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raisonnables dans leurs craintes l'Auteur de l'Art de penfer donne l'exemple qui fuit...» Il y a beau» coup de personnes qui font dans » une frayeur exceffive lorsqu'ils en» tendent tonner. Si le tonnerre les » fait penfer à Dieu & à la mort, » à la bonne heure, on n'y fçauroit trop penfer; mais fi c'est le feul

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danger de mourir par le tonnerre qui leur cause cette appréhenfion » extraordinaire, il eft aifé de leur » faire voir qu'elle n'est pas raifon"nable: car de deux millions de per»fonnes, c'est beaucoup s'il y en a » une qui meure en cette maniére, » & on peut dire même qu'il n'y » a guéres de mort violente qui foit » moins commune. Puis donc que » crainte du mal doit être proportionnée non-feulement à la gran» deur du mal, mais auffi à la probabilité de l'évenement, comme il

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» n'y a guéres de genre de more plus rare que de mourir par le » tonnerre, il n'y en a guéres auffi qui dût nous caufer moins de » crainte. »

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Ne pourroit-on pas faire l'application de ce raifonnement à ceux qui craignent exceffivement d'être enterrés vivans?D'ailleurs cette crainte ne fert de rien pour leur faire éviter cet accident. Il faudroit quand quelqu'un paroît mort, que les affiftans ne s'en rapportaffent point aux feules apparences; mais la probabilité fert à les décider: ils n'attendent point la putréfaction, parce que l'abfence de ce figne n'est pas une preuve que le fujet foit vivant; le défagrément & l'embarras que cause la confervation des morts, achevent de déterminer le jugement que l'on porte dans ces occafions. La putréfaction ne fe manifefte quelquefois que le

douze ou le quinziéme jour; il feroit bien défagréable & fort embarraffant de conferver pendant ce tems un pere, une mere, ou une épouse tendrement chérie, & d'avoir fous les yeux l'objet dont la présence excite les plus vifs regrets, & aigrit la douleur la plus légitime. M. Bruhier dira envain que le défagrément du fpectacle d'un mort est une faufle délicateffe, & que l'embarras ne doit faire aucune impreffion, puifqu'il eût été plus confidérable file mort avoit vécu quelques jours de plus. Cette réponse n'eft pas fatisfaifante, l'efpérance est toujours foutenue tant que la perfonne vit; mais lorsqu'elle eft morte, fa préfence ne peut qu'irriter les regrets. Au refte les fuites de l'infection ont peut-être été la principale cause du peu de cas qu'on a fait des confeils de M. Bruhier : il répond à cette

objection, qu'il s'eft faite à lui-même, en difant que les Juifs, les Grecs & les Romains gardoient longtems les corps fans qu'il en foit arrivé d'inconvéniens, malgré la chaleur des climats où ils vivoient. I eft vrai, Monfieur, que chez ces peuples on ne craignoit point les fuites de l'infection, mais ils embaumoient les corps; de plus il eft prouvé que cette pratique étoit meurtrière, & que la confervation des morts n'étoit point chez eux une précaution. pour s'affurer de la réalité de la

mort.

Les fuites de l'infection font trèsdangereufes. La malignité de la pourriture réfide dans des particules fubtiles, qu'elles peuvent faire mourir par l'impreffion qu'elles font immédiatement fur le principe vital. Une puanteur cadavéreufe a fouvent produit cet effet.ll n'eft pas nécessaire

que les fubstances putrides, malignes ou vénéneufes fe mêlent avec nos humeurs, pour exercer fur nous leur malignité. Nous en trouvons dans Paré une preuve convaincante: il dit qu'en découvrant le lit d'un pestiféré pour panser un bubon que ce malade avoit dans l'aine, & deux charbons fort confidérables qui étoient placés au ventre, il fut faifi d'une odeur fi fœtide, caufée par les matiéres de ces abfcès & par la fueur • du malade, qu'il tomba par terre dans l'inftant comme s'il fût mort; la connoiffance lui étant revenue, il fe leva, mais il fut obligé d'embraffer le pilier du lit pour fe foutenir. Il lui sembloit que la maison tournoit fens deffus-deffous, il ne fentoit ni douleur ni mal de cœur ; fes forces revinrent peu à peu, & il éternua neuf ou dix fois fi violem

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ment,qu'il en faigna du nez. Il fuffit