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que d'attention au rapport qu'il doit y avoir entre les défordres & les moyens de les réparer, & que leur doctrine n'eft appuyée sur aucun fait. M. Bruhier qui n'a prefque rien mis pour fon compte dans toutes ces queftions, & qui s'eft contenté de rappor ter tout ce qu'il a fçu avoir été dit fur les matiéres qu'il traite, ne laiffe pas de fentir dans cette occafion que le Profeffeur Allemand n'eft pas d'accord avec le Docteur Danois : on peut voir comment il les concilie *.

Lorsqu'on a réuffi à faire donner des fignes de vie à un homme dont la mort auroit été certaine fans les fecours qu'on lui a procurés, on doit encore le confidérer comme attaqué d'une maladie grave qui peut exiger la continuation des fecours de l'art. Quelques Auteurs prétendent que lorfqu'un Noyé a jetté un foupir, ou

*Pag. 209. du fecond Tome du Traité de M. Bruhier.

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qu'il a donné le moindre figne de vie, on eft fûr de le fouftraire à la mort, en continuant à l'échauffer par hors & par dedans. Ces moyens peuvent être infuffifans. Le rétablissement des mouvemens de la refpira tion ne fait pas rejetter par la bouche toute la liqueur qu'on infpire en fe noyant; les parois de la poitrine n'agiffent point affez fortement fur la furface des poumons. J'ai réuffi beau coup de fois à rappeller d'une mort apparente à la vie, des chiens & des chats que j'avais noyés, ils continyoient d'avoir la respiration gênée pendant plufieurs heures; elle devenoit moins difficile par dégrés. J'en ai ouvert à des tems différens après le rétabliffement de l'action de la poi. trine & j'ai remarqué que les pou mons étoient plus ou moins embar→ raffés, felon que ce tems avoit été plus ou moins long. Au bout de deux heu

res, les bronches cantenoient encore environ la moitié du fluide qui avoit été infpiré. Ces expériences indiquent l'administration des potions expectorantes émétifées, l'ufage de l'oximel fcillitique, &c. après qu'on aura mis le malade en affez bon état pour avaler ces remédes.

L'ouverture des corps de quelques Noyés fembloient m'avoir fait voir que l'eau qu'ils avoient inspirée pou voit s'épancher dans la cavité de la poitrine, en fortant des pores du ponmon par tranfudation.

Il y avoit environ un demi-feptier d'eau épanchée dans chacune des deux cavités de la poitrine de l'homme dont j'ai parlé pag. 287. il avoit recouvré l'ufage de fa refpiration, & malgré l'épanchement, les poumons étoient plus gonflés qu'ils ne le devoient être naturellement.

J'ai trouvé deux verres de ferofités

épanchées dans la poitrine de la femme, qui au moyen d'une refpiration infenfible a vécu fept heures après avoir été retirée du puits où elle avoit été fubmergée pendant une demie heure. Ses poumons étoient exceffivement dilatés..

Le 2 Février 1745. je fis l'ouverture du cadavre d'une fille âgée de 23 ans, qui pour éviter une correction qu'elle ne croyoit pas convenir à fon âge, s'étoit jettée dans le même puits où s'eft noyée la femme dont je viens de parler. Elle avoit restée plufieurs heures fous la furface de l'eau, & y étoit véritablement morte. Ses poumons étoient très-gonflés, & il n'y avoit pas une feule goutte d'eau dans la cavité de la poitrine. Cette obfervation comparée aux deux précédentes, femble prouver que dans ceux d'entre les Noyés qui furvivent à leur accident, il fe fait un épanchement

dans la poitrine. Ce point étoit affez important pour mériter qu'on le vérifiât: car fi cet épanchement avoir lieu, il feroit la caufe de la difficulté de refpirer qu'on remarque lorfque la refpiration fe rétablit; & l'opération de l'empyeme pourroit devenir un fe cours confécutif utile à ceux qu'on auroit rappelles à la vie.Pour éclaircir cette difficulté, il falloit noyer des animaux; les rappeller à la vie, & les ouvrir enfuite tout vivans. C'eft ce que j'ai fait, & je n'ai jamais trouvé dans ce cas qu'il y eut épanchement entre les poumons & la plevre. Il eft probable que celui que j'ai obfervé se

fait de la même maniére que l'épanchement du péricarde, où l'on ne trou ve aucune liqueur à l'ouverture des animaux vivans ou de ceux qui viennent de mourir. De la plevre & de la membrane extérieure du

poumon, il exude continuellement dans l'état na

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