34() MORCEAUX CHOISIS

par M. Ed. Paul. Ces actes ne diffèrent guère de ceux qui, moins fréquemment il est vrai, se déroulent dans la vieille Europe, en Asie et partout o l les races ont, pour ainsi dir e, été coulées dans le même moule avec une égale portion de malières colorantes. Considérons en bloc l'œuvre accomplie par les niveleurs blancs, noirs ou jaunes : « Ils avaient dit ordre, il y a eu désordre. « Ils avaient dit liberté, et les prisons n'ont pas été assez vastes pour les captifs qu'ils ont faits. « Ils avaient dit égalilé, et ils se sont élevés plus haut que les hommes en montant sur le cadavre de leurs victimes comme sur un trône. « Ils avaient dit fralernité, et les frères se sont fait la guerre, et les pères ont dénoncé leurs fils, et les fils ont demandé au progrès la tête de leurs pères ». Ainsi l oe Ivre des politiciens se résume-t-elle en catastrophes, en perturba'ion sociale, résultat opposé à leurs théories, à leurs belles déclamations... En vérité. c'est un spectacle inouï que celui des misères dont souflre le peuple haïtien. Elles révoltent posi,ivement, ces misères, lorsqu'on les compare au bien-être relatif dont jouissent les privilégiés, ceux qui ont le plus usé et abusé de la puissance ou de la cré,lulité populaire. Si ce spectacle ne nous a pas c omplètement dessillé les yeux pour nous décider à réclamer aujourd'hui un peu plus de justice, un peu plus d'amour, enfin un peu plus d'honneur et de stabilité sociale, il y a encore le souvenir des malheureux événements qui s'accomplissent périodiquement en Ilaïti et nous désolent par leurs résultats. « Chaque trouble politique chez un peuple, dit Chateaubriand, est fondé sur une vérité qui survit à ce trouble. Souvent cette vérité est enveloppée dans des mots sauvages et dans des actes atroces; mais dans les grands changements des r.tals, les mots et les