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Un deuil aussi cruel qu'imprévu vient de frapper les familles Lescuyer et Ponsard.

M. Paul Lescuyer, vice-président du Conseil de préfecture de l'Aube, est mort à Troyes, après quelques jours de maladie.

Fils du savant et respecté M. Lescuyer, de Saint-Dizier, gendre de M. Ponsard, le sympathique membre du Conseil général de la Marne, il s'était montré digne de cette origine et de cette alliance. Jeune encore, il comptait déjà une carrière des plus honorables. Après d'excellentes études de droit, il avait débuté à Châlons comme chef de cabinet du préfet de la Marne, et avait ensuite appartenu aux Conseils de préfecture des Vosges et de l'Aube; il présidait ce dernier depuis plusieurs années.

Ayant le goût vif de l'étude, il consacrait ses loisirs à des travaux sur la législation administrative. On lui doit d'intéressants commentaires des lois sur les Conseils généraux, sur la chasse, sur l'organisation municipale. Sa dernière œuvre avait été une Géographie historique et statistique de l'Aube, qui a mérité les plus précieux suffrages.

Tout promettait donc en lui un administrateur et un juriste de premier ordre, lorsque la mort, en l'enlevant tout à coup, à l'âge de 35 ans, est venue faire évanouir cet espoir.

Etude très intéressante et fournissant des renseignements absolument neufs, dans le tome XX des Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, par M. Eugène Bimbenet, qui vient de paraître. C'est une histoire de la nation de Picardie et de Champagne à l'Université d'Orléans. On sait que chaque province constituait une nation dans les Universités. Celle de Champagne exista d'abord seule à Orléans : elle n'a légué à la postérité qu'un seul registre de statuts conservé à la Bibliothèque d'Orléans contenant les bulles des papes, les chartes des évêques, les édits, ordonnances, arrêts de Parlement, les délibérations du Collège des docteurs, de l'année 1305 à l'année 1539. C'est un manuscrit petit in-folio de 81 folios parchemin, avec quelques peintures, initiales en blea et rouge, quelques-unes dorées. Un arrêt règlementaire de l'année 1538 réunit la nation de Champagne à celle de Picardie et on possède d'elles deux unies, un registre bien autrement intéressant, celui des procurateurs de la nation de Picardie et de Champagne, de 1539 à 1634, manuscrit in-folio de 193 folios, avec dessins, blasons, au nombre de 93, etc. On trouve dans ce précieux registre: brève instruction pour les affaires de la fidélissime nation de Picardie et de Champagne mentionnée au vieil livre du recepveur. Copie des services fondés à Saint-Pierre l'Ensentellée. Statuts de ladite nation (en latin) dressés au mois d'octobre 1590, par Jacques Leroy, d'Abbeville, procurateur. — Après cet acte, on lit la mention suivante: «< Hic liber qui temporis injuria devierat restauratus est ab Hieronimo Goujon de Thuisy, procuratore ab anno 1625. » — Viennent ensuite : formule des serments des procurateurs. Instruction pour l'élection des procurateurs et debvoirs qu'ils doivent faire durant la procure. Election du recepveur. Titre ancien concernant le droit de maille dans le jour de la fête de S. Firmin à la fidélissime nation. -Extrait des services rendus par nos anciens fondateurs en nostre dite nation en ladite Université. Ce qui s'est fait en la procure de M. Simony. Coppie d'une lettre concernant le droit de la maille de Florence, décrite par M. Habigant (un langrois). Elections des procurateurs, de 1590 à 1631, au nombre de 93, avec leurs armoiries. On comprend, sans que nous ayons à insister davantage, l'intérêt pour nous de ce travail. Il est seulement regrettable que M. Bimbenet n'ait pas donné la liste des 90 procurateurs avec la description de leurs écussons.

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Dans le même volume, 'autre curieux travail de M. Bouché de

Molandon sur Jacques d'Arc, père de la Pucelle, et sa notabilité personnelle d'après des documents récemment découverts à Nancy.

Le numéro du Correspondant, du 10 janvier, contient le premier article d'une étude sur notre grand orateur Berryer, par M. Ch. de Lacombe, qui ne peut passer inapperçu pour les lecteurs de la Revue. M. de Lacombe établit la généalogie des Berryer. Denis Berryer, originaire du Mans, eut pour fils Louis Berryer, comte de la Ferrière, conseiller et secrétaire du roi, conseiller d'Etat sous Louis XIV, contrôleur général des titres et offices de France, directeur de la Compagnie des Indes, dont M. de Sévigné parle assez sévèrement à cause de Fouquet dont Berryer n'était point l'ami. Colbert au contraire l'estimait particulièrement. Il eut de Remi Hameau: 1o Louis Berryer, conseiller au Parlement de Paris, archidiacre de Brie, prieur de Perrère; 2o Nicolas Berryer, seigneur de Ravenonville, procureur général au grand Conseil, père de Nicolas-René, intendant à Poitiers, lieutenant général du Palais à Paris, ministre de la marine, mort garde des sceaux en 1762, n'ayant eu qu'une fille mariée au président de Lamoignon ; 3o Jean-Baptiste-Louis Berryer, comte de la Ferrière, maître des requêtes, puis conseiller au Parlement, filleul de Colbert et marié à Marie-Catherine Potier de Novion, d'où, 1° Louis-Nicolas, qui n'eut de Marguerite Blondel qu'un fils sans hoirs; 2o René-Michel, né en 1697, qui se fixa en Champagne à la suite des revers de fortune et chercha à la rétablir par le négoce. Ses enfants se dispersèrent une de ses filles, Mme Albertus eut un fils établi au cap de Bonne-Espérance; un de ses fils passa en Hollande et fonda à la Haye une famille qui s'est perpétuée sous le nom de Bichelberger. Le second fils de René-Michel, nommé Pierre-Michel Berryer, se fixa à Sainte-Menéhould comme verrier; il fut père de PierreNicolas Berryer et grand-père de l'illustre orateur. Pierre-Michel Berryer se retira à la fin de sa vie à Sailly, près de Mouzon où il mourut le 26 janvier 1808. Son fils Pierre-Nicolas, mort doyen des avocats parisiens, naquit à Sainte-Menéhould, le 17 mars 1757; sa mère était fille de M. Varroquier, bailli de Givry-en-Argonne, qui avait un frère jurisconsulte estimé et deux sœurs, dont l'une devint mère de Charles Delacroix, membre de la Convention, ministre des affaires étrangères sous le Directoire, préfet de Bordeaux sous l'Empire, père du grand peintre Eugène Delacroix.

La Revue historique de l'Ouest, dans son numéro de septembre 1885, publie, page 118 à 119, un acte donné à Reims en 1532, dans la maison du chanoine Jean Doctrinel, par Jean Hulot de Braquis, clerc du diocèse de Reims et comte du sacré Palais de

Latran; cet acte fut rédigé en présence de Nicolas Leblanc, chanoine et de Jean Lardinoys, chapelain; Jean Hulot institue notaire, Jean de Rutré, prêtre du diocèse de Reims; il rappelle l'acte de 1525, par lequel César Riario, patriarche d'Alexandrie, l'a nommé lui-même comte palatin, avec autorisation de créer des notaires. Dans la charte donnée par César Riario les armes de Jean Hulot sont ainsi décrites:

« Scutum azureum per medium cujus est barra crocea supra quam est gallus aureus tenens in ejus dextro pede sicarum, »>

Nous signalerons dans le Mercure Galant, mois de mai et de juin 1678, deux articles bien peu connus sur la découverte de l'Arc-de-Triomphe de Reims. Le second est accompagné de deux planches représentant l'arcade de Romulus et celle des quatre saisons.

A lire dans le beau volume publié chez Mame, par M. Guiffrey sur l'Histoire de la Tapisserie, les passages consacrés aux ateliers de Reims, aux tapisseries et aux toiles peintes de cette ville. Il signale un ouvrier, Colin-Colin, y travaillant en 1457. De même pour Troyes, où il indique, au commencement du xve siècle, Thibaut Clément, à propos d'un curieux marché conclu pour l'exécution d'une tapisserie de la vie de sainte Madeleine, destinée à l'église de ce nom.

CHRONIQUE

LES FIEFS DU COMTÉ DE BOURG EN CHAMPAGNE. M. Blavier, sénateur de Maine-et-Loire, possède un manuscrit très intéressant concernant d'une façon la Champagne; il a bien voulu, obligeamment, nous communiquer. C'est le sommaire des propriétés, seigneuries, fiefs et bois relevant de l'ancien comté de Roucy, dressé vers le milieu du xXVIIe siècle par un de ses ancêtres, Jean-Baptiste Blavier, avocat au Parlement de Paris, né à Reims, le 1er novembre 1705, nommé bailli du comté de Bourq le 28 mars 1736, dont le fils fut conseiller du roi, président au siège des Traites foraines de Reims, bailli de Roucy, après son père, en 1755, mort en exerçant ses fonctions dans le bois de Vézilly, le 4 août 1775.

Ce manuscrit commence par un état de la famille de la Rochefoucauld de Roye, au xvi® siècle, propriétaire du comté de Roucy. Cette terre échut à Marthe-Elisabeth de la Rochefoucauld, fille du comte de Roye, mort en 1725 et mariée à François-Joseph de Béthune, duc d'Ancenis, puis de Charost, veuve en 1739.

Suivent des détails sur les mesures en usage dans le comté de Roucy, les baux de pêche et les justices seigneuriales de Roucy, Pontavert, Maizy, Berry-au-Bac, Boisgobert, Bourgogne, etc.

Roucy était un baillage dont les appellations relevaient de Châtillon-sur-Marne, Parmi ces villages figurent les suivants appartenant actuellement au département de la Marne :

Bourgogne et Lochefontaine. Village qui a titre de baronnie et deux arrière-fiefs, la Ville-au-bois-les-Jonchery et Longvoisin; appartient à dame Regnault, veuve de Nicolas Canelle de Provisy et à ses enfants.

Cany, simple fief à Courlandon, à M. de Fougère, seigneur de Courlandon (1743).

Condé-sur-Suippe, à M. de Goujon de Condé (1740).

Dimes inféodées de Romain à Robert Le Fèvre d'Eaubonne, président au grand Conseil (1728).

Faubourg de Courlandon, à M. de Fougères (1743).

Magneux-les-Fismes et vicomté d'Ormont: dix parts à M. Dey, seigneur de Seraucourt, maître des requêtes (1738); quatre parts et 1/16 à M. Engaigne (1747); cinq parts aux héritiers de la comtesse d'Estaingt; trois parts et 1/16 à Mue de Maubeuge (1723). Vicomté de Pévy à Pierre Le Pescheur (de Reims).

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