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entre les états abolitionistes et les états à esclaves; d'ailleurs, c'est au 1er janvier de l'année 1841 que doit cesser l'effet de l'acte qui confère à tout émigrant après un séjour de six mois, la possession de cent vingt-neuf hectares de terre.

Grâce aux avantages de toute sorte que ce pays offre à l'activité et à l'ambition de quelque nature qu'elles soient, en moins de cinq années, sa population a grossi de 440,000

ames.

L'industrie, sur laquelle repose spécialement l'avenir du Texas, celle du coton, a fait les mêmes progrès, et l'exportation qui, en 1833, s'était élevée à 4,000 balles seulement, est montée en 1840 au chiffre de 60,000 balles.

RÉPUBLIQUES DU CENTRE.

La paix semble bannie de ces contrées; les gouvernements s'élèvent et sont aussitôt renversés : dans sa chute, le parti vaincu conspire et revient quelquefois au pouvoir; c'est ainsi qu'à Guatimala le général Morazan, qui pendant huit ans s'était maintenu à la présidence (quatre ans en vertu du choix du peuple, et quatre autres années par l'usurpation), fut enfin renversé par le général Carrera.

La Nouvelle-Grenade fut également le théâtre d'une insurrection. A la tête du mouvement se trouvaient les généraux Noguera et Espana, et le dernier ministre de la guerre José-Maria Abando. Le Gouvernement fit face au danger.

Cependant la république de l'Équateur moins agitée, accomplit un acte important, la conclusion (16 février) d'un traité avec l'Espagne, qui renonçait à ses droits sur ce pays et reconnaissait son indépendance.

Le préliminaire de cette convention expliquait la nécessité de cette mesure, par la douce et irrésistible affection de commune origine, et le souvenir toujours vivace des liens fraternels qui unirent les deux peuples. L'art. 9 consacrait l'oubli du passé, une amnistie générale et complète pour

tous les Espagnols et les citoyens de l'Équateur expulsés, absents ou cachés; par l'art. 5, le Gouvernement reconnaît toute dette pesant sur le trésor, qu'elle ait été établie par le Gouvernement espagnol ou par les autorités espagnoles dans la république ; l'art. 6 stipule la restitution aux sujets des deux États de tous objets confisqués ou mis sous séquestre.

Enfin le commerce réciproque ne sera soumis à d'autres restrictions que celles qui sont imposées aux citoyens des deux pays dans leur patrie respective.

BRÉSIL.

Les révoltés n'avaient point encore déposé les armes; toutefois l'insurrection se ralentissait par la conscience de l'inutilité de ses efforts. La province de Maranham rentrait peuà peu dans l'ordre, et les affaires commerciales y reprenaient graduellement leur cours. Dans le Rio-Grande le sang coula plus d'une fois encore, mais les impérialistes eurent presque partout l'avantage.

Cependant, à Rio-Janeiro, de graves changements se préparaient un nouveau ministère arrivait au pouvoir (MM. Manoel Aloin Branco, aux finances; Lopez Gama, aux affaires étrangères et par interim à l'intérieur; Salvador Manuel, à la guerre, et Rogero Senna, à la marine). Bientôt l'on apprit que le sénateur Bernardo Péreira de Vasconcellos était nommé au département de l'intérieur. Ce fait, proclamé à une séance de la Chambre, causa une sensation profonde dans l'auditoire et dans l'assemblée, grâce à l'impopularité de cet homme politique; mais la grande majorité des membres ne put contenir l'expression de son mécontentement à la lecture du décret qui suivit cette communication; il portait que par l'application de l'art. 101 de la constitution, l'assemblée législative était prorogée jusqu'au 20 novembre ; cette mesure, regardée par plusieurs députés comme arbitraire, provoqua de leur part les proAnn. hist. pour 1840.

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testations les plus violentes, et ils entraînèrent une grande partie de leurs collègues au sénat qui siégeait encore. La foule les escortait.

Il fut décidé ultérieurement par les deux Chambres, que le jeune empereur serait prié de se mettre à la tête de l'État et de prendre les rênes du Gouvernement: une députation fut nommée à cet effet, et quelques jours après, la majorité de l'empereur était proclamée, à la grande satisfaction des Chambres et du peuple.

S. M. prêta sur les Évangiles le serment de maintenir l'intégrité et l'indivisibilité de l'empire (23 juillet).

Une amnistie générale fut prononcée, et l'heureuse influence de cet acte se fit immédiatement sentir dans la province de Rio-Grande, en hâtant la pacification. En même temps les Chambres reprenaient leurs travaux et s'occupaient des lois de finances: le Gouvernement fut autorisé par leurs votes à remplir le déficit du trésor jusqu'à concurrence de 1,200,000 liv. st., par emprunt et de la manière la plus avantageuse pour l'État.

Mais l'exécution de ces mesures était confiée à une nouvelle administration: la précédente n'avait point répondu aux vœux du pays et ne pouvait rester plus long-temps à la tête des affaires. Voici la composition du Cabinet qui lui succéda à l'intérieur, Antonio-Carlos Ribeiro de Andrada Machado e Silva; aux finances, Ribeiro de Andrada; à la justice, Limpo de Abreo; aux affaires étrangères, de Souza de Oliviero Coutinho; à la guerre, Cavalcante de Albuquerque; enfin à la marine, Cavalcanto de Albuquerque.

CHILI ET PÉROU.

Les derniers événements avaient rétabli la paix entre les deux pays, si long-temps divisés, et l'armée chilienne avait évacué le territoire péruvien. Le Gouvernement de Gamarra dut immédiatement porter son attention sur la Bolivie, qui

lui demeurait hostile. D'autre part, quelques troubles éclatèrent dans le Chili, au sujet de négociations entreprises par le président de Buenos-Ayres, pour s'assurer l'appui de Bulnès. L'agent de la république argentine échoua dans ses projets, contraires au vœu du pays, et cet incident n'eut point d'autres suites.

RÉPUBLIQUE ARGENTINE.

Pendant que Lavalle, Riveira et l'amiral Leblanc combinent leurs projets et s'abandonnent à de décevantes illusions, Rosas, appuyé sur ses Gauchos et sur le club de la Mazorca, continue de régner sans contrainte. Les soulèvements partiels de quelques provinces lointaines et les sourds murmures de l'opinion comprimée, cèdent à la terreur qu'impriment ses énergiques mesures de gouvernement, et il n'apparaît nullement que son joug soit odieux à la majorité des populations, sur lesquelles s'étend sa tyrannie. Porté au pouvoir par de grossiers et turbulents vainqueurs, il règne par eux et les moyens qu'il emploie n'ont rien qui contraste avec leurs habitudes, il faut le dire, toutes barbares. A côté d'eux, les vaincus et les étrangers établis dans cette contrée, formés par une autre civilisation ou animés d'un autre esprit, tremblent sous l'arbitraire d'un gouvernement pour lequel son maintien est tout et la vie des citoyens, rien encore ; mais ils sont la minorité; ils ne peuvent que le condamner en silence; toute manifestation de désavœu entraîne un grave danger.

Se prévalant de cette situation et des sombres et sanglants tableaux que leur en traçaient les exilés argentins et les négociants français de la rive gauche de la Plata, intéressés à l'abaissement de Rosas, les trois alliés font un appel à l'humanité et à l'instinct de la liberté : ces deux mots vont dans leur opinion révolutionner le pays et réunir toutes les provinces autour d'un seul drapeau, celui des unitaires, relevé par Lavalle.

On a déjà vu comment à plusieurs reprises les événements ont déjoué les projets fondés sur cette espérance: un fait nouveau vient aboutir au même résultat : les villes de Dolores et de Monsalvo s'étaient soulevées contre le pouvoir établi; mais encore une fois le soulèvement avait été partiel, isolé, sans unité de vues et sans cet enthousiasme qui est une des conditions nécessaires du succès des révolutions. Le Gouvernement fédéral répondit par un envoi de troupes, sous le commandement du colonel Prudencio de Rosas : l'insurrec tion fut immédiatement comprimée; les rebelles étaient au nombre de 1300; le combat dura trois heures et leur fit perdre 250 hommes tués et 200 prisonniers ; c'est du moins ce qui résulte du rapport soumis au gouverneur-général par le commandant en chef des troupes victorieuses (7 septembre 1839.)

Le Président adressa, en cette occasion, à la Chambre des représentants de la province, un message dont les termes montrent combien il avait confiance en son dévouement; et les mesures prises par la Chambre, prouvent à leur tour combien cette confiance était sûrement placée.

En effet, les députés adoptèrent un projet de loi par lequel l'insurrection à laquelle avaient pris part les barbares unitaires vendus aux Français, était déclarée crime de hautetrahison contre la sainte cause de la liberté et de l'indépendance américaine.

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Les promoteurs et les chefs de cette insurrection étaient mis hors la loi.

Ceux qui, comme les dignes fils de la liberté américaine, avaient refusé de se laisser incorporer dans les rangs des révoltés, étaient déclarés les dignes enfants de la même patrie.

Les représentants de la province de Buenos-Ayres, ajou tait la loi, pour récompenser cette conduite et pour indemniser le peuple des privations souffertes pendant ce blocus tyrannique, votent pour qu'à l'issue de la présente guerre, glorieuse au nom de la liberté, il soit fait distribution de

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