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roit les douanes et rendroit impossible la conservation de l'état.

La situation alarmante où vous vous trouvez, est l'effet des sourdes menées des ennemis de la liberté et du peuple; méfiez-vous de tout homme qui veut exclusivement concentrer l'amour de la patrie, dans ceux de sa coterie. Si son langage a l'air de défendre le peuple, c'est pour l'exaspérer et le diviser. Il dénonce sans cesse, lui seul est pur. Ce sont des hommes payés par les tyrans dont ils secondent si bien les vues.

Quand dans un état, surtout dans un petit, l'on s'accoutume à condamner sans entendre, à applaudir d'autant plus à un discours qu'il est plus furieux, quand on appellera vertu, l'exagération et la fureur, et crime la modération, cet état-là est près de sa ruine.

Il en est des états comme d'un bâtiment qui navigue, et comme d'une armée; il faut de la froideur, de la modération, de la sagesse, de la raison dans la conception des ordres, commandemens ou lois, et de l'énergie et de la vigueur dans l'exécution.

Si la modération est un défaut, et un défaut très-dangereux pour les républiques, c'est d'en mettre dans l'exécution des lois sages; si les lois sont injustes, furibondes, l'homme de bien devient alors l'exécuteur modéré; c'est le soldat qui est plus sage que le général; cet état-là est perdu.

Dans un moment où vous allez vous constituer en un gouvernement stable, ralliez-vous; faites trève à vos méfiances, oubliez les raisons. que vous croiriez avoir pour vous désunir, et tous d'accord, organisez votre gouvernement.

J'avois toujours désiré pouvoir aller à Gênes, et vous dire moi-même ce que je ne puis ici que vous écrire; c'est le fruit de l'expérience acquise au milieu des orages de la révolution du grand peuple, et que confirment l'histoire de tous les temps et votre propre exemple.

Croyez que dans tous les lieux où mon devoir et le service de ma patrie m'appelleront, je regarderai comme un des momens les plus précieux, celui où je pourrai être utile à votre république, et comme ma plus grande satisfaction, d'apprendre que vous vivez heureux, unis, et que vous pouvez, dans tous les événemens, être, par votre alliance, utiles à la grande nation à qui vous devez la liberté et un accroissement de population de près de cent mille âmes.

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Buonaparté, Général en Chef de l'Armée d'Italie au Peuple Cisalpin.-Au Quartier-Général de Milan, le 21 Brumaire, an 6.

Citoyens,

A compter du 1er Frimaire, votre constitution se trouvera en pleine activité.

Votre directoire, votre corps législatif, votre tribunal de cassation, les autres administrations subalternes se trouveront organisés.

Vous êtes le premier exemple dans l'histoire, d'un peuple qui devient libre sans factions, sans révolutions et sans déchiremens.

Nous vous avons donné la liberté, sachez la conserver; vous êtes, après la France, la république la plus populeuse, la plus riche. Votre position vous appelle à jouer un grand rôle dans les affaires de l'Europe.

Pour être dignes de votre destinée, ne faites que des lois sages et modérées.

Faites-les exécuter avec force et énergie. Favorisez la propagation des lumières, et respectez la religion.

Composez vos bataillons, non pas de gens sans aveu, mais de citoyens qui se nourrisent des principes de la république, et soient immédiatement attachés à sa prospérité.

Vous avez, en général, besoin de vous pénétrer

du sentiment de votre force et de la dignité qui convient à l'homme libre.

Divisés et pliés, depuis tant d'années, à la tyrannie, vous n'eussiez pas conquis votre liberté : mais sous peu d'années, fussiez-vous abandonnés à vous-mêmes, aucune puissance de la terre ne sera assez forte pour vous l'ôter.

Jusqu'alors, la grande nation vous protégera contre les attaques de vos voisins, Son système politique sera réuni au vôtre.

Si le peuple Romain eût fait le même usage de› sa force, que le peuple François, les aigles Romaines seroient encore sur le capitole, et dix-huit siècles d'esclavage et de tyrannie n'auroient pas déshonoré l'espèce humaine.

J'ai fait, pour consolider la liberté, et en seule vue de votre bonheur, un travail que l'ambition et l'amour du pouvoir ont seuls fait faire jusqu'ici.

J'ai nommé à un grand nombre de places; je me suis exposé à avoir oublié l'homme probe, et avoir donné la préférence à l'intrigant; mais il Ꭹ avoit des inconvéniens majeurs à vous laisser faire ces premières nominations : vous n'étiez pas encore organisés.

Je vous quitte sous peu de jours, les ordres de mon gouvernement et un danger imminent que courroit la République Cisalpine, me rappelleront seuls au milieu de vous.

Mais dans quelque lieu que le service de ma patrie m'appelle, je prendrai toujours une vive s llicitude au bonheur et à la gloire de votre république. (Signé) BUONAPARTÉ.

(Moniteur, No. 68.-28 Novembre 1797.)

ARMÉE D'ITALIE.

Buonaparté, Général en Chef de l'Armée d'Italie. Au Quartier-Général de Milan, le 24 Brumaire, an 6.

Soldats, je pars demain pour me rendre à Rastadt.

En me trouvant séparé de l'armée, je ne serai consolé que par l'espoir de me revoir bientôt avec vous, luttant contre de nouveaux dangers.

Quelque poste que le gouvernement assigne aux soldats de l'armée d'Italie, ils seront toujours les dignes soutiens de la liberté et de la gloire du nom François.

Soldats en vous entretenant des princes que vous avez vaincus....des peuples qui vous doivent leur liberté....des combats que vous avez livrés en deux campagnes dites-vous: Dans deux campagnès nous aurons plus fait encore !

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(Moniteur, No. 82.-Décembre 12, 1797.)

DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

Extrait du Procès-Verbal de la Séance publique du Directoire Exécutif, du 20 Frimaire, an 6.7

Les membres du directoire assemblés en grand

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