• connu cet état, qu'on a donné pour utiles des moyens dangereux; qu'on a donné l'exclufion à d'autres qui pourroient être utiles, qu'on a propofé indistinctement des procédés indifférens avec ceux fur lefquels on devroit le plus compter, & qu'on n'a pas diftingué, parmi les fecours 'utiles, ceux qui font capitaux, de ceux qui ne font qu'auxiliaires; c'eftà-dire, de ceux qui fans être capables d'opérer le rétablissement des fonctions lézées, font néanmoins néceffaires, parce qu'ils favorifent ce rétablissement en procurant l'effica cité des fecours effentiels. La fimple vûe d'un Noyé ne fuffit pas pour faire juger des défordres que caufe ce genre de mort. L'élévation du fternum & des côtes, le gonflement du ventre, l'eau écumeufe qu'on remarque autour de la bouche & des narines, & la couleur livide de la face ne préfentent que: des fymptômes équivoques pour juger de l'état des Noyés. Ces marques extérieures ont fait illufion à X ceux qui n'ont pas cherché à appro fondir par des recherches particuliéres quelle étoit la caufe de ces fimptômes. Les rapports qui fe font journellement en Juftice, à l'occafion des Noyés, ne font pas diffé→ rens de ceux qui fe faifoient à ce fujer: y a deux cens ans.Si le Chirurgien » eft appellé, dit Ambroife Paré*, pour faire rapport d'un corps il " » mort tiré hors de l'eau, pour fça- 39 " " le plus fouvent faignera du nez. - D'abondant il aura l'extrémité des doigts & front écorchés, à raifon qu'en mourant il gratte le fable » au fond de l'eau, penfant prendre quelque chofe se fauver, & pour » qu'il meurt comme en furie & »rage. Au contraire s'il a été jerré - en l'eau mort, il n'aura aucune >> tumeur en l'eftomach ni au ven»tre, parce que tous les conduits »» font affaiffés & étouppés, & qu'il » n'inspire plus, & auffi n'aura mouffe au nez, ni bave en la bouche, ni veftige aux doigts ni au front; » par quoi, felon ces fignes, le Chirurgien pourra faire fidélerapport »ment des corps morts trouvés en ́» l'eau, s'ils ont été jettés morts ou » vivans. » " On voit affez que ces marques extérieures ne fournissent les Jumiéres néceffaires pour déterminer pas f fi la fubmerfion a été la cause de la mort; on s'eft cependant tenu fervilement attaché à ces idées ; elles font la bafe des jugemens que l'on porte encore fur les Noyés. Feu M. Devaux, Chirurgien de Paris, dans fon Traité des Rapports, donne la formule fuivante au fujet d'un corps trouvé noyé...» Nous Médecin & Chirurgien du Roi en fon Châtelet, &c. de l'Ordonnance de M. » le Lieutenant Criminel, &c. nous "" » avons trouvé le ventre tendu & " 30 rempli d'eau, le bout de la plupart des doigts écorchés, la face » livide, le front efcorié, la bouche écumante, & le nez rendant une » morve fanglante & fpumeufe. Ce qui nous fait juger qué ledit corps "eft tombé ou a été jetté dans l'eau encore vivant, où il s'eft » enfuite noyé. Ces marques ne font pas décifives, Z در " les pendus & ceux qu'on a étouffés, ont de même que les Noyés la face bourfoufflée & violette, la langue épaiffe, & on leur trouve un excrément écumeux & rougeâtre qui vient de la bouche & du nez. L'excoriation des doigts & du front ne font pas des accidens néceffaires; ainfi fi l'on jugeoit des Noyés par les connoiffances que nos prédéceffeurs nous ont transmises, nous aurions des idées bien défectueufes de leur état. Il ne préfente que deux objets; les poumons gonflés & remplis de l'eau qui a été infpirée, & les vaiffeaux du cerveau fort engorgés par l'obstacle que la dilatation des bronches apporte à la circulation du fang. Ce font ces deux points qui doivent fixer l'attention de ceux que la charité engagera à donner des fecours aux Noyés. Depuis qu'on a reconnu que la |