des enterremens précipités. Mériteroit-on le titre d'homme judicieux en concluant de ces deux vers que les fignes de la Mort font incertains? Je demande fi l'illufion que ces fignes ont occafionnée en diverfes circonf tances, a été un effet de l'imperfection de l'art ? Si au contraire il ne feroit pas plus raisonnable qu'on s'en prit à l'ignorance ou à la négligence des perfonnes qui fe font trompées. L'honneur de la Médecine nous permettroit-il d'hésiter entre ces deux partis? Ouvrons Celse, nous y trouverons la folution de cette difficulté. Après avoir expofé les fignes par lefquels on peut juger avec certitude qu'un malade eft menacé d'une mort prochaine, cet Auteur judicieux fe fait à lui-même différentes objections. » Je fçai, dit-il, qu'on peut me » demander comment des malades par les Médecins gué در » abandonnés » riffent quelquefois ; & qu'on peut » me dire que quelques uns font re» venus à la vie dans le tems de leurs » funérailles. On pourroit même "m'opposer que Démocrite, qui étoit » avec justice un homme de grande ré"putation, croyoit que les fignes de la »Mort n'étoient pas affez certains pour 93 que les Médecins y euffent confiance. » Mais toutes ces raisons, ajoute-t-il, "ne prouvent pas qu'il n'y ait des fignes affurés d'une mort prochaine. » Je pourrois répondre qu'il n'y a que » des Médecins ignorans ou mal inf » truits qui puiffent fe méprendre à " " » ces marques; je pourrois dire qu'Afclepiade ayant rencontré un " convoi, reconnut que celui qu'on porto't en terre n'étoit point » mort, & qu'il n'eft pas jufte d'im"puter au défaut d'un art les délits » de ceux qui l'éxercent. «< * * Adverfus quos ne illud quidem dicam د. د. د. Après une déclaration auffi formelle, je ne comprends pas comment on a pu employer l'autorité de Celfe dans le Traité de l'incertitude des fignes de la Mort: je conçois encore moins comment cet article auroit pu échapper au Commentateur de la Thèse de M. Winflow, lui qui rapporte * les objections que Celle s'eft faites; & qui y a joint la partie de la réponse qui fuit immédiatement le texte que nous venons de rapporter, Nous obmettons la fuite de cette réponfe parce qu'elle est tout à fait indifférente au point de queftion dont il s'agit ici. Elle ne porte que fur la difficulté de faire un prognoftic jufte dans les maladies, & principalement quod nots pojila non bonos, fed imperitos medicos decipiunt, qued Afclepiades funeri obvius, intellexit eum v vere qui efferebatur, ne protus crimen artis e Jet, fi quod profefforis fit. Cora. Celfus, de re Medica, Lib. II. Cap. 6o. *Pag, 173. premiere édition du I. volume. dans celles qui font aigues : elle ne ferviroit qu'à fortifier les injuftes défiances que bien des gens ont de la Médecine. Ce paffage a donc été tronqué, & il l'a été à deffein, cela eft évident : on en apperçoit facilement la raifson. Il refte néanmoins encore une difficulté à juger entre Celfe & M. Bruhier. Le premier croit qu'il n'y a que des ignorans qui puissent se tromper fur les fignes de la Mort : il en donne pour preuve ce que nous venons de dire, après lui, d'Asclépiade, Médecin qui a joui de fon vivant & après fa mort de la réputation la plus brillante. M. Bruhier cite la même histoire d'après Kirchman*: Celui-ci l'a tirée d'Apulée, qui appelle Afclepiade le prince ou le premier des Médecins fi l'on en excepte Hippocrate feul. Le même fait fert donc à Celfe pour *Pag. 90. premiere édition du I. volume. prouver que les fignes de la Mort font certains; M. Bruhier au contraire le rapporte en faveur de l'incertitude de ces fignes. Vous feriez tort à votre fagacité fi vous balanciez un moment à vous déterminer dans un cas auffi peu embarrassant. Le doute & l'incertitude ne font applicables qu'à ceux qui ont jugé que cet homme étoit mort, Leur conduite eft marquée au fceau de l'ignorance & de la témérité : non crimen artis fi quod profefforis eft. L'état de cet homme n'a point été équivoque pour Afclepiade; les fauffes apparences ne pouvoient faire illufion qu'à des perfonnes inattentives ou peu instruites: non bonos fed imperitos medicos decipiunt. Afclépiade, Médecin intelligent, a connu que l'homme qu'on portoit en terre n'étoit pas mort: intellexit eum vivere qui efferebatur. Si les fignes de la Mort étoient incertains, ce n'eft pas dans |