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d'y entrer par les costés et particulièrement par le derrière qui regardai! hors du village.

De cette retraite Monseigneur en receut un grand déplaisir, se voyant frustré de l'attente qu'il avait prise qu'ils seroient à l'instant même taillés en pièces. Toutefois continuant toujours en sa résolution, il pria la noblesse et la cavalerie de vouloir bien tenir bon autour dudict fort jusqu'au soir, comme elle feist avec un courage merveilleux, sans descendre ni faire repaistre les chevaux que bien peu tandis qu'ils estoient dessus, de sorte qu'ils parachevèrent 35 heures à demeurer continuellement à cheval sans descendre et 26 à 27 heures armés de nostre pièce et prets à combattre, pendant lesquelles Monseigneur alla recognoistre le fort et trouva deux assiettes fort propres tant pour mettre deux pièces d'artillerie qu'il avait fait venir de son château d'Omont distant de deux lieues de là et une autre à faire une barricade avec de longs chariots et poinssons remplis de fumier: desquelles assiettes on dominerait entièrement les assiégés dans le cymetiere et ordonna au commissaire de l'artillerie et autres capitaines de faire lesdites barricades la nuit suivante. Il recongnut aussi la muraille du cymetière estre fort basse et faite seulement de pierres sèches par où il espérait le matin aisément l'emporter. Il fist aussi faire plusieurs canonnières à certains pignons et toits de maisons qui estoient dans le village qui battoient à plomb dans ledict cymetière. Cela fait et ayant commandé les gardes pour la nuit suivante, il s'en alla reposer avec sa cornette au village de Montigny distant de 7 à 800 pas de celui de Poix et fit loger le reste de la cavalerie audit Poix pour estre plus prompte à tailler en pièces les assiégés en cas qu'ils voulussent sortir, car il eut advertissement que Saint-Pol ne pouvait avoir que cent chevaux que bons que mauvais à Maizières pour lesquels il laissa cette nuit-là pareil nombre seulement de cavalerie en garde. »

(A suivre.)

E. DE B.

PAR

DOM DU BOUT

Mémoire du nombre des cures des diocèses de la province de Reims suivant le pouillié de l'année 1649, et des taxes ausquelles elles sont imposées pour le don du Roy.

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67.434

7

8

40.798

7

8

7.841 12 0

1.913 14 3

Beauvais.. a 480 cures Amiens... a 777 cures Boulogne. a 250 cures Senlis .... a 177 cures « D'où il résulte que le diocése de Beauvais qui est plus grand que celui de Soissons, est cottisé à 2000 1. moins. «Que celui d'Amiens, qui a le double de parroisses et d'éten

düe, est cottisé à un tiers moins. Que les cottes de Laon et « de Noyon, qui sont aussi vastes et aussi étendus, ne montent « pas tous deux ensemble à plus des deux tiers de la taxe de «< celui de Soissons. Qu'enfin celui de Reims qui a le plus du « double des parroisses de celui de Soissons, n'est pas cottisé à proportion, ni aucun des autres diocéses de la province. » La requête et le mémoire cy-dessus transcripts ne produisirent pas apparemment grand chose, puisque dans la suite le diocése de Soissons et consequemment cette abbaye ont tou

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Voir page 184, tome XX, de la Revue de Champagne et de Brie.

jours été et seront fort surchargez et taxez, comme on l'a déjà observé cy-devant, chap. IV, $ 3, des offices claustraux.

1684

Comme par le partage du dernier jour de mars 1683 dont on a parlé cy-dessus, Monsieur l'abbé de Lançon s'étoit obligé de mettre le lot ou tiers des religieux en bon état, lesditz religieux le firent sommer d'y satisfaire, (à cause qu'il l'avoit negligé jusqu'alors), sinon et à faute de le faire incessamment, que ledit partage demeureroit nul et sans effect. Et ledit sieur abbé ne s'étant mis en devoir de faire faire lesdites réparations, les religieux présentérent leur requête au Grand Conseil tendante afin d'obtenir commission d'y faire assigner ledit sieur abbé pour s'y voir condamner à faire faire toutes les réparations de l'abbaye et lieux en dépendans, que, pour en connoitre, procez-verbal de visite en seroit fait, et consigner une baye. somme de six mille livres pour être employée ausdites réparations, et que, pour sûreté de ladite somme, le revenu dudit sieur abbé de Lançon seroit saisi à la requête de Mr le Procureur général. ce qui fut fait et ordonné par arrest de mil six cens quatre-vingt-quatre *.

1684.

Sommation

faite à l'abbé pour les réparations de l'ab

Procez-verbal

Monsieur l'abbé de Lançon ayant formé son opposition à l'exécution dudit arrest, avant faire droit sur ladite opposition on ordonna par arrest du [22 août] mil six cens quatre-vingt- qui coûta 1200 l. cinq que visite desdites réparations seroit faite par un conseiller commissaire député du Grand Conseil. Monsieur Hervé, conseiller commissaire député dudit Grand Conseil, se transporta à Orbaiz avec son secrétaire et les avocats et procureurs des parties, lequel fit et dressa son procez-verbal de visite en novembre 1685. Cette accédence3 coûta douze cens livres en dix jours de tems. Aprés ce procez-verbal on fit de part et d'autre beaucoup de procédures pendant un tems considérable et de grands fraiz.

Ledit sieur abbé, pour retenir et tourner à son profit les trois Fausses accumille livres qu'il avoit touchées des héritiers de son prédéces

--

1. [9 novembre 1684. Acte par lequel Antoine de Villelongue ratifie le partage du 31 mars 1683, au nom et comme procureur fondé de Jacques de Pouilly, abbé d'Orbais. (Procuration du 1er novembre 1684 annexée à l'acte.) V. aux pièces justificatives.]

2. [La date de cet arrêt ne se trouve pas indiquée.]

3. [Vieille locution qui signifiait événement.]

sations.

Visite des bois.

Dégradations de nos bois.

Le R. P. Mor

gé réfute solidement les

sations et em

bé.

seur et s'exempter en même tems de faire faire toutes lesdites réparations de l'abbaye s'avisa - à la sollicitation de son conseil et de quelques esprits mal intentionnez d'Orbaiz et ennemis de la réforme de l'abbaye d'accuser le R. P. Dom Pierre Mongé d'avoir commis plusieurs dégradations dans les bois de la Mainferme et de la Croupiére, espérant par cette chicane faire diversion, et obliger le R. P. prieur à quitter prise et se désister de ses poursuites, et qu'ainsi il seroit déchargé desdites réparations sans en être jamais inquiété, et profiteroit luy seul desdites trois mille livres.

Monsieur l'abbé demanda pour cet effect que visite fût faite des susdits bois. Monsieur Hervé étant encore à Orbaiz, on nomma des experts pour visiter lesdits bois; ils trouvérent trois sortes de dégradations:

La premiére avant l'année mil six cens soixante-huit, où on trouvoit une trés grande quantité de chênes abatus.

La seconde depuis 1668 jusqu'en mil six cens soixante-dixhuit.

La troisiéme depuis 1678 jusqu'au jour de la présente visite. Dans les deux derniéres coupes dans lesquelles on avoit laissé fort peu de baliveaux, on faisoit monter ces dégradations à des sommes immenses dont l'abbé rendoit les religieux respɔnsables.

Mais notre R. P. prieur prouva et fit voir évidemment que ni luy, ni les RR. PP. Dom Claude Felix Mauljean et Dom fausses accu- Damien Raulin, ses prédécesseurs, et premiers supérieurs depuis barrasse l'ab- notre introduction dans cette abbaye, n'étoient point autheurs desdites dégradations. Il se justifia pleinement de cette accusation et en auroit [fait] retomber toutes les suites fâcheuses sur ledit sieur abbé de Lançon, à qui il en auroit coûté une trés grosse somme d'argent, s'il ne se fût accommodé, comme on verra cy-aprés.

Le R. P. prieur, pour se justifier et ses deux prédécesseurs, soutint que la premiére dégradation ayant été faite avant notre introduction, les religieux réformez n'en étoient ni coupables. ni responsables, et qu'on s'en devoit prendre aux héritiers de feu Claude Jullion-c'est-à-dire à Jean Jullion, dit du Maine, et à Vincent Jullion, dit Rombois, ses deux fils - lesquelz avoient donné ce pernicieux conseil audit sieur abbé de Lançon, pour se mettre à couvert des recherches desdites dégradations commises par ledit Claude Jullion leur pere, qui pendant plus de vingt-cinq années qu'il avoit été receveur comp

table de Messieurs René de Rieux et d'Esclainvilliers, abbez, avoit sous leurs noms, mais à leur insçu et contre leur intention, fait abattre par chacun an plus de cent ou six-vingt des plus beaux chênes de la Main-ferme, qu'il faisoit conduire et debiter furtivement dans sa maison et dont il disposoit ensuite à son profit particulier. On nous a dit, et le R. P. Mongé, présent audit procez-verbal de visite desdits bois, voioit ledit Jean Jullion qui cherchoit et faisoit luy-même observer audit sieur Hervé, commissaire, les souches et places des arbres abatus. Il falloit que sa passion et sa mauvaise volonté l'aveuglassent bien alors, ou que sa conscience lui reprochât continuellement les malversations de son pere, puisque, pour s'en mettre à couvert, il les faisoit faire observer, et par là il déclaroit son pere coupable desdites dégradations. Sa pauvreté l'a obligé depuis à en avoir bien du regret avant sa mort arrivée en 1701.

Quant à la seconde dégradation, qu'il étoit vray que les officiers dudit feu sieur abbé d'Esclainvilliers marquoient aux religieux par chacun an des arbres suffisans pour faire quarante cordes de gros bois qu'il étoit obligé de fournir par chacun an ausdits religieux pour leur chauffage, dont les religieux devoient l'acquiter à condition qu'ils prendroient lesdites quarante cordes de bois dans les bois de l'abbaye en les faisant marquer par lesdits officiers, l'abbaye ayant son garde-marteau particulier (ce marteau se conserve encore dans l'abbaye), ce qu'il avoit toujours observé; et en tout cas qu'il étoit son garant, demandant permission de le sommer pour cet effect.

Quant aux baliveaux que l'on n'avoit pas laissez dans les deux derniéres coupes, il soutint que c'étoit ledit sieur abbé de Lançon qui les avoit fait faire par Me Louis Gauvain, son receveur comptable, comme cela étoit trés vray et que ledit R. P. prieur le prouvoit par les comptes que ledit Louis Gauvain luy avoit rendus desdites deux derniéres coupes de bois.

Cette réponse et défense étourdirent tellement ledit sieur abbé de Lançon et son avocat qu'ils priérent ledit R. P. prieur de ne leur point faire signifier ses défenses, et dirent qu'ils ne s'opposeroient point à sa décharge de ces prétendues dégradations, desquelles effectivement l'arrest du Grand Conseil du vingtsixième jour d'août mil six cens quatre-vingt-sept déchargea lesdits religieux. On voit par là que l'accusation de la dégradation desdits bois étoit plus contre Mr l'abbé de Lançon que contre les religieux, et que pour luy faire plaisir, aprés avoir fait l'accord du troisiéme mars 1687 dont on va parler,

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