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Discours prononcé à la Quatrième Division de l'Armée d'Italie, par le Général Serrurier, à la Fete du 1er Vendémiaire de l'an 6, de la République Françoise, une et indivisible,

Camarades,

Ce jour sera à jamais mémorable, parce qu'il est le premier de l'an 6 de la République Françoise, une et indivisible, et qu'il est l'époque où tous les Républicains rassemblés renouvellent leur serment de vivre libres ou mourir pour la constitution de l'an 3, et jurent haine à la royauté et à l'anarchie.

Six ans de constance ne sont rien, camarades; il faut absolument contraindre nos ennemis extérieurs à la paix; il faut, en même temps, fixer toute notre attention sur nos ennemis de l'intérieur: une de leurs trames vient encore d'être déjouée par la surveillance de notre directoire exécutif, mais ils ne sont point entièrement anéantis; s'ils nous y forcent, nous les combattrons les uns et les autres, et certainement nous les vaincrons ; nous n'avons besoin que de notre courage, guidé par notre général en chef Bounaparté.

Vivent la République Françoise et la constitution

de l'an 3!

Par ordre du Général Buonaparté,

(Signé)

SERRURIER.

"tion du directoire.

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Les émigrés s'étoient em

parés de la tribune; le Directoire Exécutif, les "représentans restés fidèles à la Patrie, les républi"cains de toutes les classes, les soldats se sont "ralliés autour de l'arbre de la liberté ; ils ont in"voqué les destins de la République, et les parti68 sans de la tyrannie sont aux fers.

"Camarades, dès que nous aurons pacifié le con"tinent, nous nous réunirons à vous pour conquérir "la liberté des mers. Chacun de nous aura pré

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sent à la pensée le spectacle horrible de Toulon en cendres, de notre arsenal, de treize vaisseaux "de guerre en feu, et la victoire secondera nos "efforts.

"Sans vous, nous ne pourrions porter la gloire "du nom François que dans un petit coin du con❝tinent; avec vous, nous traverserons les mers, et la gloire nationale verra les régions les plus recu"lées."

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(Moniteur, No. 66.-26 Novembre, 1797.)

Buonaparte, Général en Chef de l'Armée d'Italie, au Gouvernement Provisoire de la République Ligurienne.-Milan, le 21 Brumaire, an 6.

Je vais répondre, Citoyens, à la confiance que vous m'avez montrée, en vous faisant connoître une partie des modifications dont votre projet de constitution peut être susceptible.

Vous avez besoin de diminuer les fraix de l'Administration, pour ne pas être obligés de surcharger le peuple, et de détriuire l'esprit de localité, fomenté par votre ancien Gouvernement.

Cinq Directeurs, trente Membres du Conseil des anciens et soixante des jeunes vous forment une représentation suffisante.

La suppression de vos Administrations de district me paroît essentielle.

Que le corps législatif partage votre territoire en quinze ou vingt jurisdictions, en cent cinquante ou deux cent cantons, ou municipalités centrales.

Ayez, dans chaque jurisdiction, un tribunal composé de trois juges; dans chaque canton, un, deux et même trois juges de paix, selon leur popolation et localité.

Ayez, dans chaque jurisdiction, un commissaire nommé, par le directoire exécutif, qui soit à la fois commissaire près le tribunal et spécialement chargé de faire passer aux différentes municipalités les ordres du gouvernement, et de l'instruire des événemens qui pourroient subvenir dans chaque municipalité.

Que la municipalité centrale du canton soit composée de la réunion d'un député de chacune des communes qui composent le canton; qu'elle soit présidée par le juge de paix du chef-lieu du canton, et ne se rassemble momentanément qu'en conséquence des ordres du gouvernement.

Partagez votre territoire en sept ou dix divisions

militaires; que chacune soit commandée par un officier de troupes de ligne; vous aurez, par-là, une justice qui pourra être bien administrée, et une organisation extrêmement simple, tant pour la répartition des impositions, que pour le maintien de la tranquillité publique.

Plusieurs questions particulières sont également intéressantes: ce n'est pas assez de ne rien faire contre la religion; il faut encore ne donner aucun sujet d'inquiétude aux consciences les plus timorées, ni aucune arme aux hommes mal-intentionnées.

Exclure tous les nobles des fonctions publiques est d'une injustice révoltante; vous feriez ce qu'ils ont fait cependant les nobles qui ont exercé les places dans les colléges, qui s'étoient attribué tous les pouvoirs, qui ont tant de fois méconnu les formes mêmes de leur gouvernement, et ont sans cesse cherché à river davantage les chaînes du peuple, et à organiser une oligarchie au détriment même de l'aristocratie; ces hommes ne peuvent plus étre appelés aux fonctions de l'Etat; la justice le permet et la politique l'ordonne, tout comme l'une et l'autre vous ordonnent de ne pas priver des droits de citoyen, ce grand nombre d'hommes qui sont si utiles à votre patrie.

Le port franc est une pomme de discorde que l'on a jetée au milieu de vous. Autant il est absurde que tous les points de la République prétendent à la franchise du port, autant il pourroit être inconvenant et paroître un privilége d'acquisition, de laisser la franchise du port à la ville de Gênes seule.

Le corps législatif doit avoir le droit de déclarer la franchise pour deux points de la république. Lá ville de Gênes ne doit tenir la franchise de son port que de la volonté du corps législatif, mais le corps législatif doit la lui donner.

Pourquoi le peuple Ligurien est-il déjà si changé? A ces premiers élans de fraternité et d'enthousiasme ont succédé la crainte et la terreur; les prêtres s'étoient, les premiers, ralliés autour de l'arbre de la liberté; les premiers ils vous avoient dit que la morale de l'évangile est toute démocratique; mais des hommes payés par vos ennemis, dans les révolutions de tous les pays, auxiliaires immédiats de la tyrannie, ont profité des écarts, même des crimes de quelques prêtres, pour écrire contre la religion, et les prêtres se sont éloignés.

Une partie de la noblesse a été la première qui a donné l'éveil au peuple et à proclamer les droits de l'homme: l'on a profité des écarts, des préjugés ou de la tyrannie passée de quelques nobles; l'on a proscrit en masse, et le nombre de vos ennemis s'est accru.

Après avoir ainsi fait planer les soupçons sur une partie des citoyens, et les avoir armés les uns contre les autres, on a fait plus, on a divisé les villes entre les villes. On vous a dit que Gênes vouloit tout avoir, et tous les villages ont prétendu avoir le port franc; ce qui détrui

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