Page images
PDF
EPUB

A cet effet, elles s'engagent à diriger, si le cas l'exigeait, et dans le sens de la déclaration du 13 Mars dernier,de concert et de commun accord, tous leurs efforts contre lui et contre tous ceux qui se seraient déjà ralliés à sa faction, ou s'y réuniraient dans la suite, afin de le forcer à se désister de ses projets et de le mettre hors d'état de troublér à l'avenir la tranquillité et la paix générales, sous la protection de laquelle, les droits, la liberté et l'indépendance des nations venaient d'être placés et assuyés.

ART. 2.

Quoiqu'un but aussi grand et aussi bienfaisant ne permette pas qu'on mesure les moyens destinés pour l'atteindre, et que les hautes parties contractantes soient résolues d'y consacrer tous ceux dont, d'après leur situation respective, elles peuvent disposer, elles sont néanmoins convenues de tenir constamment en campagne chacune, cent cin

la plus étendue. On juge aisément qu'elles ne peuvent pas aujourd'hui plaire d'avantage; mais enfin l'empereur, comme le dernier gouvernement, sans y donner son approbation, n'entend point faire la guerre pour s'y opposer: peut-on lui demander plus que de s'en tenir aux déclarations des plénipotentiaires de France au congrès ?

La question ici change de nature, elle se complique, et l'on confond ensemble deux objets très-distincts, le sens du traité de Chaumont et celui de la déclaration du 13 Mars n'ont aucun rapport ensemble, et c'est un jeu d'esprit d'une inconséquence audacieusement réfléchie, que de faire sortir d'un acte essentiellement défensif, le texte de la nécessité d'une aggression. La dernière partie de l'article, en rappelant la déclaration du 13 Mars en reproduit le langage. Selon cette grammaire nouvelle, la France est à Gand, et les 28 millions d'habitans qui couvrent le sol français sont une faction. Que répondre à de pareils argumens?

ART. 2.

Il y a ici une distinction à faire, et cette distinction admise, toutes les opinions seront d'accord. Si, comme on cherche à le faire croire, l'Empereur Napoléon voulait bouleverser le monde, le but de la ligue que l'on forme contre lui serait grand et bienfaisant; tous les efforts pour le répousser seraient légitimes; mais si, comme il en donne l'assurance

quante mille hommes au complet, y compris, pour le moins, la proportion d'un dixième de cavalerie, et une juste proportion d'artillerie, sans compter les garnisons, et de les employer activement et de concert contre l'ennemi commun.

ART. 3.

Les hautes parties contractantes s'engagent réciproquement à ne pas poser les armes que d'un commun accord et avant que l'objet de la guerre designé dans l'art. 1er du présent traité n'ait été atteint, en tant que Buonaparte ne sera pas mis absolument hors de possibilité d'exciter des troubles et de renouveler ses tentatives pour s'emparer du pouyoir suprême en France.

solennelle, il n'a d'autre désir que de conserver la paix; si la France, comme lui, ne peut avoir d'autre intérêt ni d'autre vœeu, il faut supposer aux armemens des puissances un but moins grand, moins bienfaisant que celui qu'on leur prête, puisqu'il n'y aurait ni grandeur ni bienfaisance à conspirer l'asservissement ou le démembrement d'une nation dont l'immobilité ne four nit aucun prétexte aux immenses préparatifs dirigés contre elle.

ART. 3.

en

Enfin voilà de la franchise: les puissances contractantes pouvaient s'abstenir d'entortiller leurs intentions dans les deux premiers articles pour les mettre à nud dans le troisième; de toute manière, ce troisième article arrive trop tard. La prétention des alliés est d'empêcher l'empereur Napoléon de s'emparer France du pouvoir suprême. Même en adoptant leur logique dans toute sa plénitude, l'acte est incomplet, il marque ici uue clause. Il fallait prévoir le cas où ce qu'elles veulent prévenir serait déjà consommé: il fallait raisonner dans cette supposition. A la vérité, la supposition eût été inexacte et les faits en ont déjà fourni la preuve. Il est une autre chance à laquelle on n'a pas songé; c'était celle-ci où, par un mouvement universel de la population française, le pouvoir suprême se retrouverait tout d'un coup entre les mains de l'empereur. C'est précisement ce qui est arrivé. S'il

ses entours, ne pourrait jamais entrer dans un arrangement dont le résultat, s'il était heureux, serait la perte de la France; mais si, cédant à la fatalité qui a précipité la seconde et dernière chûte de sa maison, il mêle son étendard à des étendards ennemis, ce n'est pas le moyen d'accélérer

son retour sur notre territoire. C'est montrer encore à la nation effrayée la chimère de la possession de droit divin, une légalité insultante et le sceptre odieux de la féodalité. Vingtcinq années n'avaient pu dégager la famille des Bourbons de cet horrible cortége. Leur destinée est de vivre et de s'éteindre ensemble loin du sol régénéré de l'Empire Français.

ART. 9.

Le présent traité sera ratifié, et les ratifications en seront échangées dans deux mois, ou plus tôt, si faire se peut.

En foi de quoi, les plénipotentiaires respectifs l'ont signé` et y ont apposé le cachet de leurs armes.

Fait à Vienne, le 25 Mars de l'an de grâce 1815.

(L. S.) Le Prince DE MET

TERNICH.

Baron DE WESSEM

BERG.

WELLINGTON.

Le même jour, le même traité a été conclu entre la Russie et la Grande-Bretagne, ainsi qu'entre la Prusse et la Grande-Bretagne.

No. 3.

Réponse de Lord Castlereagh à M. le duc de Vicence.

Monsieur le duc,

Downing Street, le 8 Avril 1815.

J'ai reçu les deux lettres dont Votre Excellence m'a honoré, en date de Paris, le 4 de ce mois, et dont l'une renfermait une lettre adressée à S. A. R. le prince régent.

Je dois prévenir Votre Excellence, que le prince-régent a décliné de recevoir la lettre qui lui était adressée, et m'a en mêmetems donné ses ordres pour transmettre à Vienne celles qui m'étaient adressées par Votre Excellence, pour être portées à la connaissance et soumises à la considération des souverains alliés et des plénipotentiaires assemblés au congrès.

J'ai l'honneur d'être,

De Votre Excellence,

Le très-obéissant et très-humble serviteur,
CASTLEREAGH.

Monsieur le duc,

Downing Street, 8 April 1815.

I have been honor'd with two letters from Your Excellency bearing date the 4th. instant from Paris, the one covering a letter addressed to His Royal Highness the prince-regent.

I am to acquaint Your Excellency, that the prince-regent has declined receiving the letter addressed to him,and has at the same time given me his orders to transmit the letters addressed to Your Excellency to me to Vienna, for the information and consideration of the allied sovereigns and plenipotentiaries assembled at the congress.

I have the honour to be,
Your Excellency's,

Most obedient

[blocks in formation]

Il a été ordonné de ratifier le traité dont la substance a été donnée ci-dessus, et il a été notifié de la part du prince-régent aux hautes parties contractantes,que telle était la volonté de S. A. R., agissant pour et au nom de S. M., que lesdites ratifications soient échangées en due forme contre les actes semblables de Ja part des puissances respectives, sous une déclaration explicative de la teneur suivante, quant à l'article 8 dudit traité.

DÉCLARATION.

Le soussigné, en échangean les ratifications du traitédu 25 Mars dernier, de la part de sa cour, en a reçu l'ordre de déclarer que l'art. 8 dudit traité par lequel S. M. très-chré tienne est invitée d'y accéder sous certaines stipulations, doit être entendu comme liant les parties contractantes sous des principes de sécurité mutuelle, à un commun effort contre la puissance de Napoléon Bonaparte, en exécution de l'art. 3 dudit traité, mais, qu'il ne doit pas être entendu comme obligeant S. M. Britannique à poursuivre la guerre dans la vue d'imposer à la France aucun gouvernement particulier; quelque sollicitude que le prince-regent doive apporter à voir S. M. très-chrétienne rendue au trône, et quelque désir qu'il ait de contribuer conjointement avec ses alliés à un événement aussi heureux, il se croit néanmoins appelé à faire cette déclaration au moment de l'échange des ratifications, tant par considération de ce qui est dû aux intérêts de S. M. très-chrétienne en France, que conformément aux principes sur lesquels le gouvernement anglais a réglé invariablement sa conduite.

Le traité est parvenu à Londres le 5 de ce mois ; la réponse a été envoyée à Vienne le 8. L'autorisation et des instructions ont été également données au comte Clancarty pour signer un engagement subsidiaire audit traité,

No. 5.

Lettre du comte de Clancarty au vicomte Castlereagh.

Vienne, le 6 Mai 1815.

Milord, en réponse à la dépêche de V. S., No. 3, et auxdiffé, rentes pièces qu'elle contient renfermant une proposition faite par lę gouvernement actuel de la France et la réponse de V. S. à ses propositions, j'ai l'honneur de vous annoncer pour l'information du gouvernement de S M. que, dans une conférence tenue le 3 de ce mois, S. A. le prince de Metternich nous a appris qu'un M. de Strassant, qui avait été arrêté à Lintz, se rendant ici, parce qu'il n'était pas pourvu des passeports convenables, avait adressé une lettre à S. M. I., et y avait joint quelques lettres scellées que l'empereur l'avait chargé d'ouvrir en présence des plénipotentiaires des puissances alliées.

Ces dépêches étaient une lettre de Buonaparte adressée à S. M., dans laquelle il professe le désir de maintenir la paix et d'observer les stipulations du traité de Paris, etc. et une lettre de M. de Caulincourt au prince de Metternich renfermant des protestations semblables.

Après la lecture de ces pièces, on a examiné si l'on y ferait

« PreviousContinue »