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couler des effences précieuses dans la bouche. » Arnobe nous apprend » même qu'on népargnoit pas les parfums, puifqu'il dit d'un corps

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» mort, qu'il dégouroit d'un baume précieux; opobalsamo udum. Nous » apprenons de Kirchmann la raifon » de cette conduite; c'eft, dit-il, pour empêcher la mauvaise odeur da » corps.

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*

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M. Bruhier dit ailleurs **.... » Il » y à tout lieu de croire que la cou»tume de laver & de parfumer les » morts chez les Juifs, étoit moins » établie en faveur des morts que des » vivans. Comme on les gardoit plufieurs jours avant que de les enter»rer; la mauvaife odeur auroit rendu » cette précaution impraticable, ou » fait déferter la maifon mortuaire.

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*Caufa hujus unctionis erat ut foetor à cor pore mortuo arceretur. M. Bruhier, Tome I. pag. 491. feconde Edition.

** Ibid. pag. 473. C

Car

» Car la Judée étant un pays chaud, » les corps morts devoient y être at» teints de corruption beaucoup plu» tốt que dans un plus froid. Et puif» que cette raison étoit celle qui avoit » déterminé les Romains & les Grecs » à pratiquer cesdeux cérémonies,d'où vient ne croirions-nous pas qu'elle » en ait été la fource chez les Juifs ?»

Oui, Monfieur, je fouferis avec plaifir au fentiment de M. Bruhier; on embaumoit les corps pour les préferver de la pourriture, afin de pouvoir les conferver pendant quelques jours. Voilà le motif bien précisément exprimé. Mais ce délai n'étoit point une précaution pour connoître fi la mort étoit certaine : car les moyens qu'on employoit pour cette confervation des corps étoit une pratique meurtriere,dans le fens même de Monfieur Bruhier. C'est une chose qui ne peut-être mise en doute : L'antiquité

fainte & profane fe réuniffent pour donner la démonftration de cette vérité.

L'ufage des Juifs eft décrit de la maniere la plus claire & la plus précife dans l'Evangile de S. Jean *. Nicodéme qui vint pour enfevelir le corps de Jefus Christ, apporta environ çent livres d'une compofition de myrrhe & d'aloës. Jofeph d'Arimathie aida à envelopper le corps dans des linceuls avec ces aromates, felon la maniere d'ensevelir qui eft ordinaire aux Juifs.

On ne fe contentoit pas d'envelopper le corps; on lioit en outre les mains & les pieds avec des bandes. C'est ce que nous lisons dans le même

* Cap. XIX. v. 39 & 40. Ferens mixturam myrrha & aloës quafi libras centum, Acceperunt ergo corpus Jefu, & ligaverunt illud linteis cum aromatibus, ficut mos eft Judais fe pelire,

Evangélifte à l'occafion de Lazare *. Jefus l'ayant appellé, le mort à l'heure même fortit ayant les pieds & les mains liés de bandes, & le vilage enveloppé d'un linge. La coutume étoit donc d'emmaillotter les corps de la même maniere, à રે рец près, que le font nos enfans en nourrice. C'est le fentiment des Commentateurs, & entre autres du R. P. Dom Calmet.

Suppofons préfentement un homme qui ne foit mort qu'en apparence; un homme en qui le principe vital ne foit point entierement éteint: qu'on mette cet homme dans un drap après lui avoir étendu environ cent livres de fubftances balfamiques fur la furface extérieure du corps. Qu'on l'enveloppe enfuite &

* Cap. XI. v. 44. Et ftatim prodiit ligatus pedes manus inftitis, & facies illius Judario erat ligata.

qu'on le lie dans ce drap.Je demande, comment dans cet état fa refpiration pourra fe rétablir? Et file germe de vie qui lui reftoit pourra se développer? N'eft-il pas précisément dans le même cas qu'un homme qui auroit été enterré. Sa fituation eft la même que celle d'un homme cloué entre quatre ais de fapin, & recouvert de fix pieds de terre. Dans l'un & l'autre cas la mort est inévitable. Il étoit phifiquement impoffible que les corps ainfi arrangés donnaffent le moindre figne de vie. La coutume de différer les inhumations n'étoit donc pas prefcrite par la prévoyance, puifque pour conferver les corps fans être infectés de l'odeur qu'ils auroient pû exhaler, on affuroit infailliblement la mort. Peut-on donner à de telles pratiques le nom de précautions?

Plufieurs peuples ont obfervé la même coutume que les Juifs. M. Bruhier

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