ancien aide-de-camp de Rigaud : général de division : Sénateur : Secrétaire d'Etat — autrement dit Mini-tre des finances ( 1808-1810 ) En dernier* lieu, commandant de l'arrondissement de S Marc.

(EUvREs : Souvenirs historiques, recueillis et publiée à Paris en 1864 ( Lib1 airie A. Durand, 7 rue des Grès ) par son fils Edmond Bonnet.

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L, guerre était partout rallumée ; les premiers commissaires civils résolurent de se retirer, et d'aller rendre compte en France de la position de la colonie. Cependant les actes mémorables qui avaient signalé la lutte des hommes de couleur étaient parvenus à la connaissance de l'Assemblée française ; la modération des concordats leur avait concilié l'opinion publique ; la justice de leurs reclamations était reconnue de tous ; la loi du 4 avril vint consacrer leurs droits à la liberté

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après avoir accepté ce siège, il s'était embarqué. Mais il partit le 13 septembre 1799, et Dessalines n'arriva elevant Jacmel que dans les premiers jours de novembre 1799.

De Jacmel il fit voile pour S Thomas ; mais capturé par un navire anglais, il fut entièrement dépouillé et conduit à la Jamaïque. Peu de temps après, il passa à Curaçao, où sa femme et deux de ses enfants ne tardèrent pas à venir le joindre. Après quelques mois de séjour en cette île, il s'embarqua pour France, muni d'un passe-port de l'agent Roume Déjà plusieurs jours de navigation s'étaient écoulés ; la mer était houleuse et les voiles gonflées promettaient un heureux voyage. I'auvais était plongé dans de grandes réflexions ; il songeait au malheureux sort de la colonie, aux tristes conséquences de la guerre civile ; il se disposait à combattre victorieusement les accusations dirigées contre lui, ou à porter sa tête sur l'échafaud. Tout à coup une voie d'eau se déclare dans le navire ; un cri de désespoir retentit de toutes parts ; l'équipage et les passagers se précipitent vers la pompe ; les manoeuvres cessent ; Bauvais se dresse soudain au milieu des lamentations qui l'entourent ; sa figure jusqu'alors si sombre s'anime ; son autorité devient absolue, et chacun s'empresse de lui obéir. Mais bientôt le découragement devient général : malgré les efforts de l'équipage, le navire s'enfonçait ; on abandonne la pompe et l'on met la chaloupe à la mer : mais elle se trouve tellement pleine que l'eau y pénétre ; le capitaine se saisit de ses armes et ordonne qu'on tire au sort. Le sort est favorable à Bauvais et contraire à son épouse. Pendant que les passagers se livrent aux frayeurs de la mort, Bauvais couvre ses enfants de baisers, cède sa place à sa femme, l'embrasse avec tendresse, obtient du capitaine que ses deux petites filles soient placées sur le sein de leur mère.

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