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les insignes de la pairie, qui ne l'avaient pas protégé contre une profanation inouïe. Le ministère fut fait responsable de la brutalité de ses agents la France entière entendit avec horreur le bruit sourd de cette bière se brisant sur le pavé. A la chambre des pairs, le grand référendaire, de Semonville, rendit compte de ce scandale et demanda justice au nom de la famille de La Rochefoucauld. Le ministère, pour toute réparation, justifia sa police, en disant dans le Journal de Paris «Il fallut que la force armée intervînt pour que tout se passat suivant les usages. » Le ministère triomphait sa loi de justice et d'amour, après une ardente discussion, avait été votée le 12 mars à la chambre des députés. Cette discussion fut à la fois une attaque et une défense systématiques du ministère. « Non-seulement le projet de loi doit être rejeté, s'écria Labbey de Pompières, mais les ministres doivent être mis en accusation; chaque année de leur ministère, ils ont déchiré un feuillet de la charte ! » Royer-Collard, dans un de ses plus beaux discours, écrasa de son mépris cette loi de ténèbres, et il en prédit les conséquences dans ce peu de mots : « Plus d'écrivains, plus d'imprimeurs, plus de journaux, ce sera le régime de la presse!» Gauthier de la Gironde, royaliste des Cent-Jours, ne ménagea pas davantage la justice et l'amour du ministère; mais, aux adversaires logiques et consciencieux de son projet de loi, le ministère opposa le ban et l'arrière-ban de ses séides, de ses créatures, de ses ventrus et de ses muets. Dupille, de Rougé, Nicot de Ronchaud, Humbert de Sesmaisons, célébrèrent à l'envi les louanges du ministère et de la loi; de Salaberry représenta la presse comme une huitième plaie dont Dieu avait oublié de frapper l'Égypte; Sirieys-Marinhac demanda des mesures plus rigoureuses encore contre la liberté de penser et d'écrire; de Frénilly proposa gravement de créer une haute cour de censure. Tout ce que purent dire de Villèle et Peyronnet, après ces incroyables théories d'obscurantisme et d'oppression, devait paraître timide et modéré. Deux cent trente-trois voix contre cent trentequatre proclamèrent leur victoire. Mais la réprobation publique ne se ralentit pas, et lorsque la loi de justice et d'amour fut apportée à la chambre des pairs, on eut des raisons de pressentir que cette chambre, mieux inspirée que l'autre, refuserait sa sanction à une loi aussi funeste et aussi impopulaire. La commission chargée de l'examiner avait été choisie surtout parmi les pairs, qui n'appartenaient ni à la Congrégation ni au parti ministériel. De Broglie, de Portalis, de Bastard et Portal ne pouvaient admettre un projet que les ducs de Brissac et de Lévis eussent peut-être accepté; ils y fireut de tels chan

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gements, que Peyronnet lui-même n'eût pas voulu reconnaître son œuvre. Cette bonne nouvelle commençait à circuler, lorsque

Chanlac Y cui na connaannäit

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