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rapportées dans le premier. M. Bruhier affure qu'il y a une extrême différence entre un fait faux & un fait qui n'eft pas prouvé. L'importance de la matiere fembloit cependant éxiger qu'on n'avançat que des fairs bien conftatés ; car la même paresse d'efprit qui porte le vulgaire à croire les chofes les plus extraordinaires fans preuves fuffifantes, produit un effet contraire dans les perfonnes fenfées. Elles jugent d'un fait par un autre ; & la puérilité d'un conte fair tort à l'histoire qu'on lui a associée.

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Je me garderai bien de conteffer la vérité des faits avancés par M. Bruhier; je veux paroître ajouter foi à ceux mêmes qui ont le moins de vraifemblance. Il y a de la prudence à éviter les qualifications de stupide ou de mal-honnête-homme. Oui, Monfieur, on fe deshonore par le cœur ou par l'efprit fi l'on ne croit pas ce

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que cet Auteur a écrit. Les traits d'hiftoire qu'il rapporte » ne peuvent être » attaqués que par une prévention » aveugle qui deshonore l'homme d'efprit, ou par une mauvaise foi incompatible avec l'honnête-hom* On ne peut rien dire de plus fort; & les Livres Saints ne traitent pas plus mal les effrénés qui nient l'éxiftence de l'être fuprême. Dixit infipiens in corde fuo. Trouvez bon que je ne m'expofe pas à un pareil reproche, & que je me borne à mettre ici deux points en évidence. Le premier, que parmi les faits rapportés par M. Bruhier, pluGeurs prouvent directement la certitude des fignes de la Mort ; & en second lieu, que les éxemples des perLonnes qui ont été réputées mortes, ou qu'on a enterrées vivantes, le

*Préface de la feconde édition du premier volume, pag. xx.

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nombre en fut-il plus grand, ne prouvent pas l'incertitude de ces fignes. L'éclairciffement de ces deux chefs pourra fixer vos doutes, s'il vous en reftoit encore.

*» Une perfonne de diftinction, » c'est M. Bruhier qui parle, demeu»rant à Paris, attaquée d'une de ces » maladies dont on guérit tous les jours bien qu'elles foient mortelles » de leur nature, mais où la mort ne » vient pas brufquement, étoit traitée par un Médecin de la faculté dont » on n'a pu me dire le nom. Il laiffa » le foir le malade en danger, mais » fans avoir lieu de craindre qu'il le » vit pour la derniere fois. Lorfqu'il » vint le lendemain on lui dit que le » malade étoit mort la nuit. En conféquence on l'avoit mis fur la paille » & enfeveli. Le Médecin affura po

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*Pag. 66. premier vol. feconde édition du Traité de M. Bruhier.

» fitivement que le malade n'étoit pas » mort; il fut remis au lit, & juftifia

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» le fentiment du Médecin en reve»nant d'un accident foporeux qui » avoit fait prendre le change aux affiftans. Il vécut encore plufieurs » années depuis fa réfurrection. »

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Il faut être bien clair-voyant pour appercevoir dans cette obfervation que les fignes de la Mort font incertains. Je vous déclare que je n'ai pas la vûe affez perçante pour cela ; je crois qu'on pourroit en tirer une conféquence favorable au fentiment contraire: en effet le Médecin a affuré po. fitivement que le malade n'étoit point mort, il a donc eu des fignes pour en juger ainfi ; il est donc évident que ce fait prouve directement contre l'incertitude des fignes de la Mort.

Les obfervations qui fuivent donneront lieu à des conféquences auffi pofitives.

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* » Le Maître d'une Hôtellerie de » la Ville de Clèves, tomba dans une telle fyncope à l'occafion d'une ma» ladie aigue & violente, qu'on l'au» roit enterré si M. Jean Wier ne l'eur

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rappellé à la vie en le tenant chau» dement au lit, lui mettant des re» médes fortifians fur le cœur & au poignet, & lui faisant avaller par » intervalle quelques gouttes de mé» dicamens corroborans; toutes ma» nœuvres qui divertirent les affiftans » aux dépens du Médecin, jufqu'à » ce que leur fuccès eut juftifié leur » utilité. »

Croiriez-vous, Monfieur, que cette obfervation eft intitulée: Premiere preuve ; & qu'elle eft à la tête d'un Paragraphe qui a pour titre... Preuves de l'incertitude des fignes de la Mort dans les maladies contagieufes?

*Page 147. feconde édition du premier volume.

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