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« demande de vôtre part? Si vous regardiez ce jubilé comme « un moyen de vous purifier sans passer par le baptême la« borieux de la pénitence, si vous croyiez, aprés avoir satisfait « aux pratiques que nous allons vous prescrire, vous être ac« quitez pleinement envers la justice de Dieu, vous seriez « dans une erreur grossiére. L'Eglise ne prétend pas par les « indulgences qu'elle donne de tems en tems favoriser la << lâcheté, et l'impénitence des pécheurs; mais elle veut con« descendre charitablement à la foiblesse et à l'impuissance « de ceux qui sont véritablement contrits et humiliez, Ne « vous flattez donc pas ; vous ne joüirez de la grâce qui vous « est présentée qu'autant que vous détesterez sincérement << vos péchez, et que vous tâcherez de les expier par des satisfactions proportionnées à leur énormité et à vos forces. << Nous vous exhortons à concevoir ces sentimens, et à « prendre une résolution généreuse de vous juger vous-mêmes, « afin que vous ne soyez pas jugez de Dieu et que vous ne re« ceviez pas en vain ses grâces. Vous sentez l'interest que « vous avez de vous hâter de flêchir sa miséricorde; vous « voyez le trouble où est toute l'Europe; et qui ne sçait que << tant et de si horribles guerres sont les fruits de nos iniqui« tez? Convertissez-vous donc à Dieu de tout vôtre cœur dans « les pleurs, dans les jeûnes et dans les gémissemens. Déchi« rez vos cœurs et non vos vêtemens: convertissez-vous au Sei«gneur vôtre Dieu, puisqu'il est bon et compatissant, qu'il est patient et riche en miséricorde et qu'il peut se repentir du « mal dont il nous a menacés. Et afin que l'on sçache tout ce qu'il faut faire pour cette grande indulgence, de l'avis et « conseil de nôtre vénérable chapitre, auquel nous avons fait communiquer la bulle du jubilé par nos vicaires généraux, voicy l'ordre qui sera gardé....

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(Aprés les instructions cy-dessus et en l'autre page suit l'ordre pour le jubilé et ce qu'il faut faire pour le gagner):

1o On fera la publication du jubilé le premier dimanche qui suivra le jour auquel on aura reçû le susdit mandement.

<< 2o L'ouverture du jubilé se fera le lundi dix-septiéme « avril, lendemain de Pâques, dans l'église cathédrale et dans

dit-on, que Toussaint Janson de Fourbin [Forbin], évêque, étoit cardinal de Rome. Les religieux bénédictins de l'abbaye de Breteüil y allérent en procession avec le curé et la parroisse du même lieu. Les religieux de l'abbaye Saint-Germer de Fley (Gallia IX, 787) firent le même.

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« toutes les autres églises de notre diocése par une procession générale, au retour de laquelle on célébrera dans nôtre. église une messe solennelle du Saint-Esprit, et ledit jubilé a durera jusqu'au lundi douziéme juin, lendemain de la feste de la Trinité, inclusivement.

« 3o Le Saint Sacrement ne sera pas exposé dans au«cune église de nôtre diocése au sujet du jubilé. On y expo<< sera seulement la sainte croix et les reliques, et les autels « demeureront parez selon la qualité du tems et du jour. »

S'ensuivent plusieurs autres [instructions] ordinaires et usitées en pareil cas pour le réglement des jeunes, prières, aumônes, confessions, communions, confesseurs, stations et autres qu'on peut voir dans tout autre mandement en pareille rencontre. Il y est aussi parlé, comme dans la susdite bulle, des religieuses et autres personnes qui vivent en clôture, des femmes, vieillards, infirmes, etc. Enfin le mandement finit par ces paroles remarquables et presque ordinaires dans tous. les mandemens de Messieurs les évêques de France. « Donné à Paris ou à Versailles, à Fontainebleau, à Saint-Germainen-Laye, à Marly, à Chambor, séjours ordinaires de nos Roys - où nos affaires nous retiennent, le vingt-quatrième jour de mars mil sept cens-deux. Signé : Fabio Brulart de Sillery, évêque de Soissons; et plus [bas] : par Monseigneur, Vuil.. laume. »>

ΓΟ

Le vingt-sixième jour de may de la présente année Mr Le Bon de Moisemont, archidiacre et vicaire général dudit Mre Fabio Brulart de Sillery, permit audit Dom prieur d'Orbaiz, ou plutôt renouvella et continua les approbations de confesser, d'absoudre de tous les cas réservez audit seigneur évêque, et même pria ledit Dom prieur de faire confesser les religieux qu'il jugeroit à propos et capables de s'en bien acquiter dans des nécessités et cas imprévus pour la commodité des peuples et des pélerins. Il faut remarquer que ces permissions doivent être renouvellées de tems en tems selon la discipline nouvellement établie dans la France par les évèques.

Permission de

confesser, et de

faire confesser

les autres religieux que le supérieur jugeroit capables.

M

l'abbé demission de mande la permanger de la

Au mois de may de la présente année 1702, Mousieur de Montréal, abbé commendataire de cette abbaye, souhaittant d'y venir passer tous les ans quelques mois, s'adressa au chapitre général de notre congrégation assemblé actuellement dans le monastére de Marmoutier-lez-Tours, pour obtenir la permission monastére. de manger habituellement de la viande dans l'infirmerie, ou

viande dans l'intérieur du

même dans les chambres des hostes de la communauté: mais le définitoire chargea le Révérend Pere Dom Arnoul de Loo', prieur de Saint-Denys en France et l'un des neuf définiteurs. d'écrire la lettre suivante audit Dom Nicolas du Bout, prieur d'Orbaiz, où on marque un expédient que l'on ne put exécuter, les lieux n'estans plus habitables.

(A suitre.)

1. Dom Arnul de Loo, né à Roues, ft profession dans l'abbaye de Jumézes, le 2 mai 1663, a l'âge de 19 ans. Il fut administrateur de Saint-Germer de Flaix 1678), prieur de Saint-Père de Chartres 1681), abbé réguer de Saint-Martin de Séez (1687, prieur de Saint-Germain des Pres et de Saint-Denis en France. Nommé supérieur général en 1711, il mourut a Saint-Germain des Prés le 9 août 1713, et fat inhumé auprès de ses predecesseurs, dans le cheur de la grande chapelle de la Vierge. Galia, VII, 457. Dom Bouillart, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Germain-desPres, p 291, 324.]

2. Les definiteurs dont la réunion formait un Conseil appelé Definitoare, étaient neaf religieux choisis parmi les supérieurs des divers monastères de la Congrégation de Saint-Maur assemblés pour le Chapitre général qui se tenait tous les trois ans Ce conseil administrait les affaires de crire, et chacun devait se soumettre à ses définitions

Cette histoire commence avec le printemps: non le printemps transi du calendrier, qui grelotte sous les giboulées de mars, mais le vrai printemps du bon Dieu, qui fait chanter les buissons fleuris sous le soleil de mai.

Il y avait ce jour-là marché aux Fleurs dans le joli bourg de V... dont les rustiques maisons se mirent coquettement dans les eaux bleues de la mer; c'est là sous les frais et poëtiques ombrages de ce petit coin de la France, que se tenait, malgré l'heure matinale, une foule déjà animée.

De tous côtés arrivaient une quantité de charrettes, traînées par ces petits ânes, bourrées de fleurs de toutes sortes; c'était une avalanche, et le charmant village était comme métamorphosé en un immense bouquet.

C'est à leur petit lever qu'on obtient les plus précieuses faveurs des roses; aussi chacun s'empressait-il de faire sa provision. Un gros homme achetait un bouquet de pensées rustiques, deux grisettes se disputaient un pot de réséda, un jeune homme, à l'air fat, se contentait d'un œillet rouge à trente pas on le croyait décoré, et à trois, on le prenait pour un sotil était content!...

La Place du marché aux Fleurs faisait suite à une magnifique allée d'Acacias. On aperçut tout à coup à son extrémité, un nuage de poussière que soulevait le trot allongé de deux chevaux, entraînant une calèche découverte, dont le fond était gracieusement occupé par deux jeunes femmes, et dont la banquette de devant disparaissait sous des bottes de fleurs sauvages et de branches d'aubépine, qu'elles avaient dù cueillir dans les buissons.

La voiture s'arrêta: un groom en petite livrée vient abaisser le marche-pied, les promeneuses sautèrent à terre et s'engagèrent bientôt au milieu des étalages.

Les passants se retournaient pour les voir, mais c'était discrètement qu'on levait les yeux sur ces jeunes femmes, dont l'allure et la dignité simple imposaient le respect.

Nous publions avec plaisir cette courte nouvelle, dont la forme simple et cependant ingénieuse, nous a paru digne d'éloge dans un temps de réalisme et de naturalisme comme le nôtre. Elle est due à la plume encore inexpérimentée d'une jeune fille qui porte un des plus beaux noms de l'aristocratie française. (Note de la Rédaction.)

Odette était dans sa vingtième année: elle était grande et sa démarche élégante, ses yeux pleins de douceur et son sourire gracieux donnaient un charme angélique à son visage rose et frais.

Les marchands regardaient les jeunes promeneuses en leur montrant leurs fleurs.

Elles s'arrêtèrent enfin devant la barraque d'une vieille femme qui semblait connaître Mlle d'Evran, elle lui dit : « Ah! mamselle Odette allez-vous m'étrenner aujourd'hui ? six sous ce petit bouquet de roses, ça me portera bonheur, voulez-vous, ma bonne demoiselle? >>

Odette prit le bouquet qu'elle offrit à sa sceur, puis son regard s'arrêta sur un pied d'œillet qui paraissait fort beau.

A la demande de la jeune fille la marchande le prit, et lui dit : « C'est un œillet blanc, mais, Mamselle, vous pourriez mieux choisir, celui-ci n'a qu'un bouton et n'aura qu'une fleur. »>

«C'est pour cela que je le prends » dit Odette; et elle s'éloigna, tout heureuse de son nouvel achat.

Nos jeunes femmes regagnèrent leur voiture et quelques instants après, les chevaux s'étant arrêtés dans la cour d'un grand château Louis XIII, elle se retirèrent dans leurs appartements.

Odette dénoua les brides de son chapeau qu'elle jeta sur son lit, elle avait dù monter trop vite, car son cœur battait bien fort, quand elle posa son œillet sur la cheminée, en murmurant :

« S'il n'aimait pas les œillets blancs ? »

Elle prit ensuite une broderie anglaise, s'assit près d'une fenêtre, et rêva plus qu'elle ne travavailla.

A quoi, et à qui, Odette rêvait-elle ?

Elle était fille du marquis d'Evran, d'une des familles les plus considérables du pays, propriétaire aux environs de V...

Le marquis habitait un magnifique château, entouré d'un immense parc qui faisait l'admiration de tous les visiteurs; malheureusement les revenus de cette propriété étaient absorbés par la passion qu'avait M. d'Evran pour les innovations agricoles, lesquelles, ne réussissant pas toujours, avaient fini par amoindrir sinon le capital, du moins le bien-être de la maison.

Dans cette situation le Marquis avait dû marier sa fille aînée, en lui laissant simplement les espérances de son bien après lui; il ne pouvait faire mieux pour sa seconde fille.

La sœur d'Odette était de cinq ans plus âgée qu'elle, elle avait épousé un riche industriel M. Derguilly.

Cette jeune femme, que nous avons vue dans la voiture avec Mlle d'Evran, était charmante; fort intelligente, fine et spiri

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