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noble avait écrit à celle de Marseille, pour lui représenter la folie d'une telle démarche, et lui faire connaître que la garde nationale ne souffrirait pas que le Dauphiné devînt le théâtre de la guerre civile.

Cependant le général Ernouf s'était avancé sur Sisteron avec quinze cents Marseilles, accompagnés de deux régimens de ligne sous les ordres immédiats du général Gardanne.

Le général Chabert est parti avec les gardes nationales de Grenoble, de Vizille, de Mure et de Corps. Arrivé en présence du 58e régiment, il s'aboucha avec le général Gardanne. Les gardes nationales communiquèrent avec les troupes de ligne qui passèrent aussitôt sous les aigles et déchirèrent la Cocarde blanche. Le 83e régiment suivit, deux jours après, l'exemple du 58e et les Marseillais s'enfuirent dans toutes les directions. Les généraux, les régimens et les gardes nationales s'embrassèrent au cri de vive l'empereur !

Pendant que ce mouvement était ainsi arrêté sans coup férir, une autre colonne d'égale force, où se trouvait le 10e régiment d'infanterie, se dirigeait sur Montelimart avec le duc d'Angoulême. Les habitans de la Drôme, qui n'avaient pas prévu cette attaque, n'étaient pas prêts pour la repousser. On souna le tocsin. Le général Debelle réunit 600 hommes de garde nationale et fut au-devant des rebelles. Un engagement eut lieu avec eux. Ils avaient été repoussés et avaient eu 30 hommes tués ou blessés lorsqu'un bataillon du 10e, commandé, à ce que l'on croit, par le major d'Ambrugeac, et dans lequel on avait incorporé des volontaire revêtus de l'uniforme des troupes de ligne, passa le pont et arbora le drapeau tricolore. Les gardes nationales s'avancèrent pour fraterniser avec les soldats, mais les traîtres reprirent aussitôt le drapeau blanc et firent une décharge; un petit nombre d'hommes ont été blessés, mais le pont était passé, et cette perfidie donna un avantage momentané aux rebelles qui entrèrent à Valence.

Le général Grouchy, informé de cet événement, fit partir de Lyon des gardes nationales avec le 6e régiment d'infanterie légère, le tout sous le commandement du lieutenantgénéral Piré. Le général Lasalcette dirigea de Grenoble sur Saint-Marcellin une colonne de gardes nationales pour prendre les rebelles en flanc. D'autres détachemens de gardes nationales marchaient de tous les points. Effrayé de l'énergie de l'esprit public qui régnait dans le Dauphiné, et des préparatifs qui se faisaient à Lyon, ie duc d'Angoulême prit le parti de la retraite, abandonna Valence, et se dirigea sur Montélimart, où il était vivement poursuivi. Le général Grouchy vient de partir pour prendre lui-même le commandement des troupes, et pousser jusqu'à Marseille, afin d'étouffer cette rébellion.

S. M. a ordonné le rétablissement de la maison d'Ecouen, et en a donné la surintendance à Mme. la baronne Campan. Les membres de la légion d'honneur ou lears parens qui désirent y placer des jeunes personnes de leurs familles, doivent adresser leurs demandes au grand-trésorier faisant fonctious de grand-chancelier. Il doit proposer incessamment des listes pour la nomination destinées à completter les nominations d'orphélines de la légion d'honneur,

8 Avril, 1815,

Paris, le 7 Avril,

Sa Majesté, touchée des malheurs que les événemens de la guerre ont fait éprouver à un grand nombre des habitans des départemens qui en ont été le théâtre, et parmi lesquels ceux des départemens de l'ancienne province de Champagne out particulièrement souffert, a cherché les moyens de venir à leur

secours.

Une recette qu'il n'est pas d'usage de porter au budget, parce qu'elle est éventuelle, et qui cependant fut toujours appliquée à des dépenses d'intérêt public, n'était pas comprise dans le budget de 1814 et de 1815, et avait été détournée de sa destination accoutumée. La cour en avait fait verser les fonds dans la caisse de la liste civile et les avait appliqués à son usage particulier.

Les ministres de l'empereur lui ayant rendu compte de cet état de choses et de la situation des recettes effectuées et à effectuer, S. M. a saisi le premier moyen qui lui était offert pour venir au secours des habitans qui ont souffert des maux de la guerre; des fonds plus abondans seront destinés au même usage. Déjà S. M., ayant reçu les députés de plusieurs villes de la Champagne, s'était entretenue avec eux sur le nombre des maisons détruites, et leur avait demandé s'ils avaient obtenu des secours. Leur réponse avait été négative.

La même main qui, en 1808, pour effacer les traces de la guerre civile, dispensa de si généreux secours aux habitans de la Vendée, ne pouvait fermer le trésor de ses libéralités à ces braves Champenois, qui ont montré tant de courage, de constance et de dévouement dans les vicissitudes de la guerre étrangère.

Un décret rendu hier 6 Avril, a affecté à cette destination la moitié de la recette éventuelle qui sera versée à cet effet dans une caisse dite caisse de l'extraordinaire.

S. M. a porté en même tems son attention sur le sort des braves que la guerre a privés des récompenses nationales obtenues au prix de leur sang.

Elle s'est fait rendre compte de la situation du domaine extraordinaire. Les valeurs dont il se composait s'élevaient à

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plus de 400 millions. Elles consistaient partie en actions de banque, partie en effets divers. Les actions de banque ont été négociées au mois d'Août dernier, et la cour se les est appropriées. Le domaine extraordinaire était cependant le domaine de l'armée, puisqu'une partie des dotations se trouvait hypothéquée sur ses revenus, et qu'il était en général destiné à former de nouvelles dotations, pour le cas où les premières auraient été perdues..

La dilapidation de ce trésor des braves avançait à grands pas: cependant il sera possible d'en recueillir les débris, et sans être à charge à la nation et au trésor, de parvenir à remplacer en biens situés en France une partie des dotations des trois dernières classes; mais cette opération exigera l'emploi de toute l'année. Connaissant cependant la situation fâcheuse de beaucoup de veuves de militaires, qui avaient des pensions. sur les dotations de leurs maris, celle de beaucoup de soldats mutilés sur le champ de bataille, celle d'un grand nombre d'officiers qui trouvaient dans le revenu de leurs dotations un supplément à leurs pensions de retraite et une aisance honorable si bien méritée, Sa Majesté a ordonné par le même décret d'hier 6, que la moitié des fonds versés dans la caisse de l'extraordinaire, soit employée à donner des à-comptes aux donataires, sur le montant de leurs revenus.

L'enlèvement des diamans de la couronne est une spoliation de la propriété publique. La dilapidation du domaine extraordinaire a un caractère bien plus odieux: ravir le pain aux bien méritans, panis bene merentibus, enlever aux plus utiles, aux plus périlleux, aux plus nobles travaux la récom pense la mieux méritée, c'est attenter à ce qu'il y a de plus, sacré parmi les hommes.

DÉCRETS IMPÉRIAUX.

Au palais des Tuileries, le 25 Mars, 1815..

Napoléon, empereur des Français,

Nos ministres d'état entendus,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. Ter. Les lois des assemblées nationales applicables à la famille des Bourbons, seront exécutées suivant leur forme et teneur;

Ceux des membres de cette famille qui seraient trouvés sur le territoire de l'empire, serout traduits devant les tribunaux pour y être jugés conformément auxdites lois.

2. Ceux qui auraient accepté des fonctions ministérielles sous le gouvernement de Louis-Stanislas-Xavier comte de Lille;

Ceux qui auraient fait partie de sa maison militaire et civile, ou de celle des princes de sa famille, seront tenus de s'éloigner de notre bonne ville de Paris, à trente lienes de poste..

en sera de même des chefs commandans et officiers d'es rassemblemens formés et armés pour le renversement du gouvernement impérial, et de tous ceux qui ont fait partie des bandes de Chouans.

3. Les individus compris dans l'article précédent seront tenus, sur la réquisition qui leur en sera faite, de prêter le serment voulu par les lois. En cas de refus, ils seront soumis à la surveillance de la haute police, et sur le rapport qui nous en sera fait, il pourra être pris à leur égard telle autre mesure que l'intérêt de l'état exigera.

4. Nos ministres sont chargés de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au bulletin des lois.

(Signé)

Par l'empereur,

(Signé)

NAPOLEON.

Le duc de BASSANO

Le ministre, secrétaire-d'état,

Au palais des Tuileries, le 4 Avril, 1815.

Napoléon, empereur des Français,

Notre conseil-privé entendu,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit?

Art. 1er. Tous fonctionnaires ou agens civils ou militaires qui auraient pris part aux rassemblemens armés dans quelques-uns de nos départemens méridionaux, seront poursuivis conformément aux dispositions des articles 91, 92 et 93 du code pénal, si dans la huitaine de la publication du présent décret ils n'ont abandonné lesdits rassemblemens.

4. Nos ministres sont chargés de l'exécution du présent dé cret, qui sera inséré au bulletin des lois.

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(Signé)

Par l'empereur,

Le ministre secrétaire-d'état,

NAPOLÉON.

(Signé)

Le duc de BASSANO.

9 Avril, 1815.

Lyon, le 6 Avril.

Il est impossible d'avoir un meilleur esprit que la ville de Lyon; mais le conseil municipal ne partage pas les bons sen timens du peuple. Le général Grouchy, depuis son arrivée, a pris des mesures sages et vigoureuses, qui ont été couronnés du succès.

De nombreux écrits électrisent toutes les âmes, et il suffit d'envoyer la lumière dans les rangs des ennemis de la patrie pour que tous les vrais Français s'en détachent.

Le général Piré est entré le 4 à Valence.

Des bataillons de gardes nationales se forment dans tout le

Lyonnais et dans le Dauphiné comme par enchantement. On n'entend partout que le cri de vive l'empereur! Nous attendons demain les gardes nationales de Bourgogne qui arrivent à marches forcées. Cet élan ne sera pas nécessaire, car toutes les troupes de ligne sont pour nous, et nous en avons dans ce

moment un nombre suffisant.

L'empereur peut être sûr que si la France est attaquée, et que si le parti de Sylla en Europe est assez insensé pour vouloir attenter aux droits du peuple français, des millions de bras accourront aux frontières.

Partout la gendarmerie se comporte fort bien.

Proclamation du comte de Grouchy, commandant les 7e et 19e divisions militaires, aux habitans de Lyon.

Les malveillans du midi marchent contre cette ville, qui l'une des premières a tendu les bras à l'empereur et a devancé le vœu de la France et de l'armée qui le rappelait sur le trône.

Le roi a quitté Paris, est sorti du territoire de l'empire, a licencié sa maison, renvoyé les généraux et délié ainsi les Français de tout engagement envers lui.

Souffrirez-vous que quelques milliers d'hommes égarés viennent vous donner des lois et vous punir des sentimens que vous avez exprimés si hautement et si unani nement, et qui sont ceux de la France entière? Non, sans doute. Prenez donc les armes, brave garde nationale de Lyon; vous ne serez point appelés à combattre au-dehors, mais à défendre vos propriétés et à veiller à la tranquillité intérieure de votre cité.

Que ceux d'entre vous qui désireraient marcher à l'ennemi se fassent inscrire chez leur commandant en chef M. de Corcelles; ils seront organisés en bataillous et feront le service extérieur.

Des troupes de ligne s'avancent pour vous défendre, elles entreront demain dans vos murs; ne permettez donc pas que les torches de la guerre civile s'allument pour l'intérêt de quelques hommes, et que les droits de celui que vingt-quatre millions de Français ont proclamé leur empereur soient mé

connus.

Lyon, ce 4 Avril, 1815.

Le général en chef commandant les 7e et 19e divisions militaires.

(Signé) Le comte de GROUCHY.

Extrait d'une déclaration de M. Ganière, docteur-médecin, demeurant à Saint-Vallier, faite à M. le lieutenant-général comte de Piré, à son quartier-général à Saint-Rambert, le 5 Avril à midi.

M. Ganière est sorti de Valence le 4 entre 11 heures et

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