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2. Les émigrés qui, quinze jours après la publication du présent décret, se trouveraient sur le territoire de l'empire, seront arrêtés et jugés conformément aux lois décrétées par nos assemblées nationales, à moins toutefois qu'il ne soit constaté qu'ils n'ont pas eu connaissance du présent décret; auquel cas, ils seront simplement arrêtés et conduits par la gendarmerie hors du territoire.

3. Le séquestre sera mis sur tous leurs biens meubles et immeubles. Les préfets et officiers de l'enregistrement feront exécuter le présent décret aussitôt qu'ils en auront connaissance, et faute par eux de le faire, ils seront responsables des dommages qui pourraient en résulter pour notre trésor natioual.

4. Notre grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée, est chargé de prendre les mesures néces*saires pour la publication du présent décret.

Par l'empereur,

(Signé)

NAPOLÉON.

Le grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée,

(Signé)

BERTRAND.

A Lyon, le 13 Mars, 1815. Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions, empe reur des Français, etc. etc. etc.

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Toutes les promotions faites dans la légiond'honneur par tout autre grand-maître que nous, et tous brevets signés par d'autre personne que le comte Lacépède, grand-chancelier inamovible de la légion, sont nuls et non

avenus.

2. Les changemens faits dans la décoration de la Legiond'honneur, non conformes aux statuts de l'ordre, sont nuls et non avenus. Chacun des membres de la légion reprendra la décoration telle qu'elle était au 1er Avril, 1814.

3. Néanmoins, comme un grand nombre de promotions, quoique faites illégalement, l'ont été en faveur de personnes qui ont rendu des services réels à la patrie, leurs titres seront envoyés à la grande chancellerie, afin que le rapport nous en soit fait dans le courant d'Avril, et qu'il soit statué à cet égard avant le 15 Mai.

4. Les droits politiques dont jouissent les membres de la légion-d'honneur en vertu des statuts de création sont établis. En conséquence tous les membres de la légion qui faisaient partie au 1er Avril, 1814, des colléges électoraux de département et d'arrondissement, et qui ont été privés injustement de ce droit, sont rétablis dans leurs fouctions. Tous ceux qui

n'étaient point encore membres d'un collége électoral enverront leurs demandes au grand-chancelier de la légion-d'honneur, en faisant counaître le collége auquel ils désirent être attachés. Le grand-chancelier prendra nos ordres dans le courant d'Avril et fera expédier les brevets sans délai, afin que ceux qui les auront obtenus puissent assister aux assemblées du champs de mai.

5. Tous les biens qui ont été affectés à l'ordre de SaintLouis sur la caisse des Invalides seront réunis au domaine de la légion-d'honneur.

6. Notre grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée, est chargé de prendre les mesures nécessaires pour la publication du présent décret.

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NAPOLÉON.

Le grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée,

(Signé)

BERTRAND.

A Lyon, le 13 Mars, 1815.

Napoléon, par la grâce de Dieu et les constitutions de l'empire, empereur des Français, etc. etc. etc.

Considérant que la chambre des pairs est composée en partie de personnes qui ont porté les armes contre la France, et qui ont intérêt au rétablissement des droits féodaux, à la destruction de l'égalité entre les différentes classes, à l'annullation des ventes des domaines nationaux, et enfin à priver le peuple des droits qu'il a acquis par 25 ans de combats contre les ennemis de la gloire nationale;

Considérant que les pouvoirs des députés au corps-législatif étaient expirés, et que dès-lors, la chambre des communes n'a plus aucun caractère national; qu'une partie de cette chambre s'est rendue indigne de la confiance de la nation, en adhérant au rétablissement de la noblesse féodale, abolie par les constitutions acceptées par le peuple, en faisant payer par la France des dettes contractées à l'étranger pour tramer des coalations et soudoyer des armées contre le peuple français; en donnant aux Bourbons le titre de roi légitime, ce qui était déclarer rebelles le peuple français et les armées, proclamer senls bous Français les émigrés qui ont déchiré, pendant vingt-cinq ans, le sein de la patrie, et violé tous les droits du peuple en consacrant le principe que la nation était faite pour le trône et non le trône pour la nation;

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. La chambre des pairs est dissoute..

2. La chambre des communes est dissoute. Il est ordonné à chacun des membres convoqué, et arrivé à Paris depuis le 7 Mars dernier, de retourner sans délai dans son domicile.

3. Les colléges électoraux des départemens de l'empire seront réunis à Paris, dans le courant du moi de Mai prochain, en assemblée extraordinaire du champ de mai, afin de prendre les mesures convenables pour corriger et modifier nos constitutions, selon l'intérêt et la volonté de la nation, et en même tems pour assister au couronnement de l'Impératrice, notre très-chère et bien aimée épouse, et à celui de notre cher et bien aimé fils.

4. Notre grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée, est chargé de prendre les mesures nécessaires pour la publication du présent décret.

Par l'empereur,

(Signé)

NAPOLÉON.

Le grand-maréchal, faisant fonctions de major-général de la grande-armée,

(Signé)

BERTRAND.

Lyon, le 10 Mars.

Honneur, gloire, patrie! Enfin nous les avons revues ces aigles mille fois triomphantes, et jamais vaincues! nous les avons revues, et nos cœurs ont tressailli de joie! A leur aspect, nous nous sommes écriés: Voilà l'honneur et la gloire de la patrie; et si nous avions pu oublier un seul instant que le sang français coule dans nos veines, la vue du héros de Marengo, d'léna et d'Austerlitz, et de ses plus fidèles compagnons d'armes, nous aurait rappelés au caractère noble et fier qui distingua les Lyonnais de tous les tems.

Oh! quelle journée que celle du 10 Mars! Qui pourrait la peindre dignement, pour en déposer l'immortel tableau dans les fastes de la cité!... Nous savions, depuis cinq jours, que l'empereur avait débarqué en Provence, et s'avançait sur Grenoble par Digne et Gap. La nouvelle de son entrée à Grenoble nous parvint dès le 8, dans la soirée; et nous apprîmes en même tems que la garnison de cette ville avait volé au-devant du monarque rendu à l'admiration, aux vœux des Français et de l'armée. On vit alors l'allégresse éclater sur tous les visages; le cri de vive l'empereur! ne s'échappait pas encore de toutes les bouches; mais il était dans tous les cœurs, excepté dans le cœur perfide et insensible de quelques traîtres, assez vils pour chercher leur élévation dans l'abaissement de leur patrie.

Cependant M. le comte d'Artois arrive dans nos murs, avec le duc d'Orléans et le comte de Damas. Le 20e régiment tiré de Montbrison, renforce la garnisou de Lyon, composée du 24e d'infanterie de ligue et du 13e de dragons. Un appel est fait à une portion de la garde nationale. Les deux ponts sur le Rhône sout barricadés; le prince passe les troupes en revue,

et essaie de les enflammer pour la cause royale. Vains efforts! Dernière et inutile ressource d'un gouvernement débile, qui n'a pu ni ranimer des affections depuis long-tems éteintes, ni faire oublier'à l'armée des drapeaux qui, pendant 25 ans, out parcouru triomphans toutes les capitales de l'Europe, et porté le nom Français au plus haut degré d'illustration.

Le matin, le prince fit encore une tentative sur l'esprit des soldats; il se montra dans tous les rangs, mais il les trouva glacés; il vit qu'il fallait alors se décider à partir et à emmener la troupe.

Le maréchal duc de Tarente, arrivé dans la matinée, visita les deux ponts: les préparatifs de résistance semblèrent recommencer les régimens se rapprochèrent des ponts; mais chacun savait que les premiers postes de l'empereur se trouvaient sur la rive gauche du Rhône, dans le faubourg de la Guillotière, où leur présence excitait le plus vif enthousiasme: on savait aussi que tous les soldats attendaient leurs frères d'armes pour se jeter dans leurs bras, et l'empereur, pour saluer encore en lui le soutien de la patrie. Les Lyonnais redemandaient déjà hautement le génie puissant qui avait rélevé les murs de leur cité désolée par les anarchistes; qui protégeait leur commerce, et faisait fleurir leurs manufactures, et qui n'avait peut-être été malheureux, que parce qu'il avait voulu faire trop de bien à la France.

A deux heures après midi, le du de Tarente conduisit sur le pont de la Guillotière deux bataillons d'infanterie. Pendant qu'ils s'approchaient des barricades, les hussards du 4e régiment, qui avaient rejoint les aigies à Grenoble, débouchèrent du faubourg de la Guillotière, entrèrent par le pont, précédés par une centaine de jeunes gens de ce faubourg, qui criaient comme eux vive l'empereur ! Les troupes de l'un et de l'autre côté se joignirent aux barricades. Ici, le même cri part simultanément de toutes les bouches; les poutres et les arbres qui barraient le chemin sout jetés au Rhône; les soldats s'embrassent avec transport, et se mettent en marche pour entrer dans la ville. Plus de vingt mille habitans rangés sur le quai du Rhône et sur le Cours Napoléon, où ils étaient témoins de cette guerre d'une nouvelle espèce, font retentir les airs de leurs acclamations sans cesse répétées: tous les officiers et soldats du 20e et du 24e de ligne, et du 13e de dragons, s'abandonnent enfin aux mouvemens de leur cœur. Five l'empereur n'est de leur part qu'un seul cri! Ils courent au-de❤ vant des hussards, et tous se rangent ensuite sur la place Bonaparte.

Le duc de Tarente s'était retiré, ainsi que M. le gouverneur comte de Damas. M. le comte de Chabrol, préfet, venait également de quitter la ville. Tous les officiers supérieurs sont restés; et c'est avec la plus vive satisfaction que

F

les soldats ont vu au milieu d'eux M. le général de division Braver.

A cinq heures, la garnison se reporta sur le pont de la Guillotière et au-delà, à la rencontre de l'empereur; à six heures et demie, l'armée qui venait de Grenoble commença à faire son entrée à Lyon, au milieu des mêmes acclamations. A sept heures, les Lyonnais eurent le bonheur de revoir et de posséder l'empereur des Français, et de lui prodiguer de nouvelles marques de leur amour et de leur fidélité. Déjà ce grand monarque, toujours infatigable dans son activité, s'occupe de sa bonne ville de Lyon, qu'il va combler de nouveaux bienfaits. Il passera en revue son armée dans la matinée; et nous savons que plusieurs régimens arriveront ce soir dans nos murs, pour se joindre à leurs frères d'armes.

Lyon, le 11 Mars.

S. M. l'empereur des Français a passé en revue sur la place Bonaparte, toutes les troupes arrivées à Lyon. Quand on n'a pas joui de ce spectacle imposant, on ne peut se faire une juste idée de cette réunion de 15 à 20 mille braves de toute arme, retrouvant le chef qu'ils idolâtraient, lui jurant de nouveau le plus inviolable dévouement, et confondant leurs cris d'allégresse avec ceux d'une immense population également avide de contempler le héros qui venait de traverser une seconde fois les mers, pour exaucer encore les souhaits de la grande nation. Ce qui augmentait l'ivresse générale, c'est que l'on se ressouvenait qu'à-peu-près un an auparavant, une armée étrangère couvrait cette même place de ses bataillons, qui s'appelaient insolemment nos libérateurs. A ce souvenir se joignait celui de l'abandon universel et désespérant dans lequel M. le comte d'Artois avait été laissé la veille, même par ses propres amis, par ceux qui, le matin encore, avaient fait serment de le suivre et de mourir pour leur roi. Comme tout a changé dans le même jour! O terrible leçon pour des princes qui pensaient gouverner une nation malgré elle, et qui, en essayant de rajeunir des institutiones usées, de faire revivre d'antiques préjugés, et des doctrines politiques entièrement ruinées par le tems et la raison, ignoraient sans doute qu'il y a une éducation pour un peuple comme pour un indi vidu, et que ce peuple ne retourne jamais de la virilité à l'enfance.

L'empereur a reçu aujourd'hui les principales autorités de la ville, il a donné au corps municipal une audience de deux heures, dans laquelle il a daigné laisser entrevoir tout ce qu'il médite pour le bonheur des Lyonnais et celui de la France entière... S. M. s'est entretenue pendant une heure avec MM. les conseillers de la cour impériale, et a discuté profondément sur les articles les plus importans du code.

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