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nistre des relations extérieures, fit, par ordre de S. M. impériale, le rapport d'une lettre AN 13. qu'elle avait écrite au roi d'Angleterre, le 2 janvier, et des réponses du gouvernement britannique. Le lord Mulgrave avait répondu que la paix ne pouvait s'obtenir que par des arrangemens qui pussent en même tems pourvoir à la sûreté, à la tranquillité de l'Europe, et prévenir le renouvellement des dangers et des malheurs dans lesquels elle s'était trouvée enveloppée ; que S. M. B. ne pouvait répondre à cette ouverture, qu'après la communication qu'elle en aurait faite à ses alliés du continent, et particuliérement à l'empereur de Russie. Le 16 janvier, il avait parlé, en termes vagues, dans son discours aux deux chambres de cette ouverture de paix. Il y avait peint le gouvernement français, comme exerçant les plus grandes violences et outrages sur le continent; insultant aux droits des territoires neutres, aux privilèges reconnus des ministres accrédités, et aux principes établis du droit des gens.

,

Il était de notoriété publique sur tout le continent, qu'alors et auparavant les agens de S. M. B. n'avaient cessé d'essayer à remuer les puissances, et que pour cet objet le chancelier de l'échiquier avait demandé une somme de 3,500,000 liv. sterl., dans l'espérance d'entraîner et de stipendier celles que l'intérêt,

1805.

la jalousie ou le besoin pourrait entraîner. Le tems mit au grand jour ce que le cabinet britannique tramait dans les ombres du secret. Il en résulta, comme une chose démontrée, que plus l'Angleterre avait fait d'efforts contre la France, plus la France avait acquis de prépondérance, ainsi que le chef qui présidait à ses destinées.

La consulte d'Etat et la députation de la république italienne en offrirent une nouvelle preuve, le 26 ventose. Témoins de la solemnité du sacre, considérant ensuite la situation de la France et celle de leur patrie, après avoir arrêté unanimement que le fondateur de leur république serait déclaré roi d'Italie; que la couronne serait héréditaire dans sa maison, sous la condition de n'être point réunie à celle de France, que sur sa tête ; la consulte et la députation offrirent un nouveau sceptre à l'empereur, qui se rendit à leurs vœux.

Le 27 ventose, celui qui venait de recevoir un empire et une couronne, conféra à la princesse Eliza, sa sœur, la principauté de Piombino, et à son mari, le prince Borghese, le titre de prince français. La principauté de Piombino est située au milieu de la Toscane.

1805.

CHAPITRE VII.

La république d'Italie érigée en royaume en faveur de Napoléon Bonaparte. Voyage de l'empereur à Milan. Son sacre. Réunion de Gênes à la France. Expédition de la flotte de Rochefort en Amérique. Expédition des flottes combinées. Combat de la Corogne.

La république d'Italie avait été fondée au

milieu des commotions politiques; elle avait paru subitement sur l'horison de l'Europe; mais faible, incertaine, exposée à devenir le jouet de quelque puissance, et sur-tout de l'Autriche. Elle avait fait un grand pas vers sa consolidation, lorsque dans les comices de Lyon elle s'était donnée une constitution nouvelle et qu'elle avait proclamé le premier consul pour son président et son chef. Cette seconde organisation ne pouvait être que provisoire, et devait, ainsi que la république française qui lui avait servi de modèle, subir les mêmes changemens. L'exemple donné par la France, lorsque la consulte d'état, composée de membres de tous les corps constitués, fut invitée au couronnement de l'Empereur, avait frappé leur esprit ; la consulte émit le vœu unanime de déclarer

AN 13.

1805.

Napoléon Bonaparte roi d'Italie, et la couronne héréditaire de mâle en mâle dans sa descendance directe et légitime, naturelle ou adoptive. Ce vœu fut agréé ; mais l'empereur prescrivit lui-même des limites à la reconnaissance de ses nouveaux sujets. Il arrêta que lui seul pourrait réunir la couronne d'Italie et celle de France, et que tous ses successeurs devraient résider constamment sur le territoire de l'Etat. Une proclamation fut adressée de Paris, le dix-neuf mars 1805, aux peuples du royaume d'Italie, et l'empereur-roi décréta que la solemnité du sacre et du couronnement aurait lieu le 23 mai prochain.

Après avoir, de concert avec la consulte d'Etat, établi la constitution fondamentale de son royaume d'Italie, l'empereur des Français partit pour se rendre à Milan, où il devait être sacré. Quelque rapide que fût sa course, par-tout il la marqua par des établissemens utiles. A Châtillon, il fit un décret pour rendre la Seine navigable depuis Saint-Méry jusqu'à cette ville. C'était pour celle de Troyes une seconde fondation, et pour Paris des arrivages plus faciles et plus nombreux. A Lyon, qui lui était redevable de sa splendeur renaissante, il ordonna qu'il serait dressé un projet général pour améliorer la navigation de la Saône, de manière que les bateaux pussent y naviguer toute l'année à charge pleine. Les

villes de Mâcon, de Châlons-sur-Saône et de Tournus virent leurs quais réparés, prolongés, AN 13. établis, et leur navigation assurée. Le MontCénis vit perfectionner son hospice, et offrir au voyageur plus de sureté et d'agrémens. Le 12 floréal, un décret, daté d'Alexandrie, ouvre une communication directe de cette ville à Turin et à Savone.

Le 26 mai fut un beau jour pour Milan, et pour toute cette partie de l'Italie, si long-tems asservie à des maîtres étrangers. Après avoir été, depuis tant de siècles, l'objet de toutes les ambitions et la proie de toutes les fureurs, elle s'éleva au rang des puissances, soutenue par la main du guerrier que sa reconnaissance et son intérêt couronnèrent.

L'empereur et roi assis, la couronne de fer des anciens rois lombards sur la tête, et la main levée sur l'évangile, prononça ce serment : « Je jure de maintenir l'intégrité du royaume, de respecter et de faire respecter la religion de l'Etat, l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux, de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi, de gouverner dans la seule vue des intérêts, de la félicité et de la gloire du peuple italien. »

A peine sa majesté impériale et royale avait-
reçu les sermens de ses nouveaux sujets

elle

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