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Le 14 mars 1785 on engage les fr. qui ont quelques loisirs de préparer des dissertations, de petites thèses qu'ils viendront soutenir en loge et qui seront analysées et discutées courtoisement dans un but d'instruction.

En 1787, il est fait lecture à chaque séance d'un chapitre du règlement du G. O. commenté et expliqué.

Tout au début l'éducation maçonnique avait été confiée à un fr. instituteur, Vital; dans la suite ce rôle est rempli par l'orateur et plus souvent par le vénérable qui fait « l'instruction de grade et le catéchisme ». Le nouveau récipiendaire entend un discours de circonstance par l'un ou l'autre F. auquel souvent il répond pour donner la mesure de sa science.

Le règlement prévoyait deux loges d'instruction par mois, les lundis les plus proches des 1 et 15; quand il y avait plus de deux réceptions dans le mois, ces tenues extraordinaires remplaçaient les loges d'instruction. Les réunions étaient fixées à 3 heures de l'après-midi.

De 1784 à 1789 la loge Saint Louis tint 149 séances; 44 en 1784; 36 en 1785;18 en 1786; 6 en 1787; 22 en 1788 et 13 en 1789.

Voici quelques-uns des sujets traités :

silence.

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Pigault de Lepinoy parle « de la sublimité des principes et maximes de la maçonnerie. » Le vénérable, de l'excellence de la maçonnerie et de la pratique des vertus qui la caractérise. Podevin fait un discours très instructif sur le Lefrancq, sur l'amour de l'humanité. Mouron, sur l'horreur pour les vices et l'amour de la vertu. Audibert sur l'origine de l'Art Royal, ses emblêmes et son objet. ― Renaudin, sur les causes de la dépravation des mœurs, sujet supérieurement) traité, digne de sa plume énergique.

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La traversée de la Manche en ballon par le F. Blanchart qui, parti de Douvres le 7 janvier 1785, est venu attérir dans la forêt de Guines donne l'occasion à Pigault de Lépinoy de célébrer dans un discours partie en vers, partie en prose l'émotion glorieuse produite par cet exploit inouï. Il y magnifie la tranquillité avec laquelle l'homme sage doit envisager l'approche et le mépris de la mort.

Tenues. Assiduité.

Les fr. doivent assister à toutes les tenues de leur grade; ils sont convoqués par le secrétaire. En cas d'empêchement ils doivent avertir le vénérable par écrit ; toute absence non excusée est passible d'amende (23 août 1784).

A la séance du 4 Juillet 1785, le vénérable observe de nombreux vides dans les rangs; on délibère que les planches d'invitation pour la tenue prochaine contiendront l'avertissement que toute absence sera amendée de 12 sous, sans exception.

Le désintéressement continue quand même et la pénalisation aussi; on rappelle le 3 août que l'amende de 12 sous sera maintenue et mise en vigueur surtout contre les FF. qui s'absentent pour leur plaisir, pour faire des parties de campagne, nous sommes en été sans prévenir à l'avance la loge.

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Les FF. Audibert, Aubert le jeune et de Croos sont punis le 12 Juillet en vertu de ce règlement; de Beymont, Duriez, Berthe et encore Audibert le 16 acût; tous passent à la caisse sans récriminer hormis le dernier puni 2 fois en 4 jours.

Le 24 Janvier 1786, une réunion «sans autre objet que celui de resserrer les noeuds qui doivent unir tous les FF. » n'attire qu'une dizaine de membres; le premier surveillant déplore que depuis plusieurs mois il est visible qu'il règne dans la loge « une sorte de relachement aussi contraire aux règles que nuisible à l'amitié » ; il se charge d'expédier à tous une planche de représentations à cet égard et des sollicitations pour encourager leur zèle et les ramener à leurs obligations.

L'assiduité n'est pas mieux observée, à tel point qu'en * maintes séances, le quorum ne peut être atteint; les frères fidèles au rendez-vous, fatigués d'une longue attente, ferment les travaux sans avoir pu délibérer.

Le 30 septembre 1788, le F. orateur entreprit un discours très touchant sur le peu d'exactitude de ses collègues «< ignorants, au point de ne pas connaître les formes et les instructions des ouvertures des différentes loges». Un visiteur, le F. de La Chesnaye tenta d'excuser les indifférents a mais, écrit ingénuement le secrétaire, nous étions presque tous si coupables que sa bonté devint nulle par ses erreurs si évidentes >>.

Et cependant toute gêne, toute contrainte étaient bannies des tenues, on ne demandait aux frères qu'un minimum de dérangement, venir assister à l'ouverture de la loge et demander aussitôt la sortie qui ne pourra leur être refusée s'ils sont empêchés pour affaires (règlement de 1787).

an.

A la mort de sa mère le F. Hibon obtient un congé d'un

Discipline.

Trois avertissements frapperont le F. qui commettra une faute; l'exclusion interviendra quand il y aura récidive et indocilité manifeste.

On ne se disputera jamais, on ne jurera point, il ne sera proféré en loge aucune parole sale ou équivoque.

Toute contravention à ces prescriptions pourra être relevée par n'importe quel frère qui l'aura constatée et punie par le Vénérable.

Il est arrivé à la connaissance du Vénérable que le F. Louis Mouron s'est permis des démarches contraires au bien de la loge mais s'est gardé d'assister à la tenue suivante. Son fait est retenu pour sa première apparition ; il sera sommé de se laver de l'accusation et si sa justification n'est pas acceptable, les travaux lui seront interdits pendant six semaines (3 novembre 1784).

Une autre peine peut être infligée, celle de faire office de servant à la porte de l'atelier sans participer aux travaux ; c'est ainsi qu'est pénalisé le même Louis Mourou ayant été assez imprudent pour tenir des propos indécents» et s'être mal comporté au banquet; on l'oblige à couvrir l'atelier pendant un mois.

Permission doit être demandée à la loge par les FF. absents de Calais pour s'affilier aux loges étrangères. Le F. de Thosse qui a transporté momentanément son domicile à Arras et s'est associé à la L. de l'Amitié de cet Orient a omis la formalité d'autorisation; il s'en excuse à son retour en espérant qu'on le trouvera bon (23 février 1788).

C'est une faute pour un maçon de visiter une loge irrégulière sans mandat. Le F. de Bailleul qui s'est rendu dans ces conditions à la nouvelle loge de la Parfaite Union est blamé et invité à fournir des explications. Il ignorait,

dit-il, qu'il s'est rendu répréhensible; invité par le premier surveillant de la Parfaite Union du Régiment du Vivarais, il l'avait accompagné de bonne foi à la nouvelle loge sans penser que cela fût contraire aux règlements; il promet pour l'avenir d'éviter toute contravention. L'assemblée maintient qu'il a commis une faute, mais l'absout parce qu'il a péché par ignorance (2 mai 1785).

La radiation des tableaux de la L. est la peine la plus sévère. Elle est infligée au f. Malassé, frère à talent, « qui s'est rendu coupable dans la société civile de faits tellement graves qu'il est actuellement en prison ». A l'unanimité son exclusion est prononcée, l'entrée du temple lui sera refusée s'il a encore l'indiscrétion de s'y présenter. La liste des membres qui quitteront la loge sera remise à la L. de la Parfaite Union en lui rappellant que tout maçon qui n'est plus attaché à une loge régulière devient lui-même maçon irrégulier, suivant les prescriptions du G. O. (25 Janv. 1786).

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Voilà deux mots qui ont de toujours excité la malignité des profanes qui n'ont pu étancher leur soif de curiosité. Les maçons du XVIIIe siècle comme ceux d'aujourd'hui gardent jalousement leur secret sur leurs mystérieux travaux et le silence qui ferme la bouche des FF. est un point d'honneur qu'il est bien difficile de leur ravir.

La formule d'ouverture consacre les précautions prises pour que nul profane ne puisse pénétrer jusqu'au temple ni troubler les travaux ». Les FF. servants sont d'ailleurs de garde à la porte extérieure ; aucun étranger ne pénètre s'il n'a été tuilé au préalable.

Le F. Lapierre, F. servant est vivement félicité pour le zèle dont il a fait preuve en retirant avec adresse des mains d'un profane un catéchisme de l'Art Royal; il reçoit comme récompense une somme de 3 livres (22 Novembre 1784).

Il ne sera jamais pris trop de soin pour empêcher les « profanes de porter une main téméraire sur la rédaction des grades symboliques ». Le G. O. a publié un circulaire contenant les recommandations à ce sujet que les L. ne perdront pas de vue. Les documents relatifs au cérémonial d'initiation seront précieusement enfermés dans un coffre à trois clefs (24 Janvier 1784).

Des plaintes et propos médisants répandus en ville par des profanes laissent présumer l'indiscrétion de quelques frères de la L.; une enquête permet de découvrir ceux qui eurent la langue trop longue; à leur égard on suivra avec rigueur les les règlements du Grand Orient (25 Octobre 1784).

Ceux qui manqueront de circonspection vis-à-vis des profanes seront condamnés, après un premier avertissement, à 48 livres d'amende et expulsés en cas de rédicive.

« La fidélité à nos engagements, dit le f. Lefrancq, exige que nous gardions le plus profond secret envers les << profanes sur tout ce qui a rapport à nos intérêts; que nous < ne souffrions jamais qu'on en plaisante en notre présence et à << plus forte raison que nous ne permettions point d'en parler « avec irrévérence ni même de proférer aucune équivoque « qui pourrait faire présumer que nous ne respectons pas a sincèrement les liens qui nous y attachent ».

Le mot de semestre » est expédié à la L. par le Grand Orient sous double pli cacheté que le vénérable ouvre en séance. Ce mot que personne ne doit écrire, qui est inviolable, est chuchoté par le vénérable à l'oreille du premier surveillant qui le passe de la même façon au deuxième surveillant et ainsi de suite de l'un à l'autre jusqu'au bout de la chaîne. Après quoi le billet est brûlé.

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Le mot de passe » varie avec les grades; lui non plus ne peut pas être prononcé à haute voix ; il est épelé lettre par lettre, le frère à qui ce mot est demandé prononçant la la première lettre, attend ensuite que l'interlocuteur lui dise la seconde avant d'appeler la troisième et ainsi de suite jusqu'à la dernière lettre.

Banquets.

La maçonnerie ne proscrit point l'agrément, comme le disait le F. Hibon de Mervoy en présentant à ses FF. ses vœux de nouvel an (11 janvier 1786); elle veut au contraire qu'elle soit le lien d'une société d'amis. On ne doit pas craindre d'égayer la sagesse. Ce serait au contraire ignorer l'art de la faire aimer, mais on doit savoir se contenir dans de justes bornes en respectant toujours la bienséance. Une assemblée de vrais maçons n'est point aussi morose «< que le public méchant et malin » s'efforce de le persuader. L'homme est né

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