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furent pris avec une assez grande quantité de canons, Le prince Murat se mit à la poursuite AN 14. de l'armée ennemie; elle était dans un délâbrement effroyable. D'une armée de quatrevingt mille hommes, il n'en restait que vingtcinq mille, et l'on ne croyait pas qu'ils parvinssent à s'échapper.

Le général Bernadotte était entré à Munich, il poursuivit le corps du général Kenmayer, qui évacua le pays et repassa l'Inn. Ainsi, la promesse de l'empereur se trouva réalisée. L'ennemi fut chassé de toute la Bavière.

La prise d'Ulm fut une des plus belles journées de l'histoire de France. L'empereur eût pu l'enlever d'assaut; mais vingt mille hommes la défendaient; ils étaient eux-mêmes défendus par des ouvrages et par des fossés pleins d'eau. La résistance qu'elle eût opposée, aurait coûté du sang. L'empereur préféra d'ajouter la persuasion à la force, et le général Mack capitula.

L'empereur avait passé le Rhin le 9 vendémiaire, le Danube le 14 à cinq heures du matin, le Lech le même jour à trois heures aprèsmidi ; ses troupes entrèrent le 20 à Munick; ses avant-postes arrivèrent sur l'Inn le 23. Le même jour, il était maître de Memmingen, et d'Ulm le 25. Jamais journées ne furent plus remplies. Dans les combats de Wertingen, de Gunzbourg et d'Elchingen, dans les journées de

Memmingen et d'Ulm, aux actions d'Albeck, 1805. de Langenau et de Neresheim, il avait pris quarante mille hommes, tant infanterie que cavalerie, plus de quarante drapeaux, un trèsgrand nombre de pièces de canon, de bagages, d'approvisionnemens de toute espèce ; et pour arriver à ces grands résultats, il n'avait fallu que des marches et des manœuvres. Il avait employé la même tactique que celle dont il se servit si glorieusement à Marengo. Dès ce moment l'armée autrichienne fut anéantie, et tous les passages jusqu'à Vienne ouverts. Une armée de cent mille hommes disparut, et le vainqueur n'avait, pour ainsi dire, éprouvé aucune perte.

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Le 26 vendémiaire, le prince Murat, arrivé à Norlingen, cernait la division de Werneck, qu'il fit prisonnière de guerre, pendant que l'armée autrichienne défilait devant l'empereur. Trente-trois mille hommes passèrent ainsi en revue devant leur vainqueur. Il fit appeler les généraux autrichiens, qu'il retint auprès de lui et qu'il traita avec les plus grands égards, pendant que les troupes défilaient. C'est dans cette occasion qu'il dit : « Je donne encore un conseil à mon frère l'empereur d'Allemagne, qu'il se hâte de faire la paix. C'est le moment de se rappeler que tous les empires n'ont qu'un terme ; l'idée que la dynastie de la maison de Lorraine touche à sa fin, doit l'effrayer. Je no veux rien sur le continent;

ce sont des vaisseaux, des colonies, du commerce que je veux et cela vous est avanta- AN 14. geux comme à nous. »>

L'empereur, dans une proclamation à son armée, porte les prisonniers autrichiens, à soixante mille hommes, et ce qui est sans exemple dans l'histoire des nations, la perte de son armée à quinze cents hommes hors. de combat. Il décréta que le mois de vendémiaire de l'an XIV serait compté comme une campagne, pour tous les individus composant la grande armée; qu'il serait pris possession de tous les Etats en Souabe de la maison d'Autriche ; que les contributions de guerre qui y seraient levées, ainsi que les contributions ordinaires, seraient toutes au profit de l'armée de même que les magasins pris à l'ennemi, à l'exception des magasins d'artillerie et de subsistances. La seconde campagne allait s'ouvrir sous de si heureux auspices, et c'est-là que pour la seconde fois allait se décider cette question, qui l'avait déjà été en Suisse et en Hollande, si l'infanterie française était la seconde ou la première de l'Europe. Cette armée russe, dit Bonaparte, cette armée que l'or de l'Angleterre a transportée des extrémités de l'univers, nous allons lui faire éprouver le même sort.

L'armée d'Italie cueillait aussi ses lauriers mais la victoire devait les faire acheter plus

chérement. L'armée que l'Autriche y avait était 1805. belle et sous les ordres d'un prince qu'elle aimait, et qui avait mérité la juste renommée qu'il avait acquise. Le 26 vendémiaire, le général Massena passa l'Adige. Le passage fut vivement défendu, le combat dura toute la journée; l'ennemi perdit trois mille hommes tant prisonniers que tués.

Le prince Murat, après la capitulation du général Werneck, avait continué de poursuivre le prince Ferdinand, qui, avec un corps de mille chevaux, s'était jeté dans le pays prussien. Le prince Murat le suivit depuis Albeck jusqu'à Nuremberg. Dans cette longue marche, il se battit toujours. Le résultat de cette prodigieuse activité, fut la prise de quinze cents charriots, de cinquante pièces de canon de seize mille hommes, y compris la capitulation de Werneck, et d'un grand nombre de drapeaux. Dix-huit généraux posèrent les armes et trois furent tués. Le prince Ferdinand s'échappa, en violant le territoire prussien, dans un délâbrement inoui. A l'exception des officiers qui eurent la permission d'entrer à Nuremberg, les soldats passèrent sous les murs de la ville.

Cette troupe, à-peu-près de quatre à cinq mille hommes, tous de cavalerie, sans distinction de corps particuliers, soit escadrons, soit détachemens, offrait les tristes débris de tous

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les corps de la cavalerie autrichienne de l'armée d'Allemagne et du Tyrol. Officiers et sol- AN 14: dats disaient unanimement que c'étaient-là les restes de l'armée. Cette troupe fugitive n'avait cessé d'être poursuivie qu'à cinq lieues de Bareuth, et croyait toujours les Français prêts à tomber sur elle.

Une autre colonne aux ordres du prince Rohan, forte de huit à neuf mille hommes, cherchant à se retirer vers l'armée du prince Charles, fut interceptée et prisonnière. L'armée était presque entiérement prise ou détruite.

CHAPITRE IX.

Prise de Lintz, de Vienne, de Presbourg › capitale de la Hongrie. Marche des Français dans la Moravie. Bataille d'Austerlitz. Paix de Presbourg.

APRÈS avoir rétabli l'électeur de Bavière
dans sa capitale, l'empereur se préparait à
pénétrer dans le gros des Etats de la maison
d'Autriche. Ces provinces n'avaient plus de
ressources que dans les armées russes
la mésintelligence s'établissait déjà entre les
Russes et les Autrichiens. Les Etats de Bo-
hême se plaignaient des sacrifices qu'on leur

et

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