confequens è contra fit ea quæ verfatur circa objectum non tantùm in fpecie confideratum, fed etiam in indivi duo, feu cum omnibus circúftantiis in quibus in individuo & à parte rei exiftit. Probatur authoritate S. Thomæ. To. 2. » & individuellement avec toutes fes circonftan»ces. Cela fe prouve par l'autorité de Saint Thomas. " Cet objet de la volonté antécédente, confideré par la précifion de notre efprit comme féparé des circonftances particulieres dans lefquelles il fe trouve réellement: c'eft l'homme confideré dans le mo ment de fa creation comme fait à l'image de Dieu, c'est-à-dire, avant le péché d'Adam. Le P. Juenin s'en explique fi nettement, qu'il ne laiffe aucune obfcurité sur ce point. » ' Dieu regarde, dit-il, comnem in fe fumptum » me un bien de fauver l'homme en l'envisageant falvari hoc elt, › » comme étant fait à fon image dans fa creation prout eft ad imaginem Dei conditus,» avant qu'il fût coupable d'aucun péché comme & abftrahendo à pec- il l'eft cependant en effet depuis le péché du pre P. 327. ⚫ Bonum eft homi cati ftatu in quo ver. fatur. To. 2. p. 330. b Cum Deus per voluntatem antece сс ور C mier homme. On lit encore la même erreur un peu plus bas. dentem velit faluté » par la précision de l'esprit, (comme nous l'avons, dit-il, deja obfervé en fon lieu) de la nature tombée où nous fommes tous depuis le péché de no» tre premier pere: & cette volonté antécédente, ajoûte le P. Juenin, fe reduit à cette simple vel» léité: Je voudrois fauver l'homme, s'il n'étoit pas pé hominis, ut homo eft, abftrahendo, an fit reus, ut eft tamen revera poft peccatú primi parentis; mirum non eft, quod vi ejufmodi voluntatis, media ad falutem fufficientia illi actu & de facto non conferat. Ibid. P. 332. » cheur. » " » “ Il dit encore, que quand on regarderoit la volonté antécédente de Dieu non feulement com • Antecedens voluntas abftrahit (ut fuo loco obfervatum eft) à naturæ lapfæ statu, in quo homines post primi parentis peccatum verfantur: eft enim ejusmodi, Vellem omnium hominum faluiem, fi non effent rei. Ibid. p. 344. d Quamvis.... voluntas antecedens fit voluntas beneplaciti. Conftat quoque eam non im pleri, quia, ut ibidem obfervavimus, pofita eft in affectione, quæ nullius effectus eft productiva: VO nulla affumat me dia, ut id exequatur "circa quod verfatur. Ibid. p. 338. 30 a Cette erreur du P. Juenin, touchant la volonté antécédente de Dieu, ne lui est point échapée par mégarde. C'est le roule tout fon systeme Principe fur lequel de la grace. Il ne veut pas que fon Le me une volonté de figne, mais même comme « productiva: eò quòd une volonté de bonplaisir; il est constant, qu'elle fe reduit à une fimple affection, qui ne produit aucun effet, parcequ'elle ne prend aucun moïen pour executer ce qu'elle s'eft propofé pour objet. a L'Auteur abufe vifiblement du nom refpectable de S. Thomas, quand il s'en fert pour prouver une telle erreur. Au lieu d'écrire comme il a fait, Cela fe prouve par S. Thomas: il devoit dire, Cela fe prouve par l'autorité de Janfenius. En effet Janfenius avoit établi ces maximes; foutenant' que la doctrine de S. Jean Damafcene touchant la lonté antécédente que Dieu a de fauver tous les hommes, ne pouvoit favorifer les Theologiens modernes: parce qu'autrement ils feroient obligez d'avouer que cette volonté antécédente fournit auffi les graces fuffifantes & les moïens de redemption aux démons & aux damnez. Il ofe même avancer, que c'est un sentiment tres-contraire à celui de S. Augustin, de penfer que JESUS-CHRIST foit mort, & qu'il ait prié fon Pere pour le falut éternel des infideles qui meurent dans l'infidelité, ou des juftes qui ne perfeverent pas. d D'où il s'enfuit, dit Janfenius, que fefus-Chrift n'a pas plus prié pour leur falut éternel que pour celui des démons. e. Eod. Lib. c. ult. V. fes paroles ci-deffus, p. 237. deur le perde de vue. ly renvoie dans les dans le 4: p. 479480. 6 481. en traitant de la mort falut des hommes; de Jefus Chrift pour dans le se. p. 523. traitant cette que des graces fuffisantes pour le salut, à tous les enfans. autres Tomes; come le & en ftion, Si Dieu acorde b Lib. 3. de Gra. Chrifti c.20. V.C deßus, p. 238. dEx quo factum eft, ut juxta fanctiffimum, Doctorem, non magis Patrem pro æterna liberatione ipforum (infidelium in infidelitate morientium vel juftorum non perfeverantium) quam pro diaboli deprecatus fuerit. Ibid.. L'Auteura cû les mêmes idées que Jansenius fur la mort de JESUS CHRIST; puifqu'il dit d'une part dans Hh quod dicitur velle per voluntatem antantùm impropriè, id eft exterius, nempe aut quòd nos id velle faciat:aut quòd præcipiat ut id veli tecedentem: an verò mus. dans fes Inftitutions Theologiques, que "JESUSCHRIST, dans fa vie & dans fa mort, a eû une volonté antécédente & confequente parfaitement conforme à celle de Dieu fon Pere; & de l'autre, que la volonté antécédente de Dieu pour le falut de tous les hommes, fe reduit à une fimple affection ou velléité, qui ne le porte à rien refoudre ni à rien faire qui tende à leur procurer le falut éternel. Mais avant que de traiter ce qui regarde la mort de JESUS-CHRIST, voici encore quelques Conclufions de notre Auteur, qui tendent à la même erreur fur la volonté antécédente de Dieu, & qui meritent une atention particuliere. Aprés avoir fupofé que les Theologiens font en dispute fur cette question, Si la volonté antécédente de notre falut eft formellement en Dieu; & avoir supofé qu'il y a deux fentimens fur cela: il établit cette premiere Conclufion. La volonté antécédente eft proprement en Dieu, »& non pas feulement dans un fens metaphorique. Not. 2. Circa eam quæftionem duplex eft Autorum fententia. Prior quæ à pluribus Thomistis, & ab omnibus Moline difcipulis defenditur, docet voluntatem antecedentem effe in Deo propriè & non tantùm metaphoricè. Altera eft Bannefii multorumque veterum Thomiftarum quibus fubfcribit Eftius in 1. Sent. dift. 46. §. 3. ubi fic loquitur: Caterùm longè probabiliùs fentiunt qui negant in Deo formaliter & propriè effe voluntatem antecedextem. Iifdem fere terminis fubfcribit etiam Sylvius. To. 2. p. 328.6329. • CONCLUSIO I. Voluntas antecedens eft propriè in Deo, & non metaphoricè tantùm. Ibid. p. 329. Il n'y a perfonne qui ne crût d'abord, qu'il parle conformément à une de ces opinions, qui felon la 2 o. obfervation, partagent les Ecoles. Son Apologiste lui fait honneur de ce qu'il a embraffé ce fentiment comme le plus probable & le meilleur. Mais la preuve, qu'il aporte de cette Conclufion, fait bien voir qu'il l'entend uniquement dans le sens de Janfenius, qui eft rejetté par tous les Theologiens com me une erreur. a • Probatur z. Ya tione. Ea voluntas eft propriè in Deo, cujus objectum eft in fe bonum: nam cùm Dei voluntas fit infinita, verè ac pro priè amat id omne quod bonum eft: at Voici, dit-il, la raifon qui prouve ma Con- « clufion. Cette volonté eft proprement en Dieu « dont l'objet eft bon en foi; car la volonté de Dieu « étant infinie, elle aime veritablement tout ce qui eft bon. Or l'objet de la volonté antécédente eft bon en soi; par exemple, il est bon que l'homme confideré précisément en lui-même foit fauvé, c'est-à-dire, en tant qu'il eft créé à l'image de Dieu, & en le feparant par la précision & par l'abstraction de l'efprit, de l'état du péché. « Ainfi l'Auteur revient toujours à fon erreur, Que la volonté antécédente de Dieu ne veut fauver l'homme, qu'en le considerant avant la chute d'Adam & tel qu'il étoit en fortant des mains de Dieu au moment de fa creation. Cette erreur du P. Juenin, qui lui fait tourner comme il lui plaît les controverfes qui font entre les Theologiens Catholiques, va être encore éclaircie par fa feconde Conclufion. "Le fentiment qui affirme ou qui nie qu'il y a en Dieu dans un fens propre & veritable, une volonté antécédente, n'a aucune liaison avec le myftere de notre prédestination & de nos graces. En voici la preuve. Cela n'a aucune liaison avec le mystere de la « prédestination & de la grace, qui ne determine Dieu ni à rien refoudre ni à rien operer en qui objectum volun- bonum eft hominem b CONCLUSIO II. Sententia five affirmans five negans vo luntatem anteceden tem effe in Deo pro⚫ priè, nullam habet connexionem cum prædeftinationis aut gratiæ myfterio. Probatur: Illudi nullam habet con nexionem cum prædeftinationis aut gra tiæ myfterio, quod Deum non movet ut aliquid aut definiat, aut operetur circa creaturam rationa lem : atqui voluntas antecedens eft ejufmodi: nam (tefte S. Thoma) fe habet in Deo voluntas antecedens refpectu hominis lapfi, ficut fe habet in judice voluntas atecedens falvandi hominem alicujus flagitii reum: atqui antecedens voluntas non movet judicem ut aliquid aut definiat aur operetur circa illum homi nem: nempe ex vi confulat: imò ne eli vi cujus in eum fert ນ 2) » faveur de la creature raifonnable. Or telle eft la دو رو رو رو دو pro On voit tres-clairement que felon ce faux raifonnement du P. Juenin, & felon le mauvais fens illius voluntatis ju- qu'il donne au paffage de S. Thomas, dont il abudex non eligit me- fe: la volonté confequente de Dieu à l'egard des dia quibus illius vitæ réprouvez a empêché la volonté antécédente de gat ejufmodi media, Dieu de former aucun deffein, ou de rien faire en impedimento eft vo faveur des réprouvez pour prévenir leur damnaluntas confequens, tion; & que par confequent JESUS-CHRIST n'est mortis decretum im- pas mort pour leur meriter aucun fecours, qui eût à leur falut éternel & à leur rédemption raport en aucun de ces premiers inftants, que la Theologie diftingue en Dieu pour nous faire concevoir l'ordre de les divins decrets. Ainfi Dieu ne veut fauver aucun des réprouvez; parceque fa volonté confequente eft un obftacle, qui l'empêche de choifir aucuns moïens de les fauver. Nous verrons dans la fuite que les Thomiftes emploïent la comparaison peratque tortori ut illud mandet executioni: ergo, &c. To. 2. p. 331. |