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A RMA NID THOBY 41

a été reconnue par la France. Jusque-là il était nécessaire d'être toujours prêt, toujours sur le quivive. Il était non moins nécessaire de se livrer à un travail productif et d'avoir des provisions de bouche et quelque argent de réserve, au point de vue même de la défense du pays. Quelle absurdité c'eût été de s'épuiser dans l'attente d'une invasion perpétuellement à l' état de menace ! Pétion pratiqua un système militaire qu'il ne poussa pas jusqu'à ses dernières conséquences à cause des obstacles et des difficultés d'un temps de guerre civile. Ce système, tantôt méconnu, tantôt imparfaitement appliqué, est formulé dans les articles 168 et 169 de la Constitution de 1806, comme suit :

« Art. 168. L'armée se divise en garde nationale soldée et en garde nationale non soldée.

Art. 169. La garde nationale non soldée ne sort des limites de sa paroisse que dans le cas d'un danger imminent et sur l'ordre et la responsabilité du commandant militaire ou de la place. Hors des limites de sa commune, elle devient soldée et soumise dans ces cas à la discipline militaire ; dans tout autre

·as, elle n'est soumise qu'à la loi »

Selon l'esprit de ces deux articles, on ne voulait pas d'une armée distincte de la nation et dont le métier fût de se battre pour elle. Si elle n'était pas toute la nation armée, elle serait trop peu contre l'Etranger cnvahisseur. Et si elle était à l'état permanent, une trop forte partie armée de la nation, elle ruinerait ses finances, diminuerait ses forces productives, outre qu'elle serait sollicitée à supprimer les libertés publiques. « Au premier coup de canon d'alarme, les villes disparaissent et la nation est debout ! » s'était écrié Dessalines. Militairement parlant, cela impliquait que tout le monde dût savoir le métier des armes, non pas 42 MoRCEAUx CHoIsIs

que tout le monde fût astreint à être constamment l'arme au bras. A cette époque, l'agriculture étant honorée par dessus tous les autres genres d'industrie, on voulait que la plus grande partie de la nation fût aux travaux champêtres, courbée sur la houe, et c'était même après un complet épuisement de la jeunesse des villes et bourgs qu'on voulait toucher à la population des ·ampagnes pour le contingent militaire. Une petite partie de la nation, composée de ses membres les plus habiles ou les plus aptes à la guerre, avait pour devoir de veiller au salut commun, d'occuper les places fortes, d'entretenir et de perfectionner l'outillage de combat. La guerre n'était pas pour cela son occupation exclusive, c'était son occupation principale. Le soldat ne cessait pas d'être laboureur ou artisan ; l'oflicier, du moins celui d'un grade inférieur, sentait le besoin d'avoir un tout autre moyen d'existence que la profession des armes. Cependant, en faveur de ceux qui faisaient ainsi deux parts de leur vie, l'Etat stipula une solde. De là, la dénomination de garde nationale soldée. Quant à la garde nationale non soldée, on voulait qu'elle fût passée en revue tous les trois mois et exercée au maniement des armes. Elle était divisée en garde nationale des villes et bourgs et en garde nationale des campagnes. Elle devait s'armer et s équiper à ses frais. Elle avait l'élection de ses officiers inférieurs. Sous Pétion et sous Boyer, plusieurs lois ont été rendues touchant l'armée et la garde nationale . . . Disons dès maintenant qu'on n'a jamais tiré du système de Pétion toutes ses conséquences heureuses et que souvent on s'est écarté de l'esprit en paraissant s'attacher à la lettre des articles 168 et 169 de la Constitution de 1806. Mais tout le temps que l'esprit de la vieille arnmée s'est maintenu C n nos Chefs d'Etat ou autour

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