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seraient indemnisés par la voie de sécularisations, d'une quantité suffisante de bénéfices AN 9. princiers à la droite du fleuve.

La république italienne était reconnue ; la maison d'Autriche conservait les provinces vénitiennes ; l'Adige devait servir de limites entre ces provinces et la république italienne; l'infant de Parme obtenait le grand duché de Toscane, érigé en royaume; l'empereur se chargeait d'indemniser le grand-duc Ferdinand, en Allemagne, des pertes par lui éprouvées en Italie. Ce traité fut ratifié, le 7 mars, par la diète de l'Empire, et à Paris, le 28 ventose, par le corps législatif.

La suspension d'armes entre la France et le roi des Deux-Siciles fut convertie en traité définitif, signé, le 28 mars, entre les plénipotentiaires Jean-Marie Alquier, pour la France, et Antoine de Micheroux, pour le roi des Deux-Siciles.

CHAPITRE XXVIII.

Les Français évacuent l'Egypte.

Les vaisseaux anglais continuaient à couvrir les mers; une flotte britannique, commandée par le lord Keith, portait sur les plages de l'Afrique un corps de quinze mille hommes

aux ordres du général Abercrombie. Il se pro1801. posait de chasser les Français d'Egypte, en se combinant avec l'armée du grand-visir, campé dans la Syrie, à l'entrée du grand désert. Les Anglais, maîtres de la mer, pouvaient aisément recruter leurs troupes avec les garnisons de Malte, de Gibraltar et de Minorque.

L'armée française d'Egypte, victorieuse dans les combats, s'affaiblissait par ses triomphes même. Sans communication avec la France, elle manquait des choses les plus indispensables.

Il était sur-tout impossible de remplacer les fusils devenus hors d'état de servir. Les essais de fonderie avaient peu réussi; la poudre, le fer coulé et le plomb devenaient rares. Une nourriture à laquelle les soldats n'étaient pas accoutumés, augmentait les infirmités causées par le climat d'Egypte.

On avait cinq cents lieues de pays à garder; il était impossible, les places pourvues, de rassembler plus de huit mille hommes en un seul point, pour les opposer aux ennemis. Le gouvernement français avait ordonné à l'amiral Gantheaume de porter dans Alexandrie sept à huit mille hommes et les munitions dont manquait l'armée d'Egypte. L'escadre chargée de cette expédition sortit de Brest sans être aperçue par les Anglais; mais des obstacles ayant retardé sa marche, le fruit de cet ar

mement fut perdu. Les Anglais, ayant eu le tems de réunir leurs forces disséminées sur la AN 9. Méditerranée, s'opposèrent victorieusement aux tentatives de Gantheaume pour prendre terre en Egypte. Cet amiral, après une longue et vaine croisière, ramena ses vaisseaux à Toulon. L'armée d'Orient perdit tout espoir d'être secourue.

Dans cette extrémité, les troupes, se battant continuellement sans être rebutées par les fléaux physiques dont elles étaient dévorées, ni par le nombre de leurs ennemis, furent plusieurs fois sur le point de forcer les Anglais de se rembarquer.

Mais le ministère britannique, voulant réparer la faute par lui faite de s'opposer à l'évacuation de l'Egypte, agglomerait des efforts prodigieux. Non-seulement quinze mille hommes attaquaient les Français vers Alexandrie, mais un corps presque aussi nombreux, venu de Bombai par la mer Rouge, débarquait sur la côte de Suez, tandis que le grand-visir, auquel le divan avait envoyé toutes les forces dont il pouvait disposer, avançait sur le Caire.

Abercrombie parut sur la plage d'Aboukir, le 17 ventose. Menou aurait repoussé cette attaque, s'il eût été dans la position de Kleber, lorsqu'il livra la bataille d'Héliopolis; mais son armée occupait toute l'Egypte. Il ne pùt réunir

1801.

que dix mille combattans dans les plaines de Rhamanié.

Abercrombie enleva le fort d'Aboukir; il prit position à deux lieues d'Alexandrie. Menou marche en bataille sur les ennemis, deux heures avant le jour, le 30 ventose. L'armée anglaise était supérieure en nombre; et, pour augmenter cet avantage, Keith avait envoyé au secours d'Abercrombie tous les militaires dont la présence n'était pas nécessaire à la manœuvre des vaisseaux. La victoire se déclara pour les Anglais, à l'entrée de la nuit. Menou ordonna la retraite.

On avait fait de part et d'autre une perte égale; mais, tandis que les Français ne recevaient aucun secours, les Anglais affaiblissaient la garnison de Malte, pour remplir le vide laissé dans leur armée par la bataille d'Aboukir.

Menou se retira dans Alexandrie; et ayant mis cette place en état de défense, il attendit dans ce poste les secours d'Europe, qui ne devaient pas arriver.

Il avait chargé le général Beliard de la défense du Caire et de la Haute-Egypte avec un corps de trois mille cinq cents hommes. Quatre mille hommes, commandés par le général Lagrange, couvraient le Caire du côté de Rahmanié. Des garnisons peu nombreuses occupaient Suez et Cosseir, sur la mer Rouge,

Belbeis et Salachiek, à l'entrée du désert de Syrie. Avec ces ressources, Beliard avait à com- AN 9. battre non-seulement l'armée du grand-visir, mais les troupes anglaises venues de l'Inde. L'issue de la bataille d'Aboukir ne laissait aux Français que le seul parti de réunir leurs forces, d'attaquer les Ottomans, et de les chasser au-delà du désert.

Dans cette vue, les commandans de Belbeis et de Salachiek eurent ordre d'évacuer ces places, de faire sauter leurs fortifications, de se replier sur le Caire.

On apprit en même tems au Caire l'arrivée des Ottomans à Belbeis, la prise de Rosette et de Damiette par les Anglais, et l'invasion des Anglais asiatiques vers Suez.

Mourad bey, auquel Menou avait abandonné par un traité le commandement de la Haute-Egypte, et qui s'était montré constant dans l'alliance de la France, mourut de la peste. La fidélité des Mamelouks, dont le caractère de Mourad bey était la garantie, avait disparu avec lui ; ils prenaient les armes de toutes parts.

Cependant le grand visir s'était arrêté pour se concerter avec les Anglais. Les différens corps aux ordres de Béliard ne purent se

réunir que le 29 floréal. Lagrange avait été

défait par un corps de troupes anglaises aux ordres du général Hutchinson, successeur

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