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la

dont il était amplement dédommagé par cession des provinces vénitiennes; mais cette AN 9. chance était dans l'ordre des choses possibles. Ce fut le principe des tergiversations qui retardèrent l'ouverture du congrès de Lunéville, elles paraissaient un mystère incompréhensible à ceux auxquels la nature des liaisons entre les cours de Vienne et Londres n'était pas connue.

L'empereur auquel les ministres, gagnés par les Anglais et par la reine de Portugal, assuraient que son armée brûlait de l'ardeur de se mesurer avec les Français, et qu'au moyen des nombreux renforts venus de Hongrie et de Bohême, il était en mesure de chasser ses ennemis d'Allemagne et d'Italie; surpris d'ailleurs de quelques symptômes de terreur qui se manifestaient autour de lui, et du silence que gardaient plusieurs ministres, en présence de la reine de Naples, dont ils redoutaient la vengeance, se décida subitement à visiter son armée campée sur les bords de l'Inn. La vérité, qui approche si rarement des trônes, apparut alors tout-à-coup à lui; son armée découragée se trouvait hors d'état de combattre ; une seule bataille perdue amenait les Français dans sa capitale. Il conclut la convention d'Hohenlinden, et envoya le compte de Cobenzel à Lunéville, où il devait négocier avec le conseiller d'état Joseph Bonaparte, frère du premier consul.

1800.

CHAPITRE XIX.

Congrès de Lunéville.

CEPENDANT

EPENDANT l'empereur continuait à manifester l'intention de traiter conjointement avec l'Angleterre. Mais les choses n'étaient plus les mêmes: l'empereur ayant remis aux Français, par la convention d'Hohenlinden, les places de Philipsbourg, d'Ulm et d'Ingolstadt, les Anglais exigeaient que les Français leur remissent les places qu'ils tenaient bloquées. La négociation du commissaire Otto changea d'objet ; il déclara, le 8 octobre, que le premier consul de France était invariablement décidé à recevoir les propositions de négociation séparée entre la France et la Grande-Bretagne, et qu'il laissait au cabinet de Saint - James le mode d'ouverture de cette négociation. Le ministre anglais répondit que toute discussion ultérieure sur les termes d'un armistice naval serait superflue, puisque les avantages qu'on proposait au roi, par cet arrangement, auraient servi de motif aux sacrifices particuliers exigés de son allié, et que, quant à la proposition de négociations pour une paix particulière, il ne pouvait prendre aucune mesure qui aurait pour objet de séparer les intérêts

de l'empire britannique de ceux des puissances
qui continuaient de faire cause commune avec
lui la continuation de la guerre.
pour

En même tems on multipliait les préparatifs en Angleterre pour envoyer une armée en Italie; elle devait se combiner avec les troupes napolitaines. Cette disposition laissait augurer que l'Italie ne jouirait pas long-tems de la tranquillité, malgré la suspension d'armes continentale.

AN 9.

CHAPITRE XX.

Le général Brune prend le commandement de l'armée d'Italie.

Le général Brune, célèbre par la pacifica

tion récente de la Vendée et par ses campagnes d'Helvétie et de Hollande, avait été chargé du commandement de l'armée d'Italie, après le départ du vainqueur de Marengo. En se plaçant à la tête des compagnons d'armes de Bonaparte, il publia cette proclamation :

<< Camarades, nos ennemis veulent encore la guerre. Vous vous reposiez sous les armes en attendant la paix. Votre attente est frustrée. La prévoyance de Bonaparte a été juste et rapide. Il a vu le but des lenteurs qu'affectaient les ennemis de la France. La paix doit être conquise par de nouveaux triomphes.

1800.

» Au signal des triomphes et de la gloire, vos armes s'agitent dans vos mains généreuses; le cri du combat se répète dans tous vos rangs. Braves guerriers, il est inutile de vous recommander les égards dus aux peuples chez lesquels vous allez pénétrer; vous n'oublierez pas que la liberté est leur espérance, et que votre générosité les déterminera à favoriser

vos armes. >>>

D'autres proclamations furent adressées aux habitans de la Cisalpine, de la Ligurie et du Piémont. « Le théâtre des batailles, leur disait le général français, va se rouvrir pour la liberté de l'Italie. Vos premiers bataillons marchent dans les rangs des bataillons français. Hâtez-vous d'en créer de nouveaux, qui soient dignes de partager la gloire qui couronne leurs compagnons. »

Toute l'armée s'était mise en mouvement. Le centre était à Crémone, sous les ordres du général Dupont. L'aile gauche, commandée par le général Moncey, occupait la Valteline et le Brescian. Le général Suchet, commandant l'aile droite, avait son quartier à Modène. Une partie des troupes cisalpines se rendait dans le Bolonnais pour y être organisée par le général Pino. Le reste, aux ordres du général Lechi, fortifiait la division de la Valteline. Quelques corps se portaient sur les frontières des Grisons. L'armistice, conclu le 29 septembre, suspendit ces marches.

Quelques changemens furent faits alors dans les limites occidentales de la Cisalpine, à la AN 9. quelle furent restitués la Lumelline et le Novarèse, cédés au roi de Sardaigne en 1707. La Cisalpine fut séparée du Piémont par la Sessia.

Malgré la convention faite à Castiglione entre le général Marmont et le général Hohenzollern, les habitans d'Arezzo et des montagnes voisines, levés en masse, se portaient aux derniers excès. Ils s'étaient même emparé de Lucques et d'une partie du Bolonais. Un corps napolitain renforçait cette levée en masse. On disait assez publiquement qu'une flotte anglaise, sur laquelle se trouvaient douze mille hommes de débarquement, devait s'emparer de Livourne, de connivence avec le général de Sommariva, commandant des troupes autrichiennes dans le grand duché.

Quoique Sommariva ne parût pas favoriser ouvertement les opérations des Aretins, il était difficile de se dissimuler que c'était un noyau prêt à recommencer les hostilités, lorsque l'occasion serait favorable. Le général Brune notifia à Sommariva que, si les Aretins ne rentraient chez eux sur-le-champ, il pénétrerait en Toscane pour les désarmer, et les punir des insolences qu'ils se permettaient chaque jour sur le territoire occupé par l'armée française.

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