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CHAPITRE III.

DANEMARCK.-Émeute. Condamnation de plusieurs journaux.

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velles restrictions à la liberté de la presse. -Discours du roi à une députation de la ville de Consors. Adresse des États des îles danoises. Réponse du commissaire du roi.—Nomination d'une commission chargée d'examiner la pétition demandant une loi nouvelle pour la fixation de l'impôt. - Promesse de privilége aux particuliers et aux sociétés qui entreprendront l'exécution des chemins de fer dans le Holstein. ronnement du roi et de la reine.

· Cou

SUÈDE ET NORWEGE, — Ouverture de la Diète. - Discours royal. — Réponses des ordres. - ·Succès et échecs de l'opposition. - Modification

-

dans le ministère:- Améliorations introduites dans la constitution. — Nouvelle organisation du Conseil-d'État. — Adoption du système de l'élection et des deux Chambres. — Politique du roi dans la question d'Orient. Envoi d'une escadre dans les mers du Levant. Instruction au commandant de l'escadre et au consul-général à Alexandrie.

RUSSIE. Affaires d'Orient. - Première proposition de M. de Brunow à la conférence de Londres.-Seconde proposition de ce diplomate.-Elle est accueillie.-Question des frontières.-Traité du 15 juillet. - Expédition de Khiva.-Aperçu sur les tribus qui habitent ce pays.-Marche de l'armée.— Elle revient sur ses pas.- Arrivée à Khiva d'un détachement de celle expédition. - Le Khan demande la paix, donne la liberté aux captifs russes et entre en relation avec le Cabinet de Saint-Pétersbourg. Conclusion du différend. - Continuation de la guerre en Circassie. - Échecs de l'armée russe. - Perte de plusieurs forts. De celui de Michaïloff. -Héroïsme de la garnison. - Ordre du jour à l'armée. - Intérieur.Protection accordée par l'empereur aux lettres, aux sciences, aux arts et à l'industrie. - POLOGNE. Arrestation de l'évêque de Podalachie.

Amnistie partielle.

DANEMARCK.

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Le nouveau règne continuait la politique du précédent, à la stricte exécution de la loi de 1837, la presse libérale put bientôt s'en convaincre; elle ne mit que plus d'ardeur à poursuivre son but. Aussi l'on ne manqua pas de lui attri

buer les désordres qui éclatèrent le jour anniversaire de la naissance du roi; les condamnations se multiplièrent; depuis quelques mois plusieurs journaux de Copenhague en avaient subi jusqu'à dix et douze. Le gouvernement ajouta de nouvelles mesures de répression à la loi de 1837 : « à l'avenir, tout écrit périodique qui aura été condamné en la personne de son éditeur ou rédacteur à une peine ou amende quelconque, quelque minime qu'elle soit, perdra, par ce fait même et pour toujours, le droit d'être expédié par les mallepostes e ne pourra être transporté que par les postes de paquets, voitures presque aussi lentes que le roulage ordinaire de France: » ce sera la mort de ces journaux. Du reste, le roi avait exprimé dès l'année dernière ses vues sur la presse et la constitution du pays, et une nouvelle occasion d'exposer ses sentiments à ce sujet lui fut donnée par une démarche des bourgeois et des propriétaires fonciers de Consors. Dans une lettre de félicitations qu'une députation choisie dans leur sein présenta à S. M., ils n'avaient point dissimulé le désir de voir la constitution modifiée en quelques points :

« Je vois avec plaisir, répondit le chef de l'État, que vous avez parfaitement compris ce que j'ai déclaré, soit dans mes lettres patentes, soit dans les réponses que j'ai faites à quelques adresses antérieures. Néanmoins vous exprimez le vœu que certains changements soient introduits dans la constitution, comme si ces changements étaient nécessaires à la prospérité du pays. Un roi sage fonde le bonheur du peuple sur les lois protectrices du droit de propriété, sur une liberté de la presse contenue dans de justes bornes, sur des finances bien réglées et sur une institution d'État par laquelle les vœux du peuple puissent arriver jusqu'au roi, et dans ce cas, ils seront toujours accueillis avec bienveillance; mais lorsqu'une commune se présente comme l'interprète des voeux de tout le pays et que l'adresse qu'elle dépose au pied du trône ressemble à celles d'autres communes, cette conformité de vœux ne peut être considérée comme émanée d'une grande partie de la nation, puisqu'elle n'appartient qu'à des individus, et par conséquent on ne saurait lui accorder un grand poids. Toutefois je ne méconnais point vos bonnes intentions. Adressez-vous à moi avec confiance toutes les fois que vous aurez des voeux ou des désirs à manifester. Il me

sera agréable de pouvoir faire quelque chose pour votre ville, et je vous prie d'assurer les bourgeois de Consors de ma bienveillance royale.

Une autre matière, depuis long-temps agitée dans le pays, est celle de l'impôt. Plusieurs fois déjà les États des provinces des îles danoises avaient manifesté le vœu qu'aucun impôt ne pût être établi ni perçu sans le consentement de tous les États provinciaux du royaume. Dans leur adresse de cette année, ils se prononcèrent d'une manière plus formelle encore:

• Sire, disaient-ils, nous félicitons Votre Majesté de ce que les relations extérieures du royaume sont maintenant telles, que vous pourrez donner tous vos soins exclusivement aux affaires intérieures et aux améliorations qui sont devenues urgentes, dans l'exécution desquelles vous trouverez tout l'appui désirable de la part des hommes éclairés du pays. Une réforme dans l'organisation des finances du Danemarck est généralement reconnue comme urgente et tout-à-fait indispensable, et nous nous flattons de l'espoir que Votre Majesté ne se laissera empêcher par aucun obstacle d'agir de manière que l'avenir ne soit pas compromis.

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Le roi répondit par l'organe de son commissaire :

« S'il arrive que l'on fasse aux membres des États provinciaux des propositions tendant à obtenir des changements auxquels nous ne pourrions donner notre assentiment, nous nous attendons qu'ils n'en tiendront aucun compte, et qu'ils ne se laisseront pas entraîner par un petit nombre d'individus qui, mécontents de ce qui existe, méconnaissent les efforts que nous faisons pour préparer une plus parfaite administration du pays, pour s'arroger, au nom du peuple, le droit de demander des changements dans les lois fondamentales. »

L'impression produite par ces paroles fut profonde; mais elle n'infirma cependant point les intentions réformatrices de l'assemblée.

L'ordre du jour était un rapport sur des pétitions envoyées des principales villes de la province, couvertes de signatures, et demandant unanimement que la fixation du chiffre des impositions fût à l'avenir une des attributions essentielles et invariables des États du royaume.

Une commission devait-elle être nommée pour examiner Ana. hist. pour 1840.

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ces petitions? la majorité lè pensait, et le commissaire du roi combattit ce projet.

Néanmoins l'assemblée nommá sur-le-champ une cómmission d'examen.

Pendant que le gouvernement luttait ainsi contre les idées de progrès en matière politique, il faisait au contraire dẽ louables efforts pour introduire dans les États les améliorations de l'indústrié, et, en rapprochant les distances, les intérêts et par suite les pensées et les sympathies, facilitait pour l'avenir le mouvement qu'il croyait utile d'arrêter ou de modérer dans le présent.

Pour encourager l'établissement des chemins de fer dans le Holstein, le roi rendit une ordonnance, par laquelle il accordait aux particuliers et aux sociétés qui voudraient se charger de ces voies de communication : 1° l'exemption de tous droits de timbre et d'enregistrement sur les actions et les autres actes relatifs à cette entreprise; 2° l'importation franche de tous droits de douane, des rails et autres matériaux destinés à la construction des routes; 3° l'exemption perpétuelle de tous impôts sur les maisons, magasins et autres bâtiments qui serviraient à l'exploitation de celles-ci.

Ajoutons à ces faits, mais seulement pour mémoire, le couronnement du roi et de là reîne, qui fut célébré le 23 juin, au château de Frédériksbord, sans incident remarquable. (Voir pour les détails à la Chronique.)

SUÈDE ET NORWÈGE.

L'ouverture solennelle de la Diète eut lieu le 25 janvier. Dans le discours qu'il adressa en cette occasion aux États, le roi rappela comment, en suivant la politique de Charles XIII, il avait maintenu la paix et accru la prospérité du royaume. En effet, le prix de l'exportation du fer, cette branche principale du commerce de ce pays, avait plus que doublé. D'immenses ressources étaient disponibles en ce moment, et dispensaient le Gouvernement de recourir à

une augmentation du bewillning, pour couvrir les dépenses du service public; elles permettaient aussi de réduire les impôts, et préférablement ceux qui pèsent sur l'agriculture. Enfin, les États pouvaient se convaincre par l'inspection du tableau indiquant les travaux exécutés en Suède, depuis 1810 jusqu'en 1837, qu'ils s'élevaient à la somme de plus de 15 millions et demi rixdals de banque, bien que plusieurs charges imposées sur la terre eussent été supprimées.

Tous ces avantages, ajouta S. M., sont dûs à l'état de paix extérieure et intérieure dont la divinité nous a comblé: troubler cette heureuse sitúation, c'est mettre en problème l'existence de la patrie; s'exposer aux chances et aux hasards des combats, c'est aussi rompre la religion du serment politique. L'enseignement primaire avait été l'objet d'une attentive sollicitude de la part du Gouvernement et du sacerdoce : sur 1,009 écoles paroissiales et 377 précepteurs d'écoles ambulantes existant dans le royaume, les trois quarts avaient été fondées depuis 1811. Le roi comptait sur le concours des quatre ordres pour doter 1,200 paroisses de ces institutions si éminemment essentielles à la morale religieuse et politique, au bonheur des familles et à la gloire de la patrie. S. M. insista également sur la suppression des magasins de réserve créés contre les éventualités de la famine, et sur les angoisses peu appréciées que ce fait avait causées au Gouvernement. L'armée continuait ses travaux d'améliorations matérielles et donnait au canal de Trollhatta, qui joint la Mer du Nord à la Mer Baltique les mêmes dimensions que celles du canal de Gothie, et l'on pouvait espérer qué dans quatre ou cinq ans au plus, cette voie de communication serait terminée.

Une question fort importante était à l'ordre du jour depuis quelques années: la question des réformes à introduire dans la constitution, et avant la séparation de la dernière Diète, de nombreuses pétitions avaient été adressées à ce sujet au souverain. Une matière si grave ne pouvait étre passée sous silence,

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