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celle de Lucas de Leyde (1494-1533), qui termine le cycle des anciens peintres catholiques au-delà du Rhin ; et enfin une miniature attribuée à Ilemling (1429-1499), le Fiesole dela Flandre, et tirée du célèbre Bréviaire Grimani à Venise. Un grand vitrail de la cathédrale de Cologne nous montrera sainte Élisabeth dignement placée dans l'église-type de l'époque qu'elle a glorifiée; le bas-relief, presque contemporain de la sainte, qui orne son tombeau à Marbourg; ceux, plus récens, que l'on voit sur les autels de son église, la châsse si célèbre où fut renfermé son corps sacré, et la statue qui a été pour nous le premier indice de son histoire, serviront à faire connaître la marche parallèle de la sculpture et de la peinture des anciennes écoles germaniques,

» A ces précieux débris d'un passé qui ne reviendra jamais, nous avons la consolation de joindre des témoignages vivans de la résurrection de ce feu sacré de la foi qui l'animait, dans les œuvres des artistes contemporains de l'Allemagne. Frédéric Overbeck, la gloire de l'art chrétien de nos jours et le flambeau de son avenir, a bien voulu interrompre le cours des grands travaux qu'il poursuit au sein de la vie éternelle, pour enrichir notre humble collection d'un dessin qui représente un des traits les plus populaires de l'histoire de notre Sainte. On verra ensuite le même sujet traité en bas relief par Schewanthaler, qui occupe le premier rang dans la sculpture nouvelle d'Allemagne, comme Overbeck dans la peinture. Müller de Cassel et Flatze du Tyrol, qui ont tous deux cultivé sur le sol d'Italie les excellentes dispositions de leur nature germanique, nous ont apporté leur tribut de dévotion à la sainte qu'ils chérissent comme nous. Enfin, nous nous félicitons de fournir aux personnes qui s'intéressent à l'art, une occasion de connaître la nature et la portée d'un jeune talent qui nous semble promettre à la peinture chrétienne un véritable représentant, si Dieu le maintient dans la voie salutaire qu'il a daigné lui ouvrir. Octave Hauser, d'origine allemande, né en 1822, a eu le bonheur de passer son enfance à Florence. Ses yeux se sont ouverts à la lumière de l'art, en face des admirables fresques de Fra Angelico, de Memmi, de Giotto, d'Orgagna: c'est dans ces pages immortelles qu'il a lu sa destinée; et dès l'âge de treize ans, guidé par les conseils d'un père qui a consacré sa vie au service de l'art chrétien, cet enfant

commença à étudier d'après les grands maîtres catholiques. Rentré en France, à quatorze ans, il a commencé la série de compositions relatives à la vie de sainte Élisabeth, qui forme une partie considérable de notre collection. Nous reviendrons sur chacune d'elles en son lieu. Il se peut que nous soyons aveuglé par la tendre sympathie avec laquelle nous avons suivi, dans une âme si jeune, le développement d'une pensée identique à celle qui a si long-tems absorbé la nôtre; mais il nous semble que tout juge non prévenu y reconnaîtra avec nous une originalité, une profondeur de sentiment, et une pureté d'inspiration que l'on cherche en vain dans les prétendues œuvres d'art religieux de nos jours. Assurément nous ne donnons pas ces produits du crayon d'un enfant de quinze ans comme des chefs-d'œuvre, mais bien comme une preuve des heureux résultats d'une éducation formée par l'étude pieuse des véritables maîtres chrétiens, et dégagée des liens de la routine classique.

En dernier lieu, la collection se complète par des médailles, des lettres ornées, tirées d'anciens manuscrits, et autres objets relatifs à notre Sainte. Des vues du château de Warbourg, où elle fut élevée, et où elle vécut avec son mari, ainsi que de la ville de Marbourg, où elle passa ses années de veuvage et où elle mourut, reproduiront l'état actuel des lieux immortalisés par son souvenir. Enfin nous donnerons des fragmens de la célèbre église qui porte son nom, et qui a été le premier monument du style ogival pur que l'Allemagne ait possédé.

» Si, dans le courant de la publication, nous yenions à recueillir quelque monument de la chère Sainte, qui nous semblât propre à figurer dans notre collection, nous ne renonçons pas au droit de l'ajouter aux divers objets dont nous venons d'entretenir nos lecteurs 1. »

Le C de MONTALEMBERT.

La collection aura au moins trente planches sur quart colombier; chaque planche aura une feuille de texte explicatif, historique, biographique, etc. Le prix de chaque livraison, contenant trois planches, sera de trois francs, sur papier de Chine. Il paraîtra une livraison tous les vingts jours, depuis le 1er janvier 1838.

La souscription est ouverte chez Boblet, éditeur, quai des Augustins, no 37, et Debécourt, rue des Saints-Pères, n° 69.

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Histoire.

RECHERCHES HISTORIQUES

SUR LA VÉRITABLE ORIGINE DES VAUDOIS ET SUR LE CARACTÈRE DE LEURS DOCTRINES PRIMITIVES 1.

Ce qu'il faudrait faire en histoire. - Division de l'ouvrage.

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S'ils re

gine des Vaudois. · Epoque où parut Valdo.-- Différens noms des Vaudois. -Examen des autorités sur lesquelles ils se fondent pour réclamer une haute antiquité. De Claude évêque de Turin. montent jusqu'aux apôtres. -Suppositions de Muston,-de Peyran.Examen des erreurs de Valdo.-Il voulait réformer l'Eglise et former un ordre religieux. Tableau général des erreurs vaudoises.

La grande entreprise de refaire l'histoire, qui semble être pourtant une nécessité de l'époque, si nous voulons achever de renverser ce que M. de Maistre appelait une grande conspiration contre la vérité, aurait de quoi effrayer, surtout dans un siècle où le premier besoin est de faire vite, parce que chacun est pressé de jouir du fruit de son travail. En cette occurrence, le meilleur moyen, et le seul praticable, serait assurément de se borner, de déterminer chacun sa tâche, de se choisir un coin du vaste champ, et de le remuer, de le creuser à fond. Cette culture parcellaire et profonde, appliquée à Phistoire, aurait sans doute des résultats analogues à ceux qu'a obtenus la division des travaux, en industrie et en agriculture; et peut-être est-ce là ce qui presse le plus, avant d'échaffauder des systèmes, qui pèchent presque tous par la base et faute de matériaux, au moins lorsqu'ils veulent s'étendre au de-là de certaines généralités. L'Allemagne peut justement s'enorgueillir d'avoir donné, sur plusieurs époques et sur un grand nombre de personnages historiques, des notions, qu'on peut regarder, à peu de chose près, comme complètes; et, de son côté, la France comple

1 Vol, in-8°; à Paris, chez Périsse frères, libraires; prix, 5 fr.

quelques essais de ce même genre, qui ne demeurent audessous d'aucune comparaison.

C'est au nombre de ces dernières publications, les plus solides et appartenant à la France, sinon par la patrie de l'auteur, du moins par le langage et la sympathie, qu'ont leur place marquée, les Recherches sur les Vaudois, surtout quand elles sont accompagnées de l'histoire complète de cette secte, à laquelle le livre que nous annonçons est destiné à servir d'introduction. Mais cette introduction est assez remarquable par elle-même, pour que nous eussions à nous excuser de n'en avoir point parlé plus tôt, s'il ne fallait chercher la cause de ce retard ailleurs que dans notre bonne volonté.

Quelqu'intérêt néanmoins qui s'attache à cet ouvrage, considéré comme jetant de grandes lumières sur une des sectes les moins connues, et sur l'une des époques du moyen-âge les plus curieuses et les plus difficiles à débrouiller, ce serait en méconnaître l'importance que de la réduire à ce seul résultat. On n'ignore point, en effet, que le protestantisme, à sa naissance, s'efforça de se rattacher aux Vaudois, qui furent loin de s'opposer à cette alliance. Elle fut cimentée, d'une part, par le besoin de se donner une apparence de vie, en se ralliant à quelque chose de nouveau; et, de l'autre, par le désir de se donner une apparence de vérité, en se rapprochant de quelque chose d'ancien. Et nous aurions à signaler ici, si c'était le lieu, cette tendance de toutes les hérésies à se créér des ancêtres, à remonter toujours plus haut. Les réformés s'accrochent aux hérétiques du 12° siècle; ceux-ci, comme nous le verrons plus loin, font tous les efforts possibles pour enfoncer leur origine dans la nuit des tems. Mais ce qui a vraiment lieu d'étonner, c'est qu'au 19° siècle, des écrivains Vaudois, qui n'ont plus guère que le nom de commun avec leurs prédécesseurs, qui seraient bien fâchés de leur ressembler autrement, et dont toute la profession de foi se réduit au pur rationalisme, soient encore dominés par l'envie de pousser leur généalogie jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Taut l'esprit humain, laissé à sa propre individualité, ressent sa faiblesse! tant est profond le besoin de tenir à quelque chose d'antique et de permanent! Mais, sans nous arrêter à ces conditions, contentons-nous de

remarquer cette alliance instinctive de toutes les sectes contre le catholicisme, d'où il résulte que, si chacune d'elles se résigne à tous les sacrifices, à toutes les absurdités, afin d'avoir plus de chances de succès contre l'antique vérité; de leur côté, les défenseurs de celle-ci ne sauraient frapper une seule erreur, sans que le contre-coup n'en retombe sur toutes. Aussi, le livre dont nous avons à parler ne se trouve pas moins dirigé contre les protestans, et, en général, contre toutes les sectes en dehors de l'unité catholique, que contre la fraction minime renfermée dans les trois vallées du Piémont. La polémique qu'il oppose à ces derniers, conclut contre toute la réforme; et c'est là ce qui lui donne un intérêt d'un ordre plus général, dans un moment où le protestantisme semble rentrer dans l'arène, déguisé sous mille formes, et armé de puissans moyens d'action.

Les Recherches sur les Vaudois peuvent se diviser en deux parties bien distinctes. Dans la première, on examine successivement à quelle époque leur secte a paru, à qui elle doit le jour, et ce qu'il faut penser des divers systèmes des écrivains Vaudois et protestans, sur ce sujet. La seconde est plus particulièrement consacrée à faire connaître le but que Pierre Valdo se proposait d'atteindre, et à déterminer le caractère et les principaux points des doctrines que ses disciples ont professées dans les premiers tems.

Pour établir d'une manière sûre l'époque de la naissance et la véritable origine de l'hérésie Vaudoise, l'auteur a d'abord recours aux autorités contemporaines. Il va chercher dans les chroniques et les autres documens si nombreux du moyen-âge, tout ce qui traite de Valdo et de ses sectateurs 1; il reproduit ces

Nous donnons ici la liste des principales autorités citées dans les recherches sur l'origine des Vaudois :

10 Bernard, abbé de Foncald, écrivain de la fin du 12. siècle, auteur d'un traité contre les Vaudois, inséré dans la bibliothèque des Pères. (Lugd. 1677, t. XXIV. )

2o Alain de l'Isle ou de Lille, surnommé le Grand et le Docteur universel, célèbre professeur de l'université de Paris, vers la fin du 12e ou le commencement du 13e siècle. On disait de lui: sufficiat vobis vidisse Alanum. Voir son traité : de fide catholicá, contra hæreticos præsertim Albigenses,

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