Page images
PDF
EPUB

rouge brun. Quoique le fang continuât de fortir avec beaucoup de facilité, je crus devoir ceffer. Je fis appliquer le bandage par un de mes Eleves; je craignois de caufer un relâchement trop fubit par une évacuation plus abondante. On defhabilla cette femme, je la fis en.velopper d'abord dans des linges bien chauds; on fit enfuite des frictions avec des ferviettes chauffées, &c. Une heure après je voulus faire une faignée du pied pour me confirmer dans ce que l'obfervation précédente m'avoit fait appercevoir; toutes les tentatives furent inutiles, l'ouverture du vaiffeau ne put fournir de fang. On eut recours à la jugulaire, dont je fis tirer avec toute la facilité poffible, par la même incifion, & fans ligature, autant de fang qu'à la premiere fois. Le vifage prit encore une nuance plus claire par l'effet de cette faignée.

Bb

Ces deux obfervations font décifiwes fur l'efficacité de la faignée de la gorge pour dégager la tête dans les. Noyés, elles ne prouvent pas avec moins d'évidence l'inutilité qu'il y a de tenter la faignée du pied, puisqu'il eft impoffible d'en tirer du fang: la raison en est bien claire. Le cours du fang dans les veines dépend principalement de l'impulfion qu'il reçoit du cœur, & de la contraction des artéres. Mais dans ceux que l'on croit noyés, & qui font morts en apparence, les mouvemens du cœur font foibles, la circulation du fang ne

fait plus que dans les plus petits vaiffeaux qui font à la proximité du cœur. Ce vifcére qui eft le premier agent de la circulation ne reçoit point du cerveau les fecours nécessaires pour fan action, parce que ce premier mobile eft lui-même embarrassé.

L'irradiation des efprits oft languif

fante, elle fuffit à peine pour entretenir les frémislemens du cœur, & elle ne s'étend point jufqu'aux artéres des extrémités *; de-là vient l'impoffibilité de tirer du fang du pied, & même du bras. Ces raifons n'ont pas lieu contre la faignée du col : car les veines jugulaires, & toutes leurs ramifications, font violemment diftendues par le fang qui les engorge. La tenfion des tuniques, & l'action de l'air extérieur, fuffifent dans ce cas pour faire couler le fang par la premiére iffue qu'on lui ouvre.

La faignée de la jugulaire en dégageant le cerveau, remédie à un accident fort urgent: elle doit contribuer beaucoup à l'efficacité des remédes fternutatoires, & à l'opération des fecours qui conviennent effentiellement pour débarraffer les bronches

*C'eft par ces raifons que la fyncope fufpend les hémorragies, celles même qui viennent de l'ouverture d'une artere affezconfidérable.

de la liqueur étrangere qui les diftend. Il est aifé de les affaiffer jufqu'à un certain point en foufflant de l'air chaud dans leur cavité: c'eft le premier fecours que nous avons cru devoir indiquer; & peut-être eft-il des circonstances où le fuccès de tous les autres fecours doit être déterminé par un commencement de détente, que ce moyen procure.

Je ne m'arrêterai point ici à combattre l'opération de la bronchotomie, L'on voit affez que cette opération ne doit être d'aucune utilité aux Noyés, Ceux qui ont proposé de leur ouvrir la trachée artére croyoient que l'air retenu par une violente inspiration, étoit la cause de la dilatation du poumon des Noyés. Ils ont cru en conféquence que cette opération procureroit l'affaiffement de ce vifcére, M, Heister confeille cette opération d'après M.

Detharding; mais il veut que l'ou verture de la trachée artére serve à fouffler de l'air dans le poumon, quoique, fuivant le Profeffeur Danois, la bronchotomie ne foit propofée qu'afin de donner iffue à l'air que l'abbaissement opiniâtre de l'épiglotte retient dans les poumons. Cet abaiffement eft une fuppofition gratuite; l'opération de la bronchotomie eft donc inutile,c'est ce que je dis à M.Detharding. Pour faire entrer de l'air dans les poumons, l'opération de la bronchotomie eft encore inutile; c'est ce que j'oppose à l'autorité de M. Heifter: tous ceux qui voudront se donner la peine de lire ce que ces deux Auteurs ont écrit, & celle de répéter les expériences que j'ai faites,verront qu'en expliquant la caufe de la mort des Noyés, & la nature des fecours qui conviennent à leur état, ils ont donné plus de carriére à leur imagination,

« PreviousContinue »