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1800.

>> Tout se taisait à Paris sur les domiciles que les coupables occupaient. J'ai cherché des renseignemens auprès de Georges même ; ils ont conduit dans la maison qu'habitait, au 3 nivose, le nommé François Carbon. Il n'y était plus; mais on a trouvé un baril de poudre et des cercles' qui auraient pu servir au même crime. On a interrogé des voisins qui ont indiqué son nouvel asyle; on l'y a arrêté. Cet asyle est une circonstance remarquable dans cette affaire; c'est une maison occupée par des ci-devant religieuses, rue Notre-Dame-desChamps. Mesdames de Gouyon, de Cicé, et quelques autres se trouvent compromises.

» François Carbon, voyant que son silence ne pouvait sauver que ses complices, reconnu d'ailleurs par les vendeurs du cheval, de la charrette, du baril de poudre, et par le propriétaire de la remise; espérant que ses révélations le sauveraient, a fait connaître tous les auteurs du crime, tous les détails, tous les instrumens. Ces auteurs sont les mêmes agens de Georges, suivis par la police, avant le 3 nivose, et vainement cherchés depuis cette époque. Si les révélations de François Carbon avaient été obtenues deux heures plutôt, Saint-Régent, dit Pierrot, était arrêté le même jour. Mais, averti que François Carbon était en prison, il a pensé que son complice dirigerait la police dans son logement; il en a

cherché un autre. On a trouvé, dans celui qu'il venait de quitter, une lettre écrite de ́sa main AN 9. à Georges, dans laquelle, sans presque aucun déguisement, il lui rendait le compte le plus circonstancié de tout ce qui a précédé, accompagné et suivi l'explosion de la rue Nicaise.

Saint-Régent, qui a mis le feu à la poudre, jeté par l'explosion sur une borne, a failli périr avec les victimes de son attentat. Le préfet de police a reçu la déclaration du médecin Collin, qui l'a soigné. La conduite de ce médecin, dans cette affaire, a forcé la police à s'assurer de lui.

» Dans les premiers jours, Saint-Régent se croyait assez caché par l'opinion publique, qui portait les soupçons sur une autre classe d'hommes. Un agent de Georges, que j'avais laissé libre, parce que seul il pouvait me conduire à l'asyle de Saint-Régent, trahit, sans s'en douter, cet asyle, en y entrant le 7 pluviose. Saint-Régent fut arrêté.

» Si Hydes, Limoëlan, Saint-Hilaire et Joyau étaient prisonniers, il ne serait pas plus avéré qu'ils sont, avec Saint-Régent et François Carbon, les auteurs de l'attentat du 3 nivose. Il n'y eut jamais de forfaits plus horribles, mais aussi des scélerats ne furent mieux convaincus. La France entière attend le jugement des coupables. »>

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-Ceux-ci furent mis en jugement au mois de ventose. Deux d'entre eux portèrent la peine

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due à leur attentat; ils perdirent la tête en place de Grêve. Les autres, contre lesquels les preuves n'étaient pas aussi concluantes, évitèrent leur condamnation.

CHAPITRE XI.

Arrêtés du consulat, qui ordonnent le paiement en numéraire des rentes sur l'Etat, et la rédaction d'un nouveau code civil.

TANDIS que l'esprit de faction cherchait à

renouveler les troubles révolutionnaires, le gouvernement employait toutes les ressources que les circonstances mettaient en son pouvoir, pour fermer les plaies que ces troubles révolationnaires avaient faites à la France. Un arrêté du consulat, du 23 thermidor an huit, ordonnait qu'à compter du second trimestre de cette année, les rentes et les pensions sur l'Etat seraient acquittées en numéraire. Les rentiers, qui furent les apôtres de la révolu tion, et qui en devenaient les martyrs, réduits au tiers de leur fortune, recevaient un papier qui perdait souvent un quart de sa valeur. L'espoir d'un avenir moins malheureux fit enfin diversion à leurs longues souffrances; leurs cœurs s'ouvrirent à l'espoir du bonheur dont on leur présentait, depuis plusieurs années,

AN 9.

une image mensongère. Its espérèrent même
que leur sort pourrait être amélioré,
aucune charge pour l'Etat, lorsque les doux
loisirs de la paix permettraient à un gouver-
nement régénérateur d'avoir égard aux cir-
constances dans lesquelles le tiers consolidé
avait été vendu par des hommes réduits aux ***
derniers termes de la misère (1).

Un arrêté du 4 thermidor, ordonna la rédaction d'un nouveau code civil ou de droit privé. Tronchet Portalis, Bigot-de-Préameneu et Malleville, chargés de ce travail important, s'en occupèrent avec tant d'ardeur, que ce projet de code était remis au conseil d'état au mois de ventôse 1801. Le tribunal de cassation fut chargé de nommer une commission pour examiner tous les articles contenus. dans cet ouvrage immense, qui doit être présenté à la section du corps législatif, dans sa session de l'an dix, après que les tribunaux d'appel, consultés à ce sujet, auront fait parvenir leurs observations.

(1) Ce tiers consolidé fut vendu jusqu'à quatre-vingt treize pour cent de perte.

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1800.

CHAPITRE XII.

Etablissement d'une nouvelle administration

L'ÉTABLISSEME

forestière.

'ÉTABLISSEMENT d'une nouvelle administration forestière laissait entrevoir un terme à l'excessive dégradation des forêts, dont les suites effrayantes menaçaient la France d'une grande disette de bois. Dans les tems anciens, la religion consacrait les forêts, pour défendre, par la vénération due aux choses saintes, ce qui doit être essentiellement conservé pour l'utilité publique. Nos chênes ne rendent plus des oracles, et nous ne leur demandons plus le gui sacré. L'avantage qu'on trouvait autrefois dans le respect qu'inspiraient ces propriétés publiques, doit être remplacé par la vigilance et l'économie. En fait de grands bois quand la disette commence, elle est bientôt extrême. Les améliorations sont très-lentes ; il faut cent cinquante ans pour former une poutre de chêne. Celui qui porte les charges de ces réparations, n'étant pas destiné à en jouir, tournera naturellement ses vues vers d'autres objets d'économie rustique. L'Etat seul réunit l'intérêt et les moyens de conserver et de réparer les grandes forêts.

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