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RA P PORT

A L CEUvRE DEs ÉcRIvAINs HAITIENs

Messieurs,

Le programme de notre Société se résume en deur mots : faire connaitre et faire apprécier les écrivains haitiens. Pour l'exécution de ce programme, vous avez prévu l'institution d'un Jury, chargé d'éditer ou de rééditer, selon nos ressources, les ouvrages de nos compatriotes offerts à notre choix .

Réuni à la dale réglementaire, MM. Georges Sylvain et A. Duval représentant le Comité de Port-au-Prince ; Solon Ménos, le Comité de Jérémie ; D. Bellegarde, le Comité de Jacmel, le Jury s'est tenu, du 15 juillet au 15 août, a la disposition des intéressés pour la réception des ouvrages qu'on croirait devoir recommander à son vote. Au cours du délai fixé, un manuscrit lui fut présenté, mais il n'était pas d'un auteur hailien. Le retard est une des formes du falalisme créole : après le 15 août, d'autres demandes arrivèrent. Forcés d'en ajourner la résolution, nous avons maintenu un droit de primauté aux « Poëmes de la mort » de M. Etzer Vilaire et à l' « Histoire d'Haïti » de Messieurs W. Bellegarde et J. Lhérisson.

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de littéraletirs professionnels. Quelques-uns d'entre eux ont eu la chance d être imprimés de leur vi va n t. Un pclil nombre ont laissé en mourant des manuscrits, autour desquels des héritiers, pieusement convaincus de couver un trésor, montent la garde avec un zéle jaloua . Mais la plupart se sont éteints sans avoir pu donner la pleine mesure de leur mérite, lalounés par les soucis d une e.ristence instable, contrariés plutôt qu'encouragés par nos ma'urs publiques, qui ne sont guére favorables au développement de la personnalité intellectuelle Le souvenir d' une parole éloquente, d'un esprit plein de verve ou d'une plume alerte ; quelques articles presque introuvables, enfouis en des journaux épars, voila toul ce qui reste de leur pussage ! ... Essayer de prolonger l'écho de tant de voir aujourd'hui maettes, dont plus d' une eut son heure de retentissement, nous etil entratnés au dela du délai que les circonstances nous imposaient, mémc si les conditions de nolre enlreprise n'en limitaient pas strictcmcnl le plan .

Pour oblenir le résultat modeste auquel nous avons borner nos ambitions, nous avons fait appel au concours de tous nos concitoyens. nous réservanl d utiliser, selon les convenances de notre recueil, les autorisations qui de partout nous ont été libéralement accordées. Quelques abstentions, a propos d'écrivains déjà connus et estimés du public, pourraient étonner, si elles ne lenaient à des scrupules personnels, échappant à notre appréciation C est l'occasion pour nous d'unir dans un méme sentiment de gratitude tous ceux qui ont bien voulu collaborer à l'accomplissement de notre tache. Que leurs envois aient pu ou non trouver place en ces deu.r volumes, nous ne leur sommes pas moins redevables de leur confiance et de leurs encouragements.

Dans le choix des matiéres, trois ordres de considérations ont surtout déterminé les suffrages du Jury : contribuer en quelque mesure à l hommage, qui de tous

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les points du pays s'adressera, durant l'année 1904, au.r héros, fondateurs de notre nationalité , renseigner la jeunesse des écoles sur l'effort des Haitiens remarquables qui ont coopéré tour à tour au patrimoine intellectuel de la nation , fortifier d'un nouvcau motif d'intérét la sympathie des étrangers, bien disposés à l'égard de notre J'(l('('.

Le classement par genres n'a été possible que pour le volume de prose, à cause du développemenl presque e.rclusif qu'a pris chez nous la poésie lyrique. Par contre, tel genre en prose, nolamment l'éloquence, la littérature dramatique, aurait exigé un volume spécial. Nous nous sommes attachés, autant que possible, par les morceau.r publiés, à metlre en relief l'originalité propre à chaque écrivain. Facile à réaliser pour les poétes, relativement peu nombreux, cette inlenlion a été amoindrie par la place restreinte réservée à nos prosateurs en renom, dont la moitié à peine a pu tenir dans notre second recueil, plus volumineux pourtant que le premier.

Au surplus, nous ne saurions prétendre avoir fait une œuvre définitive : il reste encore à dresser le tableau d'ensemble de la littérature haitienne ; d'autres y aviseront sans doute avec des ressources supérieures aux nôtres. Si, pour notre part, nous réussissions à être utiles selon notre désir, nous aurions tiré de cet essai de généralisation réduite tout le profit personnel que nous en allendons.

Veuillez agréer, Messieurs, l'expression de nos sentiments trés dévoués.

SOLON MÉNOS D.ANTES BELLEGARDE A. DUVAL (, E()R(, ES SYLVAIN

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