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ees prétendus juges ne feroit pas démontré, il faudroit encore porter le flambeau d'une févere critique dans çes différentes hiftoires de réfurrections, pour y démêler ce qu'elles renferment de douteux ou de faux. Attaquer ce qui eft fuppofé dans un fait, ce n'est pas le contefter. On fert la vérité lorsqu'on la dégage de ce qui pourroit nous la rendre fulpecte.

Il faut diftinguer entre les faits avérés & ceux que l'on tire des relations douteufes de la multitude: ceuxci font fujets à être répétés, Pour peu qu'ils fourniffent matiere à plaifante rie, chacun veut fe les approprier; ils font arrivés dans le pays de tous ceux qui les racontent, leurs ayeux oụ leurs peres en ont été les témoins: le penchant que les hommes ont à donner crédit aux chofes où il entre de l'extraordinaire, porteroit même

la plupart de ces conteurs d'hiftoires, à dire, s'il falloit vaincre l'incrédulité des auditeurs, que le fait s'eft paffé fous leurs yeux, J'ai oui faire le conte fuivant par vingt perfonnes différentes, & je l'ai lû dans différens Auteurs, qui tous le donnoient comme un fair qui leur étoit particulier,... Dans un Village une femme eut une groffe maladie à la fin de laquelle elle tomba en léthargie. Son mari & ceux qui étoient autour d'elle la crûrent morte. Ils l'enveloppérent feulement d'un linge, & la firent porter en terre. En allant à l'Eglife, celui qui l'a portoit pafla fi près d'un buiffon que les épines l'ayant piquée, elle fortit de fa léthargie. Quatorze ans après elle mourut encore, au moins le crut-on ainfi; comme on l'apportoit en terre & qu'on l'approchoit d'un buiffon le mari fe mit à crier deux ou trois fois; N'approchez pas des haies.

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De pareilles hiftoriettes pourroientelles être le fondement d'un ouvrage férieux & important? En fuppofant même tous ces faits auffi certains que M. Bruhier demande qu'on les croye, ils ne deviennent pas plus concluans par leur nombre, Il ne fert qu'à fatiinutilement le Lecteur; car chaque hiftoire eft un fait fingulier duquel on ne peut tirer une conféquence abfolue, Ainfi la pluralité de ces faits réunis n'établit point un principe certain. Ils ne font au plus qu'un argument pofitif de la négligence, du peu d'attention, de l'ignorance, peut-être même de la méchanceté de ceux pour qui l'état des ma→ lades a été illufoire. Obfervez, Monfieur, quelle eft la force de ce raisonnement.... Il eft certain qu'on a enterré plufieurs perfonnes qui n'é toient pas réellement mortes: done les fignes de la Mort font incertains,

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La premiere propofition eft vraie, mais fi vous demandez une preuve de la conféquence, on vous alléguera que plufieurs perfonnes ont été enterrées vivantes. Voila précisément à quoi fe réduit toute la dialectique employée pour foutenir l'opinion de l'incertitude des fignes de la Mort, Vous êtes trop bon Logicien pour ne fentir le vice de cette argumentation.

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*

Il feroit étonnant que dans le pombre d'histoires rapportées par M. Bruhier, il ne s'en trouva point où des perfonnes de l'art fe foient trompées. » Des faits inconteftables » prouvent que des sujets livrés trop brufquement au couteau anatomi» que, ont donné par leurs cris des » marques certaines de vie, lorfqu'ils

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en ont fenti le tranchant, à la honte

*Texte de la Thèse de M. Winflow, traduite par M. Bruhier.

éternelle

éternelle de l'Anatomifte impru» dent ». Tel eft, dit-on, l'accident funefte arrivé à Véfale, le plus grand Anatomiste de fon fiécle. On allure que ce malheur est arrivé depuis à plufieurs perfonnes, fans doute moins habiles; cela ne feroit pas étonnant. Mais quelle induction tirera-t'on de ces faits? Tout le raifonnement qu'on peut faire à cette occafion, me paroît fe réduire à celui ci. Véfale étoit le plus grand Anatomiste de fon fiécle & il s'eft trompé fur les fignes de la Mort: donc ces fignes font incertains. Vous voyez, Monfieur › que la conféquence n'eft point jufte. L'erreur de Véfale eft une faute perfonnelle & particuliere d'où l'on ne peut tirer une conclufion auffi générale. Ce grand homme emporté par fa paffion pour l'Anatomie, a manqué d'attention & de prudence. C'eft le fentiment de tous ceux qui ont parlé de

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