Page images
PDF
EPUB

Les orateurs de mon conseil d'État vous présenteront différents projets de lois et entre autres tous ceux relatifs au Code criminel.

Je compte constamment sur toute votre assistance.

Dixième bulletin de l'armée d'Espagne.

Aranda de Duero, le 26 novembre 1808.

Il paraît que les forces espagnoles s'élèvent à cent quatrevingt-dix mille hommes effectifs.

Quatre-vingt mille hommes cffectifs, faisant soixante mille hommes sous les armes, qui composaient les armées de Galice et d'Estramadure et que commandaient Blake, la Romana et Galluzzo, ont été dispersés et mis hors de combat.

L'armée d'Andalousie, de Valence, de la Nouvelle-Castille et d'Aragon, que commandaient Castaños, Penas et Palafox et qui paraissait être également de quatre-vingt mille hommes, c'est-à-dire soixante mille hommes sous les armes, aura sous peu de jours accompli ses destins. Le maréchal duc de Montebello a ordre de l'attaquer de front avec trente mille hommes, tandis que les ducs d'Elchingen et de Bellune sont déjà placés sur ses derrières.

Reste soixante mille hommes effectifs, qui peuvent donner quarante mille hommes sous les armes, dont trente mille sont en Catalogne et dix mille hommes existent à Madrid, à Valence et dans les autres lieux de dépôts ou sont en mouvement.

Avant de faire un pas au delà du Duero, l'Empereur a pris la résolution de faire anéantir les armées du centre et de la gauche, et de faire subir le même sort à celle de droite du général Castaños.

Lorsque ce plan aura été exécuté, la marche sur Madrid ne sera plus qu'une promenade. Ce grand dessein doit, à l'heure qu'il est, être accompli.

Quant au corps de Catalogne, étant en partie composé des troupes de Valence, Murcie et Grenade, ces provinces menacées retireront leurs troupes, si toutefois l'état des communica

tions le permet; dans tous les cas, le septième corps, après avoir terminé le siége de Roses, en rendra bon compte.

A Barcelonne, le général Duhesme, avec quinze mille Surope hommes approvisionnés pour six mois, répond de cette importante place.

[ocr errors]

et

Nous n'avons pas parlé des forces anglaises. Il paraît qu'une division est en Galice et qu'une autre s'est montrée à qu Badajoz vers la fin du mois passé. Si les Anglais ont de ladoli cavalerie, nous devrions nous en apercevoir, car nos troupes légères sont presque parvenues aux frontières du Portugal. S'ils ont de l'infanterie, ils ne sont pas probablement dans l'intention de s'en servir en faveur de leurs alliés, car voilà trente jours que la campagne est ouverte; trois fortes armées ont été détruites, une immense artillerie a été enlevée; les provinces de Castille, de la Montaña, d'Aragon, de Soria, etc., sont conquises; enfin, le sort de l'Espagne et du Portugal est décidé, et l'on n'entend parler d'aucun mouvement de troupes anglaises.

[ocr errors]
[ocr errors]

al

ma et

Le du

[ocr errors]

Cependant la moitié de l'armée française n'est point encore arrivée; une partie du quatrième corps d'armée, le cinquième et le huitième corps entiers, six régiments de cavalerie légère, et beaucoup de compagnies d'artillerie et de sapeurs et un grand nombre d'hommes des régiments qui sont en Espagne n'ont pas encore passé la Bidassoa.

A la vérité, et sans faire tort à la bravoure de nos soldats, on doit dire qu'il n'y a pas de plus mauvaises troupes que les troupes espagnoles; elles peuvent, comme les Arabes, tenir derrière des maisons; mais elles n'ont aucune discipline, aucune connaissance des manœuvres, et il leur est impossible de résister sur un champ de bataille. Les montagnes même ne leur ont offert qu'une faible protection. Mais, grâce à la puissance de l'inquisition, à l'influence des moines, à leur adresse à s'emparer de toutes les plumes et à faire parler toutes les langues, on croit encore dans une grande partie de l'Espagne que Blake a été vainqueur, que l'armée française a été détruite, que la garde impériale a été prise. Quel que soit le succès momentané de ces misérables ressources et de ces

Le

desord

ait

So

t to

On

moin

ridicules efforts, le règne de l'inquisition est fini; ses tribunaux révolutionnaires ne tourmenteront plus aucune contrée de l'Europe; en Espagne comme à Rome l'inquisition sera abolie, et l'affreux spectacle des auto-da-fé ne se renouvellera pas; cette réforme s'opérera malgré le zèle religieux des Anglais, malgré l'alliance qu'ils ont contractée avec les moines imposteurs qui ont fait parler la Vierge del Pilar et les saints de Valladolid. L'Angleterre a pour alliés le monopole, l'inquisition et les franciscains; tout lui est bon, pourvu qu'elle divise les peuples et qu'elle ensanglante le continent.

Un brick anglais, le Ferrets, parti de Portsmouth le 11 de ce mois, a mouillé le 22 dans le port de Saint-Ander, qu'il ne savait pas être occupé par les Français; il avait à bord des dépêches importantes et beaucoup de papiers anglais dont on s'est emparé.

On a trouvé à Saint-Ander une grande quantité de quinquina et de denrées coloniales, qui ont été envoyées à Bayonne. Le duc de Dalmatie est entré dans les Asturies; plusieurs villes et beaucoup de villages ont demandé à se soumettre pour sortir enfin de l'abîme creusé par les conseils des étrangers et par les passions de la multitude.

Douzième bulletin de l'armée d'Espagne.

Aranda de Duero 28 novembre 1808.

Le désordre et le délire se sont emparés des meneurs. Pour première mesure, ils ont fait un manifeste violent par lequel ils déclarent la guerre à la France; ils lui imputent tous les désordres de leur cour, l'abâtardissement de la race qui régnait et la lâcheté des grands, qui, pendant tant d'années, se sont prosternés de la manière la plus abjecte aux pieds de l'idole qu'ils accablent de toute leur rage aujourd'hui qu'elle est tombée.

On se ferait en Allemagne, en Italie, en France une bien fausse idée des moines espagnols si on les comparait aux moines qui ont existé dans ces contrées. On trouvait parmi les

bénédictins, les bernardins, etc., etc., de France, d'Italie une foule d'hommes remarquables dans les sciences et les lettres; ils se distinguaient et par leur éducation et par la classe honorable et utile d'où ils étaient sortis; les moines espagnols, au contraire, sont tirés de la lie du peuple; ils sont ignares et crapuleux; on ne saurait leur trouver de ressemblance qu'avec des artisans employés dans les boucheries; ils en ont l'ignorance, le ton et la tournure. Ce n'est que sur le bas peuple qu'ils exercent leur influence. Une maison bourgeoise se serait crue déshonorée en admettant un moine à sa table.

Quant aux malheureux paysans espagnols, on ne peut les comparer qu'aux fellahs d'Égypte ; ils n'ont aucune propriété; tout appartient soit aux moines, soit à quelque maison puissante. La faculté de tenir une auberge est un droit féodal; et dans un pays aussi favorisé de la nature on ne trouve ni postes ni hôtelleries. Les impositions même ont été aliénées et appartiennent aux seigneurs. Les grands ont tellement dégénéré qu'ils sont sans énergie, sans mérite et même sans influence.

des

On trouve tous les jours à Valladolid et au delà des magasins d'armes considérables. Les Anglais ont bien exécuté cette partie de leurs engagements; ils avaient promis des fusils, poignards, des libelles, et ils en ont envoyé à profusion. Leur esprit inventif s'est signalé, et ils ont poussé fort loin l'art de répandre des libelles, comme dans ces derniers temps ils s'étaient distingués par leurs fusées incendiaires. Tous les maux, tous les fléaux qui peuvent affliger les hommes viennent de Londres.

Treizième bulletin de l'armée d'Espagne.

Saint-Martin près Madrid, 2 décembre 1808.

Le 29, le quartier général de l'Empereur a été porté au village de Bozeguillas; le 30, à la pointe du jour, le duc de Bellune s'est présenté au pied du Somo-Sierra; une division de treize mille hommes de l'armée de réserve espagnole défendait le passage de cette montagne. L'ennemi se croyait inexpugnable dans cette position. Il avait retranché le col que

les Espagnols appellent Puerto, et y avait placé seize pièces de canon. Le neuvième d'infanterie légère couronna la droite; le quatre-vingt-seizième marcha sur la chaussée, et le vingt-quatrième suivit à mi-côte les hauteurs de la gauche. Le général Sénarmont avec six pièces d'artillerie avança par la chaussée.

La fusillade et la canonnade s'engagèrent. Une charge que fit le général Montbrun, à la tête des chevau-légers polonais, décida l'affaire; charge brillante s'il en fut, où ce régiment s'est couvert de gloire et a montré qu'il était digne de faire partie de la garde impériale. Canons, drapeaux, fusils, soldats, tout fut enlevé, coupé ou pris. Huit chevau-légers polonais ont été tués sur les pièces et seize ont été blessés. Parmi ces derniers, le capitaine Dzievanoski a été si grièvement blessé qu'il est presque sans espérance. Le major Ségur, maréchal-deslogis de la maison de l'Empereur, chargeant parmi les Polonais, a reçu plusieurs blessures, dont une assez grave. Les seize pièces de canon, dix drapeaux, une trentaine de caissons, deux cents chariots de toute espèce de bagage, les caisses des régiments sont les fruits de cette brillante affaire. Parmi les prisonniers, qui sont très-nombreux, se trouvent tous les colonels et les lieutenants-colonels des corps de la division espagnole. Tous les soldats auraient été pris s'ils n'avaient pas jeté leurs armes et ne s'étaient éparpillés dans les montagnes.

Le 1er décembre, le quartier général de l'Empereur était à Saint-Augustin, et le 2 le duc d'Istrie, avec la cavalerie, est venu couronner les hauteurs de Madrid. L'infanterie ne pourra arriver que le 3. Les renseignements qu'on a pris jusqu'à cette heure portent à penser que la ville est livrée à toute espèce de désordre et que les portes sont barricadées.

Le temps est très-beau.

Quatorzième bulletin de l'armée d'Espagne.

Madrid, 5 décembre 1808.

Le 3, à midi, S. M. arriva de sa personne sur les hauteurs qui couronnent Madrid et où étaient placées les divisions de dragons des généraux Latour-Maubourg et Lahoussaie et la

« PreviousContinue »