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comme l'on voit, que les vapeurs malfaifantes portent fur quelqu'une de nos parties, pour nous faire fentir les effets de leur malignité, en agissant fur nous comme font beaucoup d'autres fubftances qui produisent par leur odeur ou par un fimple attouchement, des défordres confidérables dans l'économie animale. La vapeur d'une chandelle éteinte a quelquefois caufé des avortemens,des épilepfies, & même la mort.- Il ya des puits d'où il fort des exhalaifons. fi pernicieuses, qu'elles font périr fur le champ ceux qui en font frappés: la vapeur du vin, qui eft dans le fort de la fermentation, fait tomber dans des apopléxies fouvent mortelles, ceux qui s'exposent trop à la violence de ces vapeurs. Il y a beaucoup de perfonnes qui ne peuvent fentir l'odeur d'une anguille fricaf fée; d'autres ne peuvent fentir l'odeur

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de certaines fleurs fans en être incommodées. Telle étoit une femme dont il eft parlé dans les Ephémérides d'Allemagne, qui foutenoit facilement l'odeur des rofes blanches, & qui tomboit en foibleffe lorfqu'elle fentoit des rofes rouges. Simon Pauli rapporte qu'un Payfan tomba en fincope par l'odeur fuave de la boutique d'un Apoticaire, & qu'on ne put faire revenir que par l'odeur de la fiente de bœuf. Grundelius parle d'une Dame qui fe trouva incommodée d'un bouquet de renoncules qu'elle avoit au côté; on lui ôta ce bouquet & les accidens difparurent : un homme qui étoit préfent prit ce bouquet, & éprouva au bout de quelque tems le même effet. Tous ces exemples, que l'on trouve plus amplement détaillés dans le Mémoire de M. Quefnay* fur le vice des humeurs, *Premier Volume des Mémoires de l'Académie Royale de Chirurgie."

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& fur la caufe de leurs différentes dépravations; ces exemples, dis-je, ne font point étrangers à notre fujet; ils fervent à connoître les effets que les matiéres corrompues font capables de produire; & le danger manifeste qu'il y auroit à conferver les morts jufqu'à la pourriture.

tels

C'eft furtout dans les Hôpitaux, & principalement dans les grands, que l'Hôtel-Dieu de Paris, où l'on rifque le plus de donner la fépulture à des perfonnes vivantes; & c'eft précisément dans ces lieux où il feroit le plus dangereux d'attendrela putréfaction. Suppofons que dans l'Hôpital d'une grande Ville, il meure communément fix ou huit perfonnes par jour; que n'arriveroitil point fi, fuivant le reglement projetté, on laiffoit tous ces morts pendant plufieurs jours dans leur lit, chacun avec deux ou trois malades,

jufqu'à

jufqu'à la putréfaction: M. Bruhier ne voudroit pas même qu'en les confervant on les transféra dans un lieu particulier; on changeroit alors la premiere difpofition du Reglement, qui ordonne » que les corps réputés

» morts feront laiffés dans leurs lits » dans le même état & la même fi»tuation où ils étoient pendant la » maladie. Les mouvemens qu'on eft obligé de donner à un prétendu

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» mort foit pour le changer de linge, ou de faire fon lit, font » meurtriers, &c."

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Ce premier article, toujours fondé fur la fuppofition qu'il n'y a d'autres fignes de la mort que la pourriture, ne paroît pas conféquent, même dans le fyftême de M. Bruhier. Où eft le rifque qu'il y auroit à remuer les perfonnes qui feroient dans le cas d'une mort apparente, Rien ne paroît plus caS

pable de réveiller les fonctions vita→ les, que de donner du mouvement au fujet en qui leur exercice eft fufpendu, ou plutôt devenu imperceptible, au point d'en paroître aboli. Selon M. Bruhier, toutes les préfomptions qu'un corps doit être mort, ne font point des raifons fuffifantes pour négliger les précautions qu'on peut employer pour conftater fon état. Qu'on life dans la Thèse de M. Winflow quelles font ces précautions: on verra qu'au nombre des plus importantes, il recommande d'agiter les membres par des extenfions & des inflexions violentes. Il n'y auroit donc aucun rifque de transférer les fujets fur la mort defquels on pourroit avoir quelque doute: Nous voyons même dans la plupart des Hiftoires que M. Bruhier a rapportées dans fon Ouvrage, l'utilité fortuite de l'agitation qu'on a donnée

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