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Nous ferons quelques marches fatigantes; nous livrerons plusieurs combats; nous réussirons dans toutes nos entreprises, les destins sont pour nous. Les beys Mameloucks qui favorisent exclusivement le commerce Anglois, qui ont couvert d'avarices nos négocians, et qui tyrannissent les malheureux habitans du Nil, quelques jours après notre arrivée, n'existeront plus.

Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont Mahometans; leur premier article de foi est celuici: Il n'y a pas d'autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète. Ne les contredisez pas; agissez avez eux comme nous avons agi avec les Juifs, avec les Italiens; ayez des égards pour leurs Muphtis et leurs Imans, comme vous en avez eu pour les rabbins et les évêques; ayez pour les cérémonies que prescrit l'Alcoran, pour les mosquées, la même tolérance que vous avez eue pour les cou vens, pour les synagogues, pour la religion de Moïse et de Jésus-Christ.

Les légions Romaines protégeoient toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différens de ceux de l'Europe: il faut vous y accoutumer.,.

Les peuples chez lesquels nous allons entrer traitent les femmes différemment que nous; mais dans tous les pays, celui qui viole est un monstre.

Le pillage n'enrichit qu'un petit nombre d'hom mes, il nous déshonore, il détruit nos ressources. Il nous rend ennemis des peuples, qu'il est de notre intérêt d'avoir pour amis.

F

A

La première ville que nous allons rencontrer, a été bâtie par Alexandre; nous trouverons à chaque pas de grands souvenirs dignes d'exciter l'émulation des François.

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A Alexandrie, le 24 Messidor, an 6 républicain, le du mois de Maharsem, l'an de l'hégire 1213.

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Buonaparte, Membre de l'Institut National, Général en Chef de l'Armée Françoise.

Depuis assez long-temps les beys qui gouverhent l'Egypte, insultent à la nation Françoise, et couvrent ses négocians d'avarices; l'heure de leur châtiment est arrivée.

Depuis long-temps ce ramassis d'esclaves achetés dans le Caucase et la Géorgie, tyrannise la plus belle partie du Monde; mais Dieu, de qui dépend tout, a ordonné que leur empire finît..

Peuples de l'Egypte, on dira que je viens pour détruire votre religion ; ne le croyez pas ; répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs, et que je respecte, plus que les Mameloucks, Dieu, son prophète, et l'Alcoran. Ditesleur que tous les hommes sont égaux devant Dieu; la sagesse, les talens et les vertus, mettent seuls de la différence entr'eux.

Or, quelle sagesse, quels talens, quelles vertus distinguent les Mameloucks pour qu'ils aient exclusivement tout ce qui rend la vie aimable et douce?

Y a-t-il une belle terre? elle appartient aux Mameloucks; y a-t-il une belle esclave, un beau cheval, une belle maison; cela appartient auxi Mameloucks. Si l'Egypte: est leur ferme, qu'ils montrent le bail que Dieu leur a fait ; mais Dieu est juste et miséricordieux pour le peuple..

Tous les Egyptiens seront appelés à gérer toutest les places; les plus sages, les plus instruits, les plus vertueux gouverneront, et le peuple sera heureux.

Il y avoit jadis parmi vous de grandes villes, de grands canaux, un grand commerce; qui a tout détruit, si ce n'est l'avarice, les injustices et la tyrannie des Mameloucks?

Cadis, Cheiks, Imans, Schorbadgis, dites au peuple que nous sommes amis des vrais Musulmans. N'est-ce pas nous qui avons détruit le Pape, qui disoit qu'il falloit faire la guerre aux Musulmans? N'est-ce pas nous qui avons détruit les Chevaliers de Malthe, parce que ces insensés croyoient que Dieu vouloit qu'ils fissent la guerre aux Musulmans? N'est-ce-pas nous qui avons été dans tous les siècles les amis du Grand-Seigneur (que Dieu accomplisse ses désirs), et l'ennemi de ses ennemis? Les Mameloucks, au contraire, ne se sont-ils pas: révoltés contre l'autorité du GrandSeigneur, qu'ils méconnoissoient encore? ils ne suivent que leurs caprices.

Trois fois heureux ceux qui seront avec nous ils prospéreront dans leur fortune et leur rang. Heureux ceux qui seront neutres! ils auront

temps d'apprendre à nous connoître, et ils se rangeront avec nous; mais malheur ! trois fois malheur ! à ceux qui s'armeront pour les Mameloucks et.combattront contre nous. Il n'y aura pas d'espérance pour eux, ils périront.

1. Tous les villages situés dans un rayon de trois lieues des endroits où passera l'armée, enverront une députation pour faire connoître au général commandant les troupes, qu'ils sont dans l'obéissance, et le prévenir qu'ils ont arboré le, drapeau de l'armée, blanc, bleu, rouge.

2. Tous les villages qui prendront les armes contre l'armée, seront brûlés.

13°. Tous les villages qui se seront soumis à l'armée,mettront, avec le pavillon du grand-seigneur, notre ami, celui de l'armée.

4. Les cheiks, feront mettre les scellés sur les biens, maisons, et propriétés qui appartiendront aux Mameloucks, et auront soin que rien ne soit détourné.

: 5° Les cheiks, les cadis, les imans, continueront les fonctions de leurs places; chaque habitant restera chez lui, et les prières continueront comme à l'ordinaire; chacun remerciera Dieu de la destruction des Mameloucks, et criera: gloire au Sultan gloire à l'armée Françoise son amie! malédiction aux Mameloucks, et bonheur au peuple d'Egypte !

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(Moniteur, No. 29.-29 Vendémiaire an 7.)

Extrait des Dépéches officielles du Général Buonaparté, commandant l'Armée Françoise en Egypte, au Directoire Exécutif, du 18 Messidor, an 6.

Buonaparté, général en chef au Pacha d'Egypte, à bord de l'Orient, le 12 dit.

Le directoire exécutif de la république Françoise s'est adressé plusieurs fois à la Sublime Porte, pour demander le châtiment des beys d'Egypte, qui accabloient d'avarices les commerçans François.

Mais la Sublime Porte a déclaré que les beys, gens capricieux et avides, n'écoutoient pas les outrages qu'ils faisoient à ses bons et anciens amis les François, mais que même elle leur ôtoit sa protection.

La république Françoise s'est décidée à envoyer une puissante armée pour mettre fin aux brigandages des beys d'Egypte, ainsi qu'elle a été obligée de le faire plusieurs fois dans ce siècle contre les beys de Tunis et d'Alger.

Toi qui devrois être le maître des beys, et que cependant ils tiennent au Caire, sans autorité et sans pouvoir, tu dois voir mon arrivée avec plaisir.

Tu es sans doute déjà instruit que je ne viens point pour rien faire contre l'Alcoran ni le Sultan.

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