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tation d'un vomitif, fait rejetter. Le vomiffement peut, par la même raison, procurer le dégorgement des bronches des Noyés. Dans cette vûe, on peut irriter avec une plume le fond du gofier: les chatouillemens qu'on causera à cette partie pourront exciter le vomiffement; mais il faut bien fe donner de garde de » verser dans la bouche d'un Noyé qui ne donne aucun figne de vie, » des liqueurs fpiritueufes, ou à leur » défaut de l'urine chaude: ni le

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garifme avec la décoction de poi»vre dans du vinaigre.,

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Ces moyens, font non-feulement inutiles, mais ils font très-dangereux: on ne doit rien mettre dans la bouche d'un homme qui ne peut pas avaller. Les liqueurs dont on fait ufage dans ces occafions, en fe gliffant dans la trachée artére, font capables de caufer la mort. Les obfer

vations de M. Littre rapportées dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, année 1718. en fourniffent la preuve.

De tous les fecours que l'on peut donner aux Noyés, il n'y en a point dont on doive faire pius de cas que de leur fouffler de la fumée de tabac dans les inteftins. Ce moyen a produit dans différentes occafions les effets les plus heureux : je l'ai expérimenté fur beaucoup d'animaux que j'avois noyés, & j'ai prefque toujours réuffi à les rappeller à la vie, lorfque je n'ai pas trop différé à leur donner ce fecours. Il y a des exemples du prompt & heureux effer de cette fumée fur les hommes. Les avantages de ce reméde dans le cas dont il s'agit, & l'utilité dont il peut être dans beaucoup d'autres circonftances, me portent à faire connoître ici la méthode d'in

troduire aisément cette fumée. C'est bien mériter du public que de lui faciliter l'ufage des chofes qui peuvent lui être falutaires.

L'avis fur les Noyés donne des éloges à la pratique d'introduire la fumée du tabac dans les intestins. » Une pipe cafféè, dit-on, peut » fournir le tuyau ou chalumeau » par lequel on foufflera dans le » corps la fumée qu'on aura tirée de » la pipe entiére. »

Ces expreffions ne femblent pas donner une idée nette de l'opération. Faudra-t-il, chaque fois qu'on voudra fouffler la fumée qu'on aura dans la bouche, mettre le tuyau dans l'anus? Cela feroit au moins fort incommode pour l'opérateur. Il feroit plus convenable de laiffer le tuyau en place & d'en boucher l'orifice externe pendant qu'on tireroit de nouveau de la fumée de la pipe.

Cette opération eft longue, & elle ne produit pas le même effet que fi la fumée étoit pouffée immédiatement de la pipe & fans interruption. M. Bruhier nous a donné une obfervation*, où l'on voit que cette infufflation immédiate a été pratiquée. Une femme en traverfant la riviére de Seine dans un batelet visà-vis Paffy, tomba dans l'eau, & en fut retirée fans connoiffance. On la réputoit morte: un Soldat » paf»fant la pipe à la bouche, dit au » mari de seicher fes larmes, & que dans fa femme feroit vivante peu

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puis donnant fa pipe au mari, il » lui dit de lui en introduire le

» tuyau dans l'anus, & d'y souffler » de toutes fes forces la fumée en » mettant dans la bouche le four>> neau couvert d'un papier percé » de plufieurs trous. A la cinquiéme

*Tome II. pag. 185.

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gorgée de fumée, on entendit dans » le ventre de la femme un grouil»lement confidérable, elle ren» dit de l'eau par la bouche, & un » moment après la connoiffance lui » revint.

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La chaleur du fourneau de la pipe ne permet pas qu'on la tienne auffi long-tems dans la bouche qu'il le faudroit. L'infufflation est souvent interrompue dans cette méthode affez défagréable d'ailleurs, par la néceffité d'avoir la bouche près du fondement d'une perfonne. Le motif, fi l'on veut, annoblit la chofe, mais il n'en ôte pas ce qu'elle a de déplaifant. Thomas Bartholin * qui écrivoit au milieu du dernier fiécle, nous apprend que plufieurs perfonnes fe donnoient elles-mêmes des lavemens avec la fumée du tabac par le moyen de deux pipes allu

*Hift, Anatom, Cent. vj. Hift. 66.

mées

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