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artères. Puis éxaminant l'heure du redoublement de la fiévre & des accidens, il parvint, par la fupputation de la force & de l'affoiblillement alternatif du pouls, à juger que le ma¬ lade mourroit dans fix jours entre la feconde, & la troisiéme heure de la nuit. L'événement confirma la prédiction. Cette obfervation eft frappante, & elle eft trop naïvement exprimée dans l'auteur pour qu'on puiffe la révoquer en doute, *

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*Ipfe enim memini, & habeo in prafenti hora hic Bononia multos doctores teftes, me feciffe prognofticum de pracisa hora mortis cujufdam filii magnifici D.Jacobi Maria Delino,obfervata regula de pulfu incidente & decidente à doctoribus tradita, judicio tamen exiftimativo. Non poffum hoc integrè tradere fcriptis, nifi quòd fic procefferim: menfuravi primè virtutem in tactu pulsus, & fingulis ferè horis vifitabam agrum, judicabam femper pulfum decidere; deinde confideravi horam ftatûs accidentium febris: & ponderando virtutem ad decedentiam, additâ etiam qualitate diei critica ventura, que erat quarta decima, & per indicia habita judicavi ipfum moriturum inter fecundam & tertiam horam noctis, per fex dies ante. Quia hora illa erat hora ftatus

Il eft donc manifefte qu'on ne peut fans injuftice rejetter fur l'art les incertitudes & les fautes de quelques praticiens. La Médecine (comme dit Hippocrate) eft de tous les arts le plus excellent. Mais ce grand homme en lui donnant cet éloge, a foin de nous avertir que l'ignorance de quelquesuns de ceux qui fe mêloient de l'éxercer, & la folie du peuple qui embraffe légérement toutes fortes d'opinions, & qui n'eft pas en état de difcerner un vrai Médecin d'avec un homme qui ne l'eft que de nom, avoient tellement flétri la réputation de cet art divin, qu'on le regardoit comme le plus vil de tous.

C'est par ces paroles remarquables que le fçavant Docteur Barker com

accidentium & febris. Atque ita reverâ contigit, licet-libentiùs voluiffem oppofitum judicaffe. Bereng. Carp. de fracturâ Cranii. Pag. 98.

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mence fon Traité fur la conformité de la Médecine des anciens & des modernes; ouvrage dans lequel ce génie fupérieur juftifie la Médecine des reproches que lui font les ignorans. » Il est évident, dit-il, que l'art tombe » plutôt que de s'élever, & que la »Charlatannerie gagne de jour en jour du terrain. C'est avec justice » que nous craignons qu'avec le tems » la Médecine ne s'aviliffe au point » d'être réputée le plus méprisable » de tous les arts, & ne passe enfin, » comme Galien fe plaint qu'elle fai» foit de fon tems, entre les mains » des empiriques les plus ignorans & » des artifans les plus groffiers, au » lieu d'être cultivée par des hommes qui réuniffent ensemble le génie, le fçavoir & l'éducation,»

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Ces craintes doivent être les nôtres rien, comme nous venons de le faire voir, n'eft plus capable de

L

multiplier le nombre des incrédules fur la Médecine, de lui faire perdre peu à peu fon crédit, & d'opérer la fatale révolution qu'on nous fait envifager, que ce qui a été débité depuis quelques années fur l'incertitude des fignes de la Mort.

Toutes ces raifons, & l'éxamen que nous avons fait des paffages de quelques Auteurs de l'autorité def quels on avoit argumenté affez légérement, femblent décider que le fyftême de l'incertitude des fignes de la Mort n'eft rien moins que prouvé. Je me propofe de traiter de nouveau cette queftion. Les fuffrages dont le Traité de M. Bruhier eft muni, m'ont tenu long-tems en défiance. J'ai crains de me tromper en fuivant mes vûes particulieres. Cependant après avoir bien médité ce fujet, j'ai vû que toutes ces approbations avoient fuppofé le fonds de la question fuffisamment

pas

connu, & que dégagées de la formule & des complimens ordinaires, elles fe réduifoient à applaudir au zèle & aux vûes de l'auteur. Elles font certainement très-louables.Mais ne sçait-on pas qu'un approbateur a rempli tout ce qu'il s'impofe par cette qualité, lorfqu'il s'eft mis en état de juger d'un Ouvrage par l'idée générale qu'il en prend. L'éxamen des détails n'est de fon reffort. La confrontation de tous les paffages feroit trop pénible, elle feroit même injurieuse à l'Auteur. Il faudroit qu'on prît un intérêt bien particulier au fort d'un Ouvrage, pour faire fcrupuleufement la vérification des faits & des raifonnemens qu'on y employe. Ce feroit alors moins une approbation qu'une critique, laquelle feroit d'autant plus févere qu'on s'intérefferoit plus fortement au fuccès de l'Ouvrage. Cette conduite expoferoit fouvent l'Appro

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