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<< militis; tam suo nomine quam ut ad causam uxoris suæ, <<ballum, gardiam, seu administrationem liberorum uxoris « suæ ac defuncti prædictorum habentis, omnium causarum <«< in quibus dictus defunctus tempore vitæ suæ actor erat... « Datum Paris. In parlamento die XII januar. LXII. » (Duchesne; Preuves, IX, 19.)

Nous avons vu qu'au mois de décembre 1363 Hugues et Jean, son frère, avaient fait un nouvel accord touchant les possessions de leur père et de leur mère, encore existante, et que Hugues avait eu pour sa part tous les biens maternels.

Le 6 mars 1363, « Hue de Chastillon » signe une ordonnance du roi Jean contenant un règlement pour le guet de Paris. (Ordonnances des Rois de France.)

A la mort de Jean, son frère, Hugues recueille sa succession et devient seigneur de Dampierre, de Vaucogne et de Sompuis.

En 1364, il est avec « Monseigneur Jean de la Rivière devant Aquegny1, assez près de Pacy, en la comté d'Evreux. Dedans le chastel d'Aquegny estoient Anglois et Normands et Navarrois là retraits puis la bataille de Cocherel (16 mai). Si prist messire Jean de la Rivière la saisine dudit chasteau d'Aquegny et le rafraîchit de nouvelles gens, et puis se délogea et tout son ost, et se trairent par devant la ville et la cité d'Evreux. Si estoient avec luy et en sa charge messire Hugues de Chastillon, le sire de Coucy... et plusieurs autres chevaliers...» (Froissard, édition Buchon, I, ch. 182.)

La même année, le roi Charles V lui confère « la dignité de grand maître des arbalétriers vacante par le trespas de Baudouin d'Anequin, occis à la bataille de Cocherel. » (Duchesne.)

Il est reçu en cette qualité à Vernon, avec sept chevaliers et vingt-trois écuyers de sa compagnie, le 14 octobre 1364, pour servir sous M. de Rayneval, lieutenant de roy ès parties de Mantes et Meulan, et de là sous le comte de Tancarville, lieutenant de roy en Champagne, Brie et Orléanois. (P. Anselme.)

En 1365, il sert en Picardie avec douze chevaliers et trentesix écuyers; et est retenu au nombre de 226 payés du premier septembre 1368 au 16 janvier suivant, ayant en sa compagnie seize chevaliers et quarante-deux écuyers. (Ibidem.)

1. Aquegny, près de Pacy (Eure).

En octobre ou novembre 1368, « le maistre des Arbalestriers signe « les convenances que firent ensemble le roy de France, Charles-le-Quint, et le comte d'Armagnac et autres nobles du pays de Guyenne, meus à cause des appellacions faictes contre le prince de Galles, duc de Guyenne. » (Froissard, I, note ch. 258.)

« Au baptême de Charles, fils aisné du roy, qui fut célébré dedans l'esglise de Saint-Paul de Paris, l'unziesme jour de décembre 1368, il fut admis à l'honneur, entre plusieurs grands seigneurs de France, de porter le cierge. » (Annales de France, citées par Duchesne.)

« Peu après, la guerre estant de rechef ouverte avec l'Anglois, il s'achemiua dedans la comté de Ponthieu, lors tenue par Edouard (III), roy d'Angleterre, prist Abbeville, capitale du pays, le 29° jour d'avril 1369, avec Nicol de Louvain, sénéchal de Ponthieu, auquel il fist payer 10,000 francs de rançon; et de là se rendist maistre de Saint-Valery, de Crotoy, de Rue-sur-Mer et autres places'. » (Duchesne.)

L'historien Froissard parle ainsi qu'il suit de la conquête du Ponthieu : « ...... Si très tôt que le comte Guy de Saint-Pol et messire Hue de Chastillon, maistre pour le temps. des Arbalétriers de France, purent penser, aviser ni considérer que le roi d'Angleterre étoit défié, ils se trairent avant par devers Ponthieu, et avoient fait secrètement leur mandement de chevaliers et d'écuyers d'Artois et de Hainaut, de Cambresis, de Vermandois, de Vimeu et de Picardie, et étoient bien six vingt lances, et vinrent à Abbeville. Si leur furent tantôt les portes ouvertes, car c'étoit chose pourparlée et avisée, et entrèrent ces gens d'armes ens sans mal faire à nul de ceux de la nation de la ville..... (Les Français se rendent maîtres d'Abbeville le dimanche 29 avril et soumettent tout le Ponthieu dans l'espace d'environ dix jours) ..... Messire Hue de Chastillon, qui étoit meneur et conduiseur de ces gens, se traist tantôt de celle part où il pensoit à trouver le séneschal de Ponthieu, messire Nichole de Louvaing, et fit tant qu'il le trouva, et le prist et le retint son prisonnier, et prist encore un moult riche clerc et vaillant homme dûrement qui étoit thrésorier de Ponthieu. Ce jour eurent les François maint bon et riche prisonnier, et se saisirent du leur; et perdirent les Anglois à ce jour tout ce qu'ils avoient en ladite ville d'Abbe

1. Saint-Valéry, Le Crotoy, Rue (Somme).

ville. Encore coururent ce jour même les François chaudement à Saint-Valery et y entrèrent de faict et s'en saisirent, et aussi au Crotoy, et le prirent, et aussi la ville de Rue-surMer..... Et brièvement tout le pays et la comté de Ponthieu furent délivrés des Anglois, ni oncques nul n'y en demeura qui put grever le pays. » (Froissard; Buchon, I, ch. 265.)

« Mais Hugues de Châtillon eût du malheur à conserver ce qu'il avoit si heureusement acquis; car, estan demeuré dedans Abbeville pour capitaine, nouvelles lui arrivèrent au bout de quelques mois que le duc de Lancastre devoit passer par là.» (Duchesne.) « Il s'arma et fit armer dix ou douze tant seulement de ses compagnons et monter à cheval, et dit qu'il vouloit aller voir la porte de Rouvroy, par quoy il n'y eût point de deffaute, et que les Anglois qui ne devoient mie passer trop loin de ce lez là devers eux ne la trouvassent mie nicement gardée. Encore étoit-il moult matin et faisoit moult grand bruine : messire Nichole de Louvaing, lequel messire Hue de Châtillon avoit en cette propre année pris et rançonné à 10,000 francs, dont trop bien l'en souvenoit, et qui avoit grand'entente de regaigner et reconquerre s'il povoit, s'étoit lui vingtième seulement dès le point du jour parti de la route dudit duc, et ainsy que cil qui savoit toutes les voies, les adresses et les détours de la environ, car il les avoit bien trois ans et plus usés et hantés, s'étoit venu bouter sur aventure de gagner et non de perdre, et mis à embusche contre Abbeville et un autre châtel qu'on dit Rouvroy; et avoit passé un petit rù qui court parmy un marais, et étoit quatis (se reposait) et arrêté en vieilles maisons non habitées qui là étoient toutes décloses. On ne cuida jamais que la route des Anglois se dust mettre en embusche si près de la ville, et là se tenoient lesdits messire Nichole et ses gens tout cois. Et vecy chevauchant parmy ce rù de Rouvroy, lui dixiesme tant seulement, messire Hue de Châtillon tout armé de toutes pièces, excepté de son bassinet, mais son page le portoit sur un coursier après luy, et passa outre ce ruissel et un petit pont qui là étoit, et l'embusche du dessus-dit messire Nichole, et tiroit à venir à la dernière porte pour parler aux arbalestriers qui là étoient à sçavoir des nouvelles des Anglois. Quand messire Nichole de Louvaing le vist, qui bien le reconnut si n'eût été si lie qui luy eût donné 20,000 francs, et saillir hors de son embusche et dit: Allons, allons, vecy ce que je demande, le maistre des arbalestriers, je ne désirois autre que luy. Lors poignit son coursier des éperons et baissa sa lance, et s'en vint sur ledit messire Hue et luy crie: Rends-toi, Châ

tillon, rends-toi, ou tu es mort. Messire Hue qui fût tout émerveillé d'où ces gens d'armes issoient n'eût mie le loisir de mettre son bassinet ni de monter sur son coursier, et qui se vit en si dur parti, demanda: A qui me rendrai-je? Messire Nichole répondit: A Louvaing, à Louvaing. Et cil, pour eschever (esquiver) le péril, et qui ne se pouvoit fuir, dit: Je me rends. Donc il fût pris et saisi, et luy fût dit: Chevauchez tantôt avec nous, vecy la route du duc qui passe cy-devant. A cette empointe fut là occis un moult vaillant bourgeois d'Abbeville qui s'appeloit Laurent Dautils, dont ce fut grand dommage. Ainsy fut pris et attrappé par grand'fortune messire Hue de Châtillon, maistre pour le temps des Arbalestriers de France, et capitaine d'Abbeville, de messire Nichole de Louvaing, de laquelle prise le duc de Lancastre eût grand'joie; aussy eurent tous les Anglais. » (Froissard, 1, ch. 296.)

D'après le récit de la Vieille Chronique de Flandres, « Les Anglois s'en retournans par le pays de Caux passèrent devant Abbeville, et alors issirent contr'eux Hue de Châtillon, maistre des Arbalestriers, et avec luy 1,500 chevaliers; mais ilz furent déconfits et Hue prius, et tous les autres morts ou prins.» (Duchesne.)

« Quoique c'en soit, ajoute Duchesne, Hugues fut pris là le douzième jour de septembre 1369, avec Jean Tyrel, seigneur de Pois, fils d'Agnès de Séchelles sa femme, et emmené prisonnier à Calais, puis de là en Angleterre où il demeura quelque temps, à cause qu'on luy demandoit une trop grosse rançon. Car un arrest du parlement prononcé le neuviesme jour d'aoust 1371 porte qu'il y estoit encore lors, et que ayant eu avis comment le roy avoit commis à la dame de Dampierre et de Pois, son espouse, la garde de Simon de Burlay (Burleigh), chevalier anglois, acheté de Jean de Bueil, chevalier et chambellan de sa majesté, qui le détenoit prisonnier, il luy manda qu'elle le traistat amiablement et doucement, et ne le tint en trop rigoureuse prison de peur que luy ne ressentist un semblable traitement des Anglois. En considération de quoy la dame assigna à Simon une bonne et honeste chambre au château de Mareuil-en-Ponthieu (près d'Abbeville), de laquelle il pouvoit sortir et aller librement chaque jour à l'église ou chapelle afin d'entendre la messe ; et luy estoit la porte fermée de nuit seulement. Néanmoins violant la foy par luy donnée, comme loyal et fidèle chevalier, de garder sa prison au château susdit, il s'enfuit secrètement une nuit sans le sceu de la

dame ni de ses gens. De quoy estant avertie elle dépêcha promptement des hommes par tous les ports de mer voisins, et fist crier publiquement à Abbeville, de la part du sénéchal de Ponthieu, que quiconque arresteroit ledit Simon fugitif et le luy rameneroit, il auroit d'elle cent francs pour ses peines et salaires. Car elle craignoit d'encourir l'indignation du roy par la perte d'un tel prisonnier, dont la garde luy avoit été commise, et qu'au moyen de ce la rançon et délivrance de Hugues de Châtillon son mari, pour lequel iceluy Simon pouvoit estre eschangé comme elle espéroit, ne fust retardée et empêchée. A ceste cause plusieurs hommes de diverses conditions sortirent des villes et des chasteaux voisins pour le chercher. Et finalement il fut trouvé sur la Chaussée-de-Piqueny', par un fauconnier de Raoul de Raineval, chevalier, qui le mena à son maitre au château de Piqueny. Ce seigneur le retint et en avertit la dame de Dampierre, sa parente, laquelle il savoit être grandement troublée et faschée de sa fuite. Mais, pour toutes prières et requestes qu'elle luy fist de le remettre entre ses mains, il ne voulut oncques s'en dessaisir, alléguant qu'il ne pouvoit le délivrer sans le consentement et volonté d'Enguerran Duédin, son compagnon d'armes. Par quoy la dame les assembla pour en traiter avec eux, et après quelques altercations et débats, enfin ils luy respondirent qu'il ne rendroient pas ledit Simon ainsi qu'elle le demandoit, d'autant qu'ils le tenoient et réputoient leur vray prisonnier suivant le droit et l'usage des armes. Ce que voyant, la dame poussée d'une juste appréhension et comme désolée, elle convint avec eux, pour la restitution du prisonnier, à la somme de 3,300 florins d'or dont elle paya comptant 1,500 francs; et pour l'asseurance du reste donna pleiges Jean seigneur de Poix son fils, Jean d'Offignies seigneur de Boulainvillier, André seigneur de Rambures, chevaliers; Hugues de Cambernard et Guillaume Baine, escuyers. Mais depuis elle obtint lettres royaux pour estre relevée d'une telle convention, comme injuste et passée par crainte, et enfin fit condamner au parlement les deux chevaliers à luy rendre les 1,500 florins d'or qu'ils avoient reçeus d'elle. » (Duchesne )

CH. SAVETIEZ,

(A suivre.)

Notaire honoraire.

1. La Chaussée-de-Picquigny, canton de Picquigny (Somme).

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