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venus à atteindre le territoire français, le 30 Mars, à Condé, et il sont signé leur déclaration.

(Signé)

MESLILLE, sergent des carabiniers.
FLOMPHE, fourrier au 26e léger,
MONARD, carabinier au 22e léger.
MAUBEZ, idem au 26e léger.
LESPAGNOL.

15 Avril, 1815.

Paris, le 14 Avril.

Par décret impérial du 7 de ce mois, M. le général comte Dumas est nommé directeur-général de l'organisation des gardes nationales sous les ordres du ministre de l'intérieur.

Par décret du 8 Avril, S. M. a accordé la décoration de la Légion d'honneur à MM. Huzard, Bosc, Arago, Biot, Desmarets, Gay-Lussac, Poinsot, Richard, Sicard, Deveux et Thénard, membres de l'institut impérial.

Sire,

Rapport à S. M. l'empereur.

Le 21 Décembre, une loi spéciale reconnaît comme dettes de l'état, les dettes contractées en pays étranger par le roi et par les princes de sa maison, dont le roi se déclarait personnellement responsable: cette résolution fut prise sans opposition, sans débats, sans réserve, avec tout l'abandon que le noble caractère français imprime à tous les mouvemens de sa générosité.

Les

En conséquence, une commission fut chargée de la vérification des titres que produiraient les réclamans, et commença le cours de ses opérations: le 20 Mars dut les terminer. scellés furent apposés sur les papiers qui avaient déjà été réunis: je les ai fait lever, de concert avec votre ministre des finances.

Il était naturel de penser, Sire, qu'on aurait usé avec délicatesse des ressources accordées avec tant de loyauté, et que la munificence nationale n'aurait été employée qu'à payer d'honorables services, qu'à tenir compte des secours accordés au malheur, qu'à indemniser des pertes trop inséparables des longues crises politiques.

L'examen rapide des pièces présente le résultat suivant: d'abord un volumineux registre, formé aux premières époques de l'émigration, et qui en compose en quelque sorte les ar chives. Remis aux commissaires par M. de Blacas, ce registre devait être et était consulté à chaque réclamation; il en

S

éclairait l'objet et le mérite; il dirigeait les rapporteurs dans leurs propositions.

Voici, à très-peu d'exceptions près, les articles qui s'y reproduisent depuis le commencement jusqu'à la fin:

Demandes relatives aux rassemblemens et aux cantonnemens de l'armée.-Depenses des premières et secondes divisions de l'armée.-Coalition des provinces.-Maison militaire du roi.—Maison militaire des princes.-Infanterie, dragons et chasseurs.—Administration des vivres et équipages.-Chapelle de quartier-général.-Frais de voyage et d'agence particulière,

etc.

Plusieurs de ces dépenses avaient prudemment été acquittées, et il en restait à solder pour un peu moins de 30 millions. Mais 30 millions auraient été loin de satisfaire à des réclamations qui n'étaient pas consignées dans le registre, qui, chaque jour, se multipliaient, et qui étaient accueillies de préfé

rence.

C'est un sieur Borel qui a organisé une force armée dans le Gévaudan; c'est un quartier-maître-général de l'association bretonne; c'est un prince de Hohenloe: une duchesse Pie de Bavière; un sieur Braschi du Cayla, pour frais de levée de régimens au service des princes; c'est Louis-Joseph de Bourbon, auquel il revient 1,554,318fr. qu'il a employés pour dépenses particulières de l'armée: c'est le sieur Jahannot de Crochat, qui reconnaît bien avoir recu plus de 20 millions pour l'entretien de cette armée, mais qui réclame encore quelque chose; ce sont les héritiers Calonne qui ont aussi des répétitious à faire, en produisant une déclaration signée LouisStanislaus-Xavier et Charles-Philippe, où il dit: qu'il y a lieu d'être étonné qu'avec 14 millions, ledit sieur Calonne ait pu suffire au paiement de 23 mille hommes.

C'est une multitude d'articles qui se répètent sans cesse pour la légion Mirabeau, pour les hommes d'armes, pour la foule des agens qui venaient dans nos provinces semer des libelles, organiser des discordes, le vol et l'assassinat.

Ainsi les trésors de la nation étaient employés à-la-fois au salaire des plus honteux trafics, et à la liquidation d'une guerre faite contre le peuple frençais.

Le duc d'OTRANTE.

Circulaire du ministre de la police générale à MM. les préfets.

M. le prefet, les réformes, les humiliations, les congés, tous les moyens de violence ou de séduction ont été employés pour dissoudre l'armée qu'on désespérait de corrompre et de faire concourir à l'asservissement de la nation.

Un grand nombre de sous-officiers et deoldats sont rentrés dans leurs foyers. Les uns ont profité des oies de retraite qu

leur étaient ouvertes; les autres ont déserté une cause qui leur paraissait étrangère et abandonné une carrière où désormais tout espoir d'avancement leur était interdit.

Ils n'auront pas moins rendu des services importans à la cause de la liberté. Ils ont soutenu le courage du peuple et la résistance opposée de toutes parts aux prétentions orgueilleuses des classes anciennement privilégiées; ils ont préparé le triomphe du héros de la France; qu'ils s'arment aujourd'hui pour achever et défendre leur ouvrage.

Le décret du 28 Mars les rappelle sous les drapeaux, et ils n'ont plus à craindre d'être condamnés à vieillir dans l'obscurité des rangs. Les grades, les honneurs ne sont plus réservés à la noblesse de naissance, cette fois abolie pour toujours: ils redeviennent la récompense et le patrimoine commun du courage, des talens et des longs services.

Vous remarquerez, monsieur le préfet, que le décret ne s'adresse point à des hommes nouveaux, mais à ceux qui connaissent le métier des armes et qui ont quitté l'armée pour quelque cause que ce soit.

Une ordonnance du 9 Mars leur avait déjà prescrit de rejoindre et de former des bataillons de réserve. Alors ont-ils pu refuser de se rallier pour une famille qui voulait exciter la guerre civile, et dont les malheureuses destinées sont depuis vingt ans de déchirer le sein de la France.

C'est aujourd'hui sous les couleurs nationales, sous les aigles victorieuses qu'ils doivent se réunir pour leur propre intérêt, pour la tranquillité de leurs foyers, pour la gloire et l'indépendance de la patrie.

Nous sommes en paix. L'empereur a solennellement proclamé l'intention de maintenir le traité de Paris; quel est donc le but de ces préparatifs hostiles au-delà de nos frontières? Quand nous ne voulons prendre aucune part aux arrangemens intérieurs des états voisins, les états voisins prétendraient-ils s'arroger le droit de diriger nos affaires domestiques? Est-ce par des menaces, par les armes et par des maîtres de leur choix qu'ils veulent dominer la France?

Et quels rois, quelles nations pourraient voir sans effroi une violation aussi inouïe de l'indépendance et des principes qui font la sûreté de toutes les nations et de tous les gouvernemens! Quel peuple, s'il n'est abruti par une longue servitude, pourrait consentir à recevoir un monarque des mains de l'étranger!

Il n'y a pas un siècle que des princes rappelés sur le trône par une poignée de factieux, eu furent chassés de nouveau par la volonté du peuple. Nos pères ont vu les Stuarts fatiguant la pitié des cours de l'Europe et mendiant honteusement leurs secours. Ils ont vu l'Angleterre affronter les menaces et les armes du Continent, échapper par ce dernier acte de cou

rage aux troubles civils, aux poignards d'une hypocrite tyrannie, et terminer une révolution qui eut, comme la nôtre, ses écarts, ses erreurs, et le besoin d'une dynastie nouvelle.

La France serait-elle plus malheureuse? serait-elle réservée à une humiliation dont on ne trouve l'exemple dans l'histoire d'aucun peuple libre? Aurait-elle la lâcheté de souffrir qu'on lui dictât des lois, lorsqu'elle a le droit et le pouvoir de rejeter toute espèce de joug? lorsque 300 mille guerriers éprouvés dans les combats et deux millions de citoyens sont prêts à marcher à la voix de la patrie? Non, le trône où les votes constatés de quatre millions d'hommes ont appelé l'empereur, ce trône affermi par taut de traités, illustré par tant de sacrifices, consacré par la religion, ne peut devenir la proie des conquérans.

Les projets conçus dans un premier moment d'alarmes et dans l'incertitude des événemens, n'auront aucune suite et ne sauraient avoir de succès, quand l'Europe apprendra que les Bourbons ne peuvent plus recevoir d'autres secours que ceux de l'hospitalité; quand ella saura que la France achevant, dans le cercle de ses limites reconnues, sous la foi des traités et la protection du droit des gens, le grand œuvre de sa révolution, se montre unanime dans le généreux dessein de résister à l'oppression et de repousser des aggressions injustes.

Je ne pense pas, monsieur le préfet, que la mesure dont vous devez assurer le succès puisse éprouver le moindre obstacle. Vous voudrez bien ne me rien laisser ignorer de ce qui concerne son exécution.

Recevez, monsieur le préfet, l'assurance de ma considération distinguée,

Le ministre de la police générale,
Le duc D'OTRANTE.

Paris, le 13 Avril, 1815.

Le ministre de la guerre aux militaires rappelés sous les drapeaux par le décret du 28 Mars.

Vous avez voulu votre empereur, il est arrivé. Vous l'avez secondé de tous vos efforts. Venez, afin d'être tout prêts à défendre la patrie contre des ennemis qui voudraient se mêler de régler les couleurs que nous devons porter, de nous imposer des souverains, et de dicter nos constitutions. Dans ces circonstances, c'est un devoir pour tous les Français déjà accou tumés au métier de la guerre d'accourir sous les drapeaux.

Présentons une frontière d'airain à nos ennemis, et apprenons-leur que nous sommes toujours les mêmes.

Soldats! soit que vous ayez obtenu des congés absolus qu limités, soit que vous ayez obtenu votre retraite, si vos bleș

sures sont cicatrisées, si vous êtes en état de servir, venez; l'honneur, la patrie, l'empereur vous appellent.

Quels reproches n'auriez-vous pas à vous faire si cette belle patrie était encore ravagée par ces soldats que vous avez vaincus tant de fois, et si l'étranger venait effacer la France de la carte de l'Europe.

(Signé)

Le prince d'EсKмUHL.

17 Avril, 1815.

Paris, le 16, Avril.

DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.

Le duc d'Albufera au ministre de la guerre.

Lyon, le 16 Avril, 1815.

Le 12, la ville de Marseille, sur l'invitation du maréchal prince d'Essling et sans attendre l'arrivée de nos troupes, a arboré le drapeau tricolore. Il flotte, depuis le 10, à Draguignan et à Antibes.

A midi, cette nouvelle a été annoncée à la capitale par une décharge de 100 coups de canon tirée par l'artillerie des invalides.

S. M. a passé aujourd'hui la revue de la garde nationale de Paris, composée de 12 légions, formant 48 bataillons, 24 bataillons étaient formés dans la cour du palais des Tuileries, et les 24 autres sur la place du Carrousel. Lorsque les 24 premiers bataillons ont été passés en revue, ils se sont serrés; les autres sont entrés dans la cour et ont fait face en arrière. L'empereur a passé successivement dans tous les rangs et s'est arrêté pendant quelque tems devant chaque bataillon. Les officiers étant ensuite venus au cercle, S. M. leura adressé la parole à-peu-près en ces termes:

"Soldats de la garde nationale de Paris, je suis bien-aise de vous voir. Je vous ai formés il y a quinze mois pour le maintien de la tranquillité publique dans la capitalé et pour sa sûreté. Vous avez rempli mon attente. Vous avez versé votre sang pour la défense de Paris; et si des troupes ennemies sont entrées dans vos murs, la faute n'en est pas à Yous, mais à la trahison, et surtout à la fatalité qui s'est attachée à nos affaires dans ces malheureuses circonstances.

"Le trône royal ne convenait pas à la France. Il ne donnait aucune sûreté au peuple sur ses intérêts les plus précieux. Il nous avait été imposé par l'étranger. S'il eût existé, il eût été un monument de honte et de malheur. Je suis arrivé armé de toute la force du peuple et de l'armée pour faire dis

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