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(223) Culte des dieux fétiches. LINDEMANN, Geschichte der Meyn. etc.

(224) Le Belli, dont nous avons parlé plus haut. L'hymne qui est ainsi chanté s'appelle le Beili-dong.

(225) M. de Voltaire est, de tous nos écrivains, celui qui a combattu le plus obstinément les récits des anciens, relativement aux fètes licencieuses, et à la prostitution des Babyloniennes. Il y trouvait l'avantage de rendre ridicule un homme beaucoup moins spirituel que lui, sans doute, et que son irascibilité lui avait fait ranger parmi les ennemis de la philosophie, parce que cet homme avait eu le malheur de contredire ses narrations, quelquefois partiales, et ses assertions un peu hasardées. Mais on ne conçoit pas comment M. de Voltaire, qui avait plus étudié que personne les effets de la superstition, et qui en connaissait toute la puissance, s'est obstiné à considérer comme inadmissibles des égarements que tous les historiens de l'antiquité attestent, et qui certes n'étaient pas plus incroyables que beaucoup d'autres très-constatés. N'avonsnous pas vu, dans des sectes chrétiennes, la promiscuité des femmes, la nudité, les attouchements immodestes, les pratiques les plus obscènes érigées en devoirs religieux? Etait-il plus difficile d'imposer à l'époux le sacrifice de la pudeur d'une épouse, que de forcer le père à poignarder son fils, ou à précipiter sa fille au milieu des flammes ? Un temps viendra sans doute où les auto-da-fé nous paraîtront aussi impossibles que les rites licencieux. Un temps viendra où nul ne voudra croire que les rois des nations civilisées aient assisté en pompe au supplice épouvantable d'enfants, de femmes et de vieillards; et qu'une reine ait pensé plaire au ciel en crevant un œil à son con

fesseur qu'on menait au bûcher. Cependant, à moins de contester ce qu'une génération peu antérieure à la nôtre a vu de ses yeux, il faudra bien admettre ces horreurs qu'on aura le bonheur de ne plus comprendre. M. de Voltaire, dans toutes ses recherches sur les temps reculés et les peuples lointains, semble avoir pensé que les hommes étant les mêmes dans toutes les époques et dans tous les pays, ce que la bonne compagnie ne pouvait faire à Paris, elle n'avait pu le faire à Hiéropolis ou à Ecbatane. Ce principe, propre à satisfaire un esprit rapide, impatient de trancher toutes les questions, ne saurait, quand on l'applique dans un sens absolu, conduire qu'à l'erreur. Il faut sans doute adopter pour base des opinions et des actions humaines, les penchants et les dispositions qui appartiennent à notre nature: mais la connaissance de ces dispositions et de ces penchants doit nous conduire à la découverte des causes, à l'explication des motifs, et nullement à la négation des faits, lorsque d'ailleurs ils sont attestés par des autorités respectables. Il est impossible d'assigner des bornes aux extravagances et aux opprobres dans lesquels la superstition entraîne les peuples, et, si combattre avec des épigrammes des témoignages unanimes et irrécusables est une bonne manière d'avoir du succès dans un temps de légèreté et d'ignorance, c'est une manière de raisonner déplorable, et la plus vicieuse de toutes pour arriver à la vérité.

(226) Si quelqu'un était tenté de nous opposer les fêtes mystérieuses de la Grèce et de Rome, nous le prierions de suspendre ses objections jusqu'à notre exposé de la composition des cultes sacerdotaux, comparés à la religion grecque et romaine. Nous n'avançons rien sans preuve: mais nous ne pouvons pas tout dire à la fois.

(227) En indiquant ici cette cause morale des cérémonies licencieuses, partie essentielle des cultes de l'Égypte, de l'Inde, de la Phénicie et de la Syrie, nous sommes loin d'exclure les explications scientifiques et cosmogoniques. Mais ces explications, qui se rattachent à des systèmes de philosophie sacerdotale, ne pourront être examinées que plus tard. Il est naturel de reconnaître dans les jongleurs le même calcul que dans les corporations de prêtres qui occupèrent leur place, puisque l'intérêt de ces corporations était le même que celui des jongleurs; mais il serait absurde de leur attribuer la même science, ou les mêmes erreurs sous les dehors de la science.

(228) On verra que tandis que les dieux de la Grèce s'élevèrent à une beauté idéale, ceux de l'Égypte et de l'Inde restèrent toujours monstrueux.

(229) LAFITEAU, Mœurs des Sauvages, I, 101.

(230) CHARLEVOIX, Journ. p. 364.

(231) RYTSCHOWs, Journ. pag. 92, 93. GMELIN, II, 359, 360. Tous les Daures (tribus de Nègres) se prétendent devins. Dans le royaume d'Issini, sur la côte d'Ivoire, il n'y a qu'un seul prêtre, nommé Osnon, qui n'est consulté que par le roi. Les particuliers choisissent quelque devin, auquel ils s'adressent, et qu'ils changent à leur gré.

(232) Lorsque dans quelque danger pressant ou dans quelque expédition importante, un Sauvage réunit plusieurs jongleurs, qui apportent chacun leur fétiche, la discorde se glisse d'ordinaire parmi eux, et la conférence se termine par des querelles et des voies de fait. DOBRIZ

HOFF. Hist. des Abipons, II, 84. DUTERTRE, Hist. gén. des Antilles, II, 368.

(233) Chez les Lapons, les Américains, les Kamtschadales, quiconque voit son génie lui apparaître devient prêtre. CHARLEVOIX, Journ. p. 364. Chez les montagnards de Rajamahall, c'est le maungy, ou chef politique, qui officie dans les rites religieux. (Asiat. res. IV, 41.)

(234) Les schammans de la Sibérie sont si mal payés, qu'ils sont obligés de se nourrir de leur propre chasse ou de leur propre pêche.

(235) En établissant que le pouvoir des prêtres est ordinairement très-borné chez les hordes sauvages, nous ne prétendons point contester qu'il n'y ait à cette règle des exceptions qui méritent d'ètre expliquées. Ainsi dans le royaume de Juidah, en Nigritie, les offrandes au fétiche national, qui est un grand serpent, sont remises entre les mains des prêtres, qui ont seuls le droit d'entrer dans le temple, et qui forment une corporation héréditaire, égale en pouvoir au roi de cette horde. (Culte des dieux fétices, p. 31.) Mais c'est dans le livre suivant, consacré à rechercher les causes de l'autorité illimitée du sacerdoce en plusieurs pays, que nous aurons à nous occuper des exceptions.

(236) VOLNEY, Voy. aux États-Unis.

(237) ROGER CURTIS, Nachricht von Labrador, in Forster und Sprengel, Beytræge zur Volker kunde, I, 103. HERDER, Ideen, II, 110.

(238) Les Peschereys, à l'extrémité de l'Amérique mé

ridionale, n'ont point de prêtres, à ce que les voyageurs nous assurent. HERDER, I, 65. Aussi sont-ce les plus reculés et les moins intelligents des Sauvages. HERDER, ibid. 237.

(239) V. HECKEWELDER, Mœurs des Indiens, c. 29 et 31.

(240) HERDER, Ideen. Ceci n'est point en contradiction avec ce que nous avons dit plus haut des privations que le sacerdoce impose. Ces privations ne sauraient être qu'une exception à la règle sans cela la société périrait, ce qui n'est pas de l'intérêt des jongleurs.

FIN DES NOTES.

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