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sion; mais que, sous ce prétexte, il en médi1803. tait une dans la Grèce ou dans l'Egypte, et

aussitôt ils aspirent unanimement à lui fermer l'entrée de l'Egypte, en se rendant eux-mêmes les maîtres d'Alexandrie, que la crainte seule de la peste leur avait fait abandonner.

Elfy bey, un des chefs des Mamlouks, était à Londres, sans avoir affiché de caractère public; mais il était lié depuis long-tems au parti qui voulait soustraire l'Egypte à la domination ottomane. Lord Stuart, chef des forces anglaises à Alexandrie, les avait ouvertement engagés à ne point se soumettre, leur promettant les secours de l'Angleterre; et Elfy bey était venu les réclamer. Comme il ne fallait point choquer la sublime Porte, que l'on voulait trahir et qui avait son envoyé sur les lieux, Elfy bey ne fut pas traité en qualité d'ambassadeur; mais il n'en remplit pas moins les fonctions, et s'en retourną.

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Aussitôt les Anglais qui, pour se rassurer de la peur, présumaient dans le premier consul trop de prudence pour effectuer une descente, publièrent qu'il méditait une invasion en Egypte, donnèrent des ordres à la garnison d'Alexandrie, qui s'était arrêtée à Malte, de se tenir prête pour y retourner, et affectèrent de n'avoir plus à redouter un autre Jules César dans Bonaparte, quand, pour se prémunir contre tout retour d'accès de nou

velle crainte, le ministère anglais tenta de le faire assassiner. Mais n'anticipons pas l'ordre AN 12: des tems.

CHAPITRE II.

Situation de la France en l'an 12, et dispositions des puissances à cette époque.

Tour était calme dans l'intérieur, lorsqu'au commencement de l'année dernière, on entretenait encore l'espérance de conserver la paix; tout était resté calme, depuis que les torches de la guerre s'étaient rallumées. L'esprit public s'était développé avec plus d'énergie, et dans les nouveaux départemens l'attachement à la France, à sa cause, à sa destinée, était aussi vif que dans les anciens. Au premier signal du danger, les départemens de l'Ouest, ayant découvert des dépôts d'armes que des rebelles fugitifs avaient enfouies, les avaient livrés aux magistrats. L'expérience avait prévenu les esprits contre ces bandes de rebelles que l'Angleterre vomissait dans la Vendée; la sagesse des lois et de l'administration avait reconcilié tous les cœurs. Sous le prétexte de la conscription on avait voulu y exciter des troubles. On n'avait pu y réussir. La guerre n'avait pas interrompu les peu

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sées de la paix. Le sénat fut placé où l'appe1804. lait son institution. Une dotation, telle que

la

constitution l'avait demandée, l'entoura d'une grandeur imposante. Un président annuel fut donné au corps législatif, pour être le centre de ses mouvemens, l'organe de ses pensées et de ses vœux dans ses relations avec le gouvernement. Ce corps acquit une dignité qui ne pouvait exister avec des formes mobiles et indéterminées.

Aucune agitation dans les collèges électoraux. La légion d'honneur existait dans les parties supérieures de son organisation, et dans une partie des élémens qui devaient la composer. Combien de traits honorables révélés par le desir d'y être admis !

Une autre institution préparait, au conseil d'Etat, des hommes pour toutes les branches supérieures de l'administration. Des auditeurs s'y formaient dans l'atelier des réglemens et des lois.

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Des réglemens communs, une discipline commune un même systême d'instructions, formaient dans les lycées, dans les écoles secondaires qui s'élevaient dans tous les départemens des élèves qui soutiendraient la gloire du nom français. Au prytanée de Saint-Cyr, les enfans des citoyens morts pour la patrie recevaient une éducation qui respirait l'enthousiasme militaire. L'école spéciale de Fontaine

bleau comptait plusieurs centaines de soldats
qui acquéraient avec les habitudes du métier AN 12.
les connaissances de l'art. Celle de Compiegne
offrait l'aspect d'une vaste manufacture ou cinq
cents jeunes gens passaient de l'étude dans les
ateliers, et des ateliers à l'étude. Le commerce
et l'industrie jouiront de leurs travaux. Le
génie, l'artillerie n'avaient plus qu'une même
étude et une institution qui leur était commune.

La médecine était soumise par-tout au nouveau régime que la loi lui avait prescrit. L'exercice de la pharmacie était placé sous la garde des lumières et de la probité.

Le code civil s'achevait; on s'occupait des codes civil, criminel et de commerce. De nouveaux chefs-d'œuvre venaient embellir nos musées, et nos jeunes artistes continuaient d'aller s'instruire au milieu des grands monumens que présente l'Italie.

Dans le département de Marengo, sous les murs d'Alexandrie, un des plus puissans boulevards de la France, s'était formé le premiercamp de nos vétérans. On démolissait dans la Belgique, d'antiques fortifications, devenues inutiles et dont les terrains seraient rendus à l'agriculture et au commerce.

La taxe d'entretien des routes avait reçu un meilleur systême d'adjudication. Le droit de barrière avait produit en l'an 11 quinze millions. On en avait consacré dix de plus au per

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fectionnement des routes. De nouveaux ponts 1804. étaient en construction. On en avait com→

mencé trois à Paris ; le troisième, le plus intéressant de tous, celui du jardin des plantes s'achevait.

Les travaux du canal Saint-Quentin s'opéraient sur quatre endroits à la fois. Cette vaste entreprise devait offrir, dans quelques années une navigation complette.

Les canaux d'Arles, d'Aigues-Mortes, de la Saône et de l'Yonne; celui qui doit unir le Rhône au Rhin; celui qui par le Blavet doit porter la navigation intérieure dans le centre de la Bretagne, étaient tous commencés.

Le canal qui doit joindre l'Escaut, la Meuse et le Rhin, allait ouvrir l'Allemagne à notre commerce, La jonction de la Rance à la Vilaine unira la Manche à l'Océan, On s'occupait avec constance de dessécher les marais de Rochefort, ainsi que d'autres marais dans le Cotentin. Dans la Belgique, on réparait, on étendait, on fortifiait les digues que le tems et la mer ont minées.

A Ostende, un terrain reconquis sur la mer devait enrichir l'agriculture. On avait garanti la jetée et le bassin des progrès de la dégradation. Anvers allait recevoir un port militaire, un arsenal et des vaisseaux de guerre sur le chantier; les travaux commencés devaient être finis dans l'année suivante. A Вou

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