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Dans la traversée, Napoléon m'a dit qu'il y avait plusieurs membres du sénat et d'autres grands personnages qui avaient fait une insurrection, et créé un gouvernement provisoire qui le rappelait au trône,

Nous débarquâmes au golfe Jouan le 1er Mars, à deux heures après midi. L'on campa auprès du rivage. Nous partimes dans la nuit suivante: les préparatifs qu'on faisait, les mesures qu'on prenait, m'inspiraient des craintes; je les té moignai. Napoléon m'assura que nous ne nous battrions pas. Je répétai encore que jamais je ne me battrai contre mon pays. Pendant ce peu de jours, et contre son ordinaire, Napoléon me dit beaucoup de choses honnêtes; il devait me faire l'in tendant-général de son armée, dès qu'elle serait organisée. Nous marchions rapidement; l'on achetait toutes les montures qu'on pouvait trouver; l'on prenait beaucoup de précautions pour aller en avant. Enfin, il me sembla que nous marchions à l'ennemi, et non au milieu de la France. Dès-lors, mon parti fut pris; à Digne, je laissai avancer Napoléon, et je me décidai à me rendre auprès de V. Ex., qui, depuis bien des années, m'entoure de sa bonté, et qui connaît la pureté de mes principes, etc.

18 Mars, 1815.

Marseille, le 9 Mars.

Le maréchal Massena, prince d'Essling, a publié aujourd'hui la proclamation suivante:

Habitans de la ville de Marseille,

L'ennemi a passé avec trop de rapidité sur les frontières de mon gouvernement pour qu'on pût s'y opposer, mais j'ai prévenu en tems utile toutes les autorités qui peuvent l'arrêter dans sa marche.

Toutes les mesures de précautions que les circonstances prescrivaient de prendre, je les ai prises; j'ai écrit au gouver neur-général de Lyon, au lieutenant-général de la 7e division. au préfet de la Drôme ; j'ai fait poursuivre, même hors des limites de la 8e division, le corps débarqué de l'ile Elbe, par un lieutenant-général, qui a non-seulement des forces suffisante en troupes de ligne, mais encore des détachemens des braves gardes nationales des villes de Marseille, d'Aix et. d'Arles, et qui a reçu l'ordre d'appeler auprès de lui toutes celles dont il pourrait avoir besoin.

Les avis que j'ai donnés ont eu tout le succès que je pouvais en attendre.

Ils ont empêché l'ennemi de trouver sur son passage les auxi liaires sur lesquels il comptait.

Je suis déjà prévenu officiellement que les débouchés du Val, Drôme et du Val de Nyons, sont gardés.

Qu'une correspondance a été établie de Gap à Valence, par les montagnes du Diois, pour diriger les troupes suivant l'occurence.

Toutes ces dispositions doivent vous rassurer.

D'un autre côté, je veillerai à ce que la tranquillité du paisible citoyen we soit pas troublée, et je vous réponds que, secondé par M. le marquis d'Albertas, votre préfet, et de vos autres magistrats, je saurai la maintenir dasn son intégrité.

Je

Habitans de Marseille, vous pouvez compter sur mon zèle et sur mon dévouement. J'ai juré fidélité à notre Roi légitime. Je ne dévierai jamais du chemin de l'honneur. suis prêt à verser tout mon sang pour le soutien de son trône. Le maréchal de France, duc de Rivoli, gouverneur de la 8e division militaire.

PRINCE D'ESSLING.

19 Mars, 1815.

Besançon, le 16 Mars.

Rien ne peut égaler l'activité des mesures prises par les autorités civiles et militaires de ce département, si ce n'est l'enthousiasme qui y va tonjours croissant. Les nouvelles de

Suisse sont excellentes; on y prend une attitude militaire propre à déconcerter les partisans de Bonaparte qui pourraient agiter le canton de Vaud. Les Bernois sont dévoués à la maison de Bourbon, L'esprit de la Franche-Comté est essentiellement royaliste et fidèle; toutes les dispositions sont exécutées avec ensemble; une confiance magique est attachée au seul nom du roi; c'est pour le roi que tous jurent de mourir, et c'est par le roi que la France paraît déjà sauvée.

Tout ce qui est nécessaire au corps du prince de la Moskowa est fourni avec rapidité; des offres de toute espèce de service arrivent de tous les points du département. L'ordon

nance du roi, du 9 Mars, a rempli d'un noble orgueil tous les militaires en congé et à demi solde. Les Francomtois se présentent en foule à M. le comte de Scée, préfet, pour être dirigés sur le corps du prince de la Moskowa. Un corps de volontaires s'est déjà porté sur Auxonne: tout enfin respire ici l'amour du roi, la confiance et la fidélité.

Bonaparte qui est parti d'Autun le 16, continue à répandre sur sa route le mensonge, la corruption, l'appel au parjure et la calonnie. Tantôt il accuse l'honneur des Maréchaux dont la loyauté est la plus connue et la mieux assurée, et dont il ose publier de prétendues proclamations; tantôt il débite les

fables les plus absurdes, telles que le départ du roi de Paris, et le soulèvement de la capitale; ailleurs il essaie de faire circuler le bruit qu'il est appuyé par quelques-unes de ces mêmes puissances qui ont déjà prononcé son arrêt; et qui, en ce moment oubliant au congrès les discussions personnelles dont elles s'étaient occupées, se réunissent toutes dans la senle pensée d'écraser l'ennemi des nations et le fléau de l'humanité.

Ainsi ce n'est plus cet homme qui, dans le cours déplorable des guerres que son ambition a suscitées à la France, pour adoucir le sentiment de nos malheurs, cherchait à fasciner les yeux par le prestige de ses succès militaires: c'est un homme qui, pour soutenir sa détestable entreprise, ne peut plus employer que des moyens dignes d'elle.

Mais l'opinion le repousse avec horreur: la France ne voit en lui que la guerre civile et la guerre étrangère qu'il traîne à sa suite: elle se rallie toute entière au seul nom de ce Roi qui lui a apporté la paix et la liberté. Elle unit son amour aux respects de l'Europe pour son auguste Monarque; elle combattra, elle vaincra, et pour elle et pour lui.

20 Mars, 1815.

Paris, le 19 Mars.

PROCLAMATION.

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à nos amés et féaux, les pairs de France et les députés des départemens:

La divine Providence qui nous a rappelé au trône de nos pères, permet aujourd'hui que ce trône soit ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avait juré de le défendre; nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitans de Paris pour en disputer l'entrée aux rebelles; mais nous frémissons des malheurs de tous genres qu'un combat dans ses murs attirerait sur les habitans.

Nous nous retirons avec quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs, et puisque nous ne pouvons point défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces et chercher sur un autre point du royaume, non pas des sujets plus aimans et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des Français plus avantageusement placés pour se déclarer pour la bonne cause.

La crise actuelle s'apaisera; nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés dont la défection livre nos sujets à taut de dangers, ne tarderont pas à reconnaître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompeuse de leur retour.

D

Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple à qui nous ramenerons encore une fois la paix et le bonheur.

A ces causes, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit:

Art. 1er. Aux termes de l'article 50 de la Charte constitutionelle, et de l'article 4 du titre 2 de la loi du 14 Août, 1814, la session de la chambre des pairs et celle de la chambre des députés des départemens pour 1814 sont déclarées closes. Les pairs et les députés qui les composent se sépareront à l'ins

tant.

2. Nous convoquons une nouvelle session de la chambre des pairs et la session de 1815 de la chambre des députés.

Les pairs et les députés des départemens se réuniront le plus tôt possible au lieu que nous indiquerons pour le siége provisoire de notre gouvernement,

Toute assemblée de l'une ou de l'autre chambre qui aurait lieu ailleurs, sans notre autorisation, est dès-à-présent déclarée nulle et illicite.

3. Notre chancelier et nos ministres, chacun dans ce qui le concerne, sont chargés de l'exécution de la présente proclamation qui sera portée aux deux chambres, publiée et affichée, tant à Paris que dans les départemens, et envoyée à tous les préfets, sous-préfets, cours et tribunaux du royaume.

Donné à Paris, le 19 Mars de l'an de grâce 1815, et de notre règne le vingtième.

Par le roi.

(Signé)

Louis.

Le chancelier de France,

(Signé)

DAMBRAY.

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21 Mars, 1815.

Paris, le 20 Mars.

Le Roi et les princes sont partis daus la nuit.

ARRIVÉE DE BONAPATE A PARIS.

21 Mars, 1815.

Paris, le 20 Mars.

S. M. l'empereur est arrivé ce soir à 8 heures dans son palais des Tuileries. Il est entré à Paris à la tête des mêmes troupes qu'on avait fait sortir ce matin pour s'opposer à son passage. L'armée qui s'était formée depuis son débarquement n'avait pas pu dépasser Fontainbleau. S. M. a passé sur sa route la revue de plusieurs corps de troupes. Elle a marché constamment au milieu d'une immense population qui partout se por tait au-devant d'elle.

Le brave bataillon de la vieille garde, qui a accompagné l'empereur depuis l'île d'Elbe, arrivera ici demain et aura fait ainsi, en 21 jours, le trajet du Golfe-Juan à Paris.

Nous donneroos demain le récit de ce qui s'est passé sur la route de S. M. depuis son débarquement jusqu'à son arrivée à Paris.

S. M. a donné le portefeuille du ministère de la justice à S. A.S. le prince archi-chancelier de l'empire.

S. M. a nommé:

M. le duc de Gaëte, ministre des finances.

M. le duc de Bassano, ministre secrétaire-d'état,

M. le duc de Decrès, ministre de la marine et des colonies.
M. le duc d'Otrante, ministre de la police générale,
M. le comte Mollien, ministre du trésor impérial.

M. le maréchal prince d'Eckmühl, ministre de la guerre. M. le duc de Rovigo, premier inspecteur général de la gendarmerie,

M. le comte de Bondy, préfet du département de la Seine. M. le conseiller d'état, Réal, préfet de police.

PROCLAMATION.

Au Golfe-Juan, le ter Mars, 1815. Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions de l'emppire, empereur des Frauçais, etc, etc, etc.

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Nous n'avons pas été vaincus. Deux hommes sortis de nos Fangs ont trahi nos lauriers, leur pays leur prince; leur bienfaiteur.

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