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vers les redoutables lignes de l'Adige et du 1800. Mincio. Le général Brune, ayant rassemblé ses forces au bord de l'Eridan, poursuivait les Autrichiens dans les Etats de Venise.

Cette armée n'était plus commandée par le général Mélas; le comte de Bellegarde, qui lui avait succédé, défendait les bords du Mincio, depuis Peschiera jusqu'à Mantoue; ses retranchemens furent forcés le 26 brumaire, après la plus vive résistance. Les Autrichiens perdirent douze mille hommes et vingt-quatre pièces de canons. Brune fait jeter rapidement plusieurs ponts sur l'Adige. Les Autrichiens, effrayés, fuyaient devant les Français qui comptaient autant de victoires que de journées de marche. Brune passe successivement l'Adige, l'Alpone, la Feassena, la Brenta ; il vient établir son quartier-général dans Trevise, sur les bords de la Silis, à quelques lieues de Venise.

Jamais la monarchie autrichienne ne s'était trouvée dans une crise plus alarmante. Les corps aux ordres des généraux Augereau et S.te-Suzanne s'approchaient des pays héréditaires, par la gauche du Danube, tandis que l'armée de Moreau occupait la droite de ce fleuve. Macdonald, maître des montagnes du Tyrol, pouvait également descendre en Allemagne ou en Italie. Brune, dans une campagne de moins de vingt jours, avait fait vingt mille prisonniers. Ce général, laissant derrière

lui quelques forteresses qui ne pouvaient lui échapper, allait entrer dans les montagnes de Ax 9. la Carinthie, et donner la main à la droite de l'armée de Moreau qui occupait les vallées du Muehr.

Le conseil impérial proposa un nouvel armistice; il était conforme au caractère de modération qui distinguait le premier consul de France, de s'arrêter au milieu des victoires les plus brillantes. L'armistice fut signé à Steyer, le 4 nivose. Le général Moreau écrivait, quelques jours après: « Je viens de finir la campagne et la guerre ; j'ai conclu, avec l'archiduc Charles, un armistice qui met la maison d'Autriche hors d'état de reprendre les armes.

AN 9.

Cette suspension d'armes devint commune à l'Italie, par une convention signée à Tre- 1801. vise, le 26 nivose ( 16 janvier 1801 ). Les Autrichiens remettaient aux Français les forteresses de Peschiera, de Ferrare, de PortoLegnago et d'Ancône; une convention particulière, signée à Lunéville, y ajouta Mantoue. La république cisalpine rentrait en possession de tout le territoire occupé par elle avant l'expédition des Russes en Italie.

1801.

CHAPITRE XX V.

Suspension d'armes entre la république française et le roi des Deux-Siciles.

E

Le roi des Deux-Siciles restait seul en guerre, en Italie, avec la France; son obstination intempestive, et sa vaine confiance dans les promesses des Anglais, l'auraient réduit, en peu de jours, au sort qu'éprouvait le roi de Sardaigne, si les liaisons entre les gouvernemens de Paris et de Madrid n'avaient conjuré l'orage prêt à fondre sur lui. Une nouvelle armée, formée aux environs de Dijon, aux ordres du général Murat, traversant les Alpes au mont S.t-Bernard au mont Cenis et au mont Genèvre, descendait en Italie, dans les premiers jours du dix-neuvième siècle. Les Italiens, à la vue de ces innombrables phalanges se succédant perpétuellement, témoignaient un étonnement, qu'il serait difficile d'exprimer: on croyait voir se renouveller l'antique expédition de Bellovėse.

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Un corps nombreux de troupes napolitaines s'était avancé jusque dans la Toscane, sous les ordres du vicomte de Damas. Il fut défait en plusieurs rencontres, et forcé de rétrograder vers les frontières de la terre de Labour.

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Les Napolitains occupaient aussi le territoire romain; ils abandonnèrent brusquement tou- AN 9, tes ces positions. Les Français, passant le Tibre, au pied des Apennins, étaient parvenus à Foligno, au bord de la Nera; ils faisaient leurs dispositions pour entrer dans l'Abruze lorsque le 29 nivose (19 janvier 1801) fut signé un armistice en vertu duquel tous les ports des Deux Siciles étaient ouverts aux vaisseaux français, et fermés aux vaisseaux anglais. Le roi de Naples s'engageait sur tout à ne fournir ni subsistances ni munitions de guerre pour l'île de Malte.

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CHAPITRE X X VI

Quadruple alliance entres les puissances
du nord.

Les vaisseaux anglais continuaient à couvrir

JES

toutes les mers. Une flotte britannique, commandée par le lord Keith, portait sur les plages littorales de l'Asie un corps de quinze mille homme aux ordres du général Abercrombie. Son projet était de chasser les Français de l'Egypte, en se combinant avec l'armée du grand visir, campé dans la Syrie à l'entrée du grand désert. Le cabinet de S.t-James régnait sur le royaume de Portugal: fier de ses succès nautiques, il prétendait régler à sa fantai

sie les droits commerciaux de toutes les na1801. tions. Les sacrifices de la Russie exigeaient un dédommagement, Malte devait en servir; les Anglais avaient déclaré cette île partie intégrante de l'empire britannique, au mépris d'une convention faite avec le cabinet de Pétersbourg: à les entendre, l'Océan et la Méditerranée devaient leur obéir.

Des prétentions aussi évidemment injustes, aussi ridicules que gigantesques, étonnaient les puissances même qui s'y étaient presqu'accoutumées par les chaînes d'une longue habitude; mais en même tems, elles accumulaient les ressentimens contre l'orgueilleuse Albion. La manière despotique, dont ces prétentions furent soutenues pendant la révolution de France, portaient ces ressentimens au degré le plus énergique. Le moment arrivait où l'Europe allait examiner si les flottes errantes de l'Angleterre étaient souveraines de la mer.

La mer littorale peut appartenir aux nations riveraines, mais la pleine mer est à tous, ou plutôt ce n'est qu'un passage, qu'un moyen de communication entre les peuples. C'est le droit de la nature. Il fut discuté par les anciens peuples commerçans; aucun ne prétendit s'arroger exclusivement la souveraineté maritime. Ils partagèrent quelquefois la mer par des lignes idéales, qu'ils convinrent de regarder comme des limites. Ainsi lorsque Rome fut

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