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d'une manière spéciale l'attention de l'empereur: ils n'ont pas eu seulement pour objet l'embellissement de la capitale, de grandes vues d'utilité publique ont présidé à l'exécution des projets.

La construction du vaste édifice des greniers de réserve est déjà très-avancée.

Le palais de la bourse, établissement qui manquait à la ville de Paris, sera l'un de ses plus beaux monumens; jusqu'en 1814, les travaux en ont été poussés avec la plus grande activité.

La restauration de la Métropole est terminée; celle de l'église Saint-Denis est très-avancée; la construction de celle de la Magdelaine, reprise sur un meilleur plan, promet dans quelques années, à la capitale un monument fait pour honorer l'architecture française.

Divers établissemens, tels que l'hôtel des Postes et celui des affaires étrangères, sont en construction.

D'autres grands monumens sont commencés sur divers points: plusieurs sont destinés à transmettre aux siècles futurs la gloire de nos armées; ils étaient suspendus depuis un an; espérous que la paix nous permettra bientôt de les reprendre et d'y inscrire les nouveaux titres des braves qui vont combattre pour notre indépendance.

Mines.

La France dans ses limites actuelles, contient un grand nom bre de mines dont l'exploitation offre pour le présent et pour l'avenir, des ressources précieuses au commerce et à l'industrie. Nos mines de fer donnent à peu près 1,400,000 quintaux métriques: avec de telles ressources, la France peut se passer des fers étrangers: l'expérience prouvera bientôt si nos aciers fondus peuvent remplacer ceux que nous tirons du dehors.

Manufactures.

La France a l'avantage inappréciable d'être à la fois agricole et manufacturière à l'exception du coton, les produits de son sol fournissent à ses manufactures la presque totalité des matières premières qui leur sont nécessaires.

La France est du petit nombre de ces nations privilégiées qui peuvent, pour ainsi dire, se suffire à elles-mêmes: l'agriculture lui fournit abondamment ce qui est nécessaire à la subsistance de ses habitans; et les manufactures versent dans la consommation tout ce que le luxe du riche et les besoins du peuple peuvent désirer.

La nature avait donc tout préparé pour la prospérité de la France; mais des institutions dont l'origine remonte aux premiers tema de la civilisation, ont contrarié de tout tems le développement de ces heureuses dispositions: les droits féodaux, la dîme, les corvées, les réglemens, l'abjection dans laquelle on retenait l'homme utile et industrieux, sont tout autant de fléaux qui pe

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saient sur le peuple et étouffaient les efforts de l'industrie. Notre révolution tant calomniée a pù seule briser tous ces obstacles, et rétablir l'agriculteur, le manufacturier, le commerçant au degré de considération que méritent leurs utiles travaux.

Comparez, Messieurs, l'état des arts avant la révolution à ce qu'ils sont aujourd'hui, et vous serez étonnés du degré de perfection où ils sont parvenus. Jadis tributaires de l'étranger pour la plupart de nos produits, étrangers à presque tous les marchés de l'Europe, pour l'infériorité de notre fabrication, nous pouvons aujourd'hui concourir avec avantage avec les pays où les arts sont les plus parfaits.

Le peu de tems que l'Angleterre jalouse nous a laissé pour faire connaître nos produits, l'a convaincue de notre supériorité dans presque tous les genres d'industrie: et, ne nous y trompons pas, Messieurs, c'est pour nous replonger dans l'état de dépendance où elle nous avait laissés en 1789, c'est pour conserver le monopole du commerce, qu'elle cherche à susciter une guerre injuste dont tous les fléaux retomberont sur elle.

La seule crainte de la guerre influe déjà singulièrement sur le sort de nos fabriques; elles ne travaillent guères que pour la consommation intérieure qui, dans des tems de crise, diminue même sensiblement.

Tout ce que peut faire l'administration en ce moment, c'est de conserver ce qui est acquis, et de préparer des améliorations pour l'avenir. Dans le systême d'amélioration que suit le gouvernement, il s'est proposé de procurer à la France les branches d'industrie qui nous manquent, et de perfectionner celles que nous possédons: de ce nombre sont la fabrication des aciers fondus, la filature du coton dans les numéros les plus élevés, le perfectionnement des mécaniques propres à filer le lin, le chauvre et la laine; l'amélioration et la simplicité dans la construction des machines à vapeur, la fabrication des aiguilles à coudre,

etc.

Des préjugés avaient fait regarder la fabrication du sucre de betterave comme l'une de ces productions qui, si elles donnent des résultats de quelqu'intérêt pour la science, n'en ont aucun pour le commerce; aujourd'hui il n'existe plus de doute sur les avantages qu'elle procure. Depuis l'ouverture de nos ports et l'extrême réduction des droits sur l'importation du sucre de canne, plusieurs établissemens se sont avantageusement soutenus, et la fabrication, qui se perfectionne tous les jours, ne permet pas de douter que cette branche d'industrie, qui présente de si grands avantages pour l'agriculture, ne s'établisse d'une manière stable, et n'affranchisse bientôt, pour cet objet, l'Europe du NouveauMonde. Il en est de même de l'indigo-pastel, dont la fabrication n'est pas aussi avancée, mais dont néaumoims il y a des établissemens qui ont résisté à la concurrence de l'indigo des Indes.

Le gouvernement s'occupe, avec le plus grand soin, de nationaliser ces deux branches d'industrie.

Nos fabriques de soude factice ont obtenu tous les résultats qu'on devait attendre de l'état actuel de la chimie; elles fournissent à tous les besoins, on les approprie à tous les usages, et la France n'est plus tributaire de l'étranger pour ce produit.

Nos mécaniques pour la filature, le tissage et les apprêts, se multiplient et se perfectionnent tous les jours.

Les ateliers de construction rivalisent de perfection dans leurs ouvrages, et la concurrence de leurs produits en a fait baisser le prix à tel point, qu'on a pu les introduire dans les fabriques les moins importantes.

Une nouvelle machine, née en France, et déjà adoptée en Angleterre, pour la fabrication du papier, vient d'être reportée dans son pays natal: cette machine à l'avantage sur les procédés connus de faire des feuilles ou pièces de papier d'une longueur indéterminée, sur une largueur de quatre à cinq pieds; l'économie pour la main-d'œuvre est d'un à quinze.

Je ne dois pas passer sous silence le procédé par lequel M. Darcet vient d'ajouter à la masse alimentaire, en retirant des os une nourriture aussi saine qu'abondante et économique: déjà cinq des plus grands hospices de Paris sont nourris par cet établissement; tous les autres vont l'être incessamment; et l'économie est assez considérable pour que l'administration ait pu améliorer le sort des malades, et leur donner, sans augmenter la dépense primitive, de l'excellente volaille plusieurs jours de la semaine. Des établissemens semblables peuvent être formés dans toutes les grandes villes de l'empire.

Commerce.

L'incertitude résultante de la situation politique de l'Europe dans le moment actuel, a dû nécessairement ralentir, en France comme chez toutes les uations, les spéculations du commerce; mais cet état de choses ne peut être`que momentané. L'intérêt et le besoin réciproque des communications et des échanges entre tous les peuples, auront bientôt rendu aux rapports commerciaux qui les lient l'activité et l'étendue dont ils sont susceptibles,

Le gouvernement, qui est disposé à faire pour la paix tous les sacrifices qui sont compatibles avec l'honneur et l'intérêt de la nation, hâtera cette époque heureuse par tous les moyens qui sont en son pouvoir. Alors, quel vaste champ s'ouvrira pour notre commerce, soit dans les expéditions que nous destinerons aux Etats-Unis d'Amérique nos anciens alliés, et au royaume du Brésil nouvellement offert aux spéculations du commerce euro péen! Aux Etats-Unis, au Brésil nous aurous, pour ainsi dire, à créer de nouveaux rapports, à conquérir le goût du consommateur pour les produits nombreux et variés de notre industrie:

dans l'un et l'autre de ces pays, nous trouverons à composer des retours avantageux en matières premières, aliment de nos plus importantes manufactures.

Au Levant et en Barbarie, la guerre la plus opiniâtre n'a pu nous faire perdre entièrement l'espèce de prépondérance que le commerce français y avait anciennement acquise: et les habitans de ces pays soupirent après le moment qui doit voir se rétablir tous leurs liens d'amitié et de commerce.

L'Italie, privée depuis long-tems de ses relations commerciales avec nous, mais constamment entretenue dans le désir de s'en rapprocher plus intimement, saisira avec ardeur les premières occasions qui lui seront offertes pour satisfaire ses besoins, en s'approvisionnant des produits agricoles ou indastriels, dont quinze années de jouissances antérieures lui ont fait contracter le goût et l'habitude.

Vers le nord de l'Europe, mêmes besoins, mêmes intérêts se font sentir pour rendre aux opérations du commerce, au travail des classes nombreuses de la société, la sécurité qui leur est si nécessaire, et que la force naturelle des choses doit ramener inévitablement un peu plus tôt ou un peu plus tard.

En attendant l'époque où pourront se réaliser des espérances d'autant mieux fondées qu'elles sont respectivement partagées par tous les peuples, l'administration étudie, discute et prépare en France les mesures qui doivent diriger et protéger le commerce, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Déjà il a ressenti les heureux effets de la bienveillante solli citude du gouvernement dans cette disposition libérale qui, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, appelle la propriété commerciale et industrielle à être nommément représentée dans le corps législatif: ainsi, désormais, les véritables intérêts de ces deux sources de la richesse publique seront discutés dans le sein même de la représentation nationale, par des commerçans et des manufacturiers distingués, que leurs lumières et la confiance de leurs concitoyens auront investis de ces fonctions honorables. Ce premier pas vers une amélioration sensible dans l'administration du commerce et de l'industrie, fait assez pressentir toute la considération qui s'attachera par la suite à l'exercice de ces professions utiles, trop négligées peut-être par les anciens gouvernemens pour qu'elles s'appréciassent elles-mêmes à leur véritable valeur.

La révision de quelques articles du code de commerce, que l'expérience a fait juger susceptibles d'être modifiés; la refonte d'un tarif des douanes, sagement approprié à nos besoins, et calculé dans le double intérêt de nos importations et de nos exportations; l'examen approfondi des grandes questions commerciales de franchise, d'entrepôt, de transit; la protec tion due à notre marine et à notre navigation marchande

l'encouragement des pêches lointaines et sur nos côtes; toutes ces matières importantes, d'abord méditées de concert entre le gouvernement et les chambres de commerce, s'accroîtront encore, à la tribune publique, de tout l'intérêt qui naîtra d'une discussion appuyée sur la connaissance exacte des faits et des Instruction publique,

localités.

L'université impériale est replacée sur sa première base: tous ses établissemens sont en pleine activité.

Le nombre des établissemens étant réduit, les élèves sont nécessairement moins nombreux que les années précédentes; mais leur nombre n'a pas diminué dans la même proportion celui des établissemens.

que

L'université ne renferme plus que vingt-six académies.
Elle compte cinquante-deux facultés, dont

7 de théologie,

9 de droit,

3 de médecine, 10 des sciences,

23 des lettres. 36 lycées.

368 colléges.

41 écoles secondaires ecclésiastiques. 1255 tant institutions que pensions. 22,348 écoles primaires.

6329 étudians suivent les cours des facultés; les deux tiers au moins appartiennent toujours au droit et à la médecine, ci .....

Le nombre des élèves des lycées s'élève à 9,000, tant boursiers que pensionnaires et externes, cì....... Celui des élèves des colléges à......

6,329

9,000

28,000

Celui des élèves des écoles secondaires ecclésias

tiques à.....

5,233

Celui des élèves des institutions et pensions à...
Celui des élèves des écoles primaires à..

39,623

737,369

Total...

825,554

L'école normale suit avec persévérance le but pour lequel elle a été instituée: elle compte en ce moment 70 élèves.

C'est de là que l'université doit tirer des sujets pour remplir les chaires des colléges, et les places d'aggrégés et de maîtres d'études dans les lycées: ces jeunes gens sont l'espoir du corps enseignant.

L'enthousiasme que les élèves font éclater dans les lycées est admirable; les sentimens qui les animent ont été com primés, il est vrai, mais il n'en ont acquis que plus d'ardeur.

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