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elle eft d'une telle figure qu'elle ne peut le déba raffer du tuyau où elle a pris naiffance: alors elle s'y groffit comme elle feroit dans la veffie, & elle peut s'y accroître tellement qu'elle cause la mort. Il y en a plufieurs exemples, & le plus fameux de ceux qui font venus à ma connoiffance, c'eft celui du Pape Innocent XI. qui étant mort le 13 Août 1689. fut ouvert: on lui trouva deux pierres une dans chaque rein, celle du rein gauche pefoit neuf onces, & celle du droit fix. J'ai trouvé ce fait fi particulier, & le volume de ces calculs fi extraordinaire, eû égard à la capacité naturelle du lieu où elles fe rencontrerent, que je les ay fait graver fur un deffein qui m'en fut envoïé de Rome, afin de vous en faire voir la groffeur & la figure (a).

(a) Dans les cadavres de ceux qui ont été fujets aux douleurs néphrétiques, on trouve quelquefois la fubftance glanduleufe du rein entierement fondue, de forte que cette partie ne paroît plus qu'un fac. membraneux, ou une poche partagée en plufieurs loges pleines d'urine. Ce changement vient ordinairement du féjour des pierres dans le baffinet du rein ou arrêtée dans l'urétere.

Les pierres qui s'arrêtent dans le rein y caufent fouvent des abfcès, qu'il faut ouvrir quand ils fe manifeftent à la région lombaire.Il fort alors de ces abfcès beau coup de pus mêlé d'urine, & l'on a été quelquefois affez heureux pour en tirer la pierre qui avoit produir • Denis tout le défordre. Il y a plufieurs exemples de malaObfervationes des qui ont été guéris de cette façon, guérifon qu'ils Chirurgica, n'auroient cependant jamais dû efpèrer, fi la pierre fût

reftée dans le rein, & fi lanature elle-même n'eût paru vouloir les foulager en facilitant à l'art les moyens de les fecourit. C'eft auffi dans cette circonstance & de carte maniere que quelques-uns prétendent que l'on peut pratiquer l'opération de la Néphrotomic. M. Co* Traité de lot* croit que l'Archer de Bagnolet, fur lequel on a fait fa Lithoto. dit-on, cette opération, étoit dans ce cas. Car il la

mie.

regarde comme impraticable en tout autre. Au refte on ne fçait pas précisément quelles étoient la maladie de l'Archer de Bagnolet & l'opération qu'on lui a fait: les fentimens des Hiftoriens, font fort partagés fur ce

maniere

tailler,

de

fait, raporté par Mezeray. Quant à l'opération de la Néphrotomie: voici ce qu'en dit M. Mery, *dont le * Obferva jugement mérite d'être refpecté. » La connoiffance que tions fur la »nous avons que cette opération a été pratiquée du »tems d'Hippocrate, jointe aux exemples qui ne font "point fort rares d'abfcès des reins qui fe font fait ou»verture dans la région des lombes, doivent empê>>cher que cette propofition, (celle de pratiquer la » Néphrotomie au moins fur des Criminels) paroiffe » téméraire. Et on peut d'ailleurs affurer que la nécef» fité de remettre cette opération en pratique, est tout "au moins auffi grande, qu'a été celle d'y remettre la "précédente, (l'opération de la pierre dans la veffie), "puifqu'il y a tout au moins autant de malades qui meurent de la pierre dans les reins, que de la pierre dans la veffic. M. Mery ne voudroit-il pas dire, qu'elle n'eft praticable que dans le cas d'un abfcès. Il paroît par un examen anatomique que cette opération ne peut réuffir, à moins que le dérangement des parties 'en préparent le fuccès.

Pierres trouvées dans les reins du Pape Innocent XI.

De la dou

le it néphré. Orfqu'une pierre fe détache du rein, & qu'elL le prend le chemin de la veffie, fi elle eft petite elle coule aifément dans cette poche; mais fi elle eft groffe, étant obligée de dilater l'uretere pour fe faire paffage, elle caufe des douleurs d'autant plus grandes que par fes inégalités & par fes angles aigus, elle déchire & pique la membrane nei veufe de ce tuyau. On appelle fouvent cette ma

ladie, colique néphrétique; mais c'eft impropre ment, puifque ce nom de colique ne doit être donné qu'aux maux qui regardent le colon : elle est mieux nommée douleur néphrétique, de néphri, qui veut dire rein, à caufe que ce qui fait la douleur vient du rein, & non de l'inteftin colon.

des douleurs

néphrétique

Ces douleurs néphrétiques font excitées par du De la caufe fable, par du gravier, ou par une pierre; quand c'eft du fable, les douleurs font légeres, à moins qu'il ne foit en une très-grande quantité; lorfque c'eft du gravier, elles fe font fentir davantage, parce que les particules du gravier font rudes, irrégulieres & plus groffes que celles du fable; & quand c'eft une pierre, elles font très-vives; on a pour lors recours aux remedes généraux qu'on ordonne fuivant les accidens qui preffent le plus.

néphrétique,

Les fignes qui nous apprennent que c'eft une Caradero douleur néphrétique, font qu'elle commence à de la douleur l'endroit du rein, qu'elle fe continue le long de l'uretere, & qu'elle répond à la région de la vellie; on fent un engourdiffement dans la cuiffe, le tefticu-. le du même côté eft tiré en haut par le mufcle cremafter qui souffre, on a de la peine à uriner,. & on vomit dans cette occafion. Je vous renvoye à la pratique ordinaire pour les remedes qui conviennent à ce mal. Je ne vous en ai parlé que pour vous faire concevoir pourquoi on a raifon de foupçonner que celui qui urine difficilement peut avoir une pierre dans la veffie, furtout lorfque cette difficulté aura été précédée par des douleurs néphrétiques.

aion du T

Après vous avoir expliqué comment la pierre fe conjece fait, il faut que je vous dife ma pensée fur la forma- fur la prod tion du fable. De même que vous voyez que la par- ble, tie tartareufe du vin eft adhérente à la furface inté rieure du muid où il eft renfermé, qu'elle s'attacheaux vaiffeaux où on fait bouillir des liqueurs épaiffes, & que même il fe forme une croute au-dedans.

Expérience d'une occa

des tuyaux par où l'eau coule continuellement auffi ces fortes de corpufcules contenus dans l'urine fe collent-ils dans le baffinet & le long des ureteres ; & y étant coagulez par un efprit acide, ou par l'entrelacement & l'union étroite de leurs parties branchues s'y pétrifient, & boucheroient à la fin les conduits, fi l'humeur glaireufe que les glandes des ureteres féparent fans ceffe pour en enduire les cavités, de crainte que leurs membranes ne foient offenfées par les fels urineux n'obligeoit çe tartre de fe détacher petit-à-petit pour se laiffer entrainer par l'urine dans la veffie où il tombe par petites particules féparées comme du fablon; & il eft peu de perfonnes qui n'en vuident tous les jours.

avec l'urine.

Ce fablon eft fouvent blanc, & quelquefois rou geâtre, on le trouve au fond du pot-de-chambre; & même lorfqu'on y laiffe féjourner l'urine, on s'apperçoit que ce même tartre s'attache aux parois du pot & y fait une croute, d'où on conjecture affez furement qu'il y a dans l'urine une matiere propre à être condenfée, & un efprit capable de faire cette pétrification.

M. Tolet qui a très-bien écrit de la Lithotomie fion extraor- après l'avoir longtems pratiquée à l'Hôpital de la dinaire du Charité de Paris, fous l'illuftre M. Jeannot alors le

calcul.

L

plus célebre Lithotomifte, nous dit qu'il a taillé un foldat Italien qui s'étoit fouré un feret d'aiguillette par l'uretre dans la veffie, qu'il fe forma une pierre de la matiere qui fe joignit à ce ferret, & s'y endurcit par fucceffion de tems. Il arriva la même chofe à un autre à qui un coup de moufquet fit entrer une bale dans la veffie où elle fervoit de base à une pierre dont il le fallut délivrer par la taille. quelques années enfuite. Ces expériences confirment bien la pensée de Fernel en ce qu'il dit que toutes les pierres ont un noyau.

Il y a auffi une nature de pierre qu'on, appelle.

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