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où je reverrai l'Empereur et je voudrais pouvoir l'acheter même aux dépens de quelques années de ma vie. »

Quelques jours après l'Impératrice quittait son père qu'elle ne devait plus revoir avant la chute de l'Empire, et elle était le 9 à Wurtzbourg d'où elle écrivait à Mme de Luçay les deux billets suivants, le 9 et le 10.

« J'ai reçu d'excellentes nouvelles de l'Empereur qui a passé le Niémen dans les derniers jours du mois passé. Sa santé est bonne et il soutient très bien toutes les fatigues. Malgré cette assurance, je me tourmente beaucoup d'être séparée de lui, je tâche de m'en cacher, mais je n'ai pas encore eu la raison nécessaire à cet effet. Je vous prie de faire comprendre la somme de 1571 fr. dans la dépense de la toilette, car il ne m'en reste pas pour les dépenses particulières. J'ai été obligée à douner beaucoup à Prague; mais j'économiserai cela le mois prochain, afin que je ne reste pas en arrière. »

« J'arrive avec des robes bien chiffonnées, mais après un grand voyage, cela ne peut être autrement, mais vous savez que les manteaux de cour, les robes riches et les habits de voyage sont très bien conservés..... J'ai très mal à un bras et je suis empaquetée dans des cataplasmes qui n'embaument pas trop ma chambre. »

En quelques jours l'Impératrice rentrait à Paris. Elle en partait en 1813, après l'armistice, pour aller rejoindre Napoléon, sur son ordre à Mayence, où de la elle mande, le 30 juillet, à Mine de Luçay:

«Le jour approchant, je désire faire un cadeau à l'Empereur pour sa fète. J'ai le projet de lui donner mon portrait avec celui de mon fils, sur une de ses tabatières. Je vous prie donc au reçu de ma lettre de charger M. Ysabey de faire cette miniature. S'il n'était pas de retour à Paris, vous lui écrirez pour qu'il y travaille à Vichy sans perdre de temps, parce que mon intention est qu'elle soit exécutée par lui-même et non par un autre. M. Ysabey disposera le groupe comme il l'entendra, en plaçant mon fils sur mes genoux. »

1. Dans cette lettre l'Impératrice exprime dans les termes affectueux la part qu'elle prenait aux inquiétudes que causait à Mme de Luçay l'état de plus en plus grave de son mari : « J'espère, ajoute t-elle, que votre santé n'en souffre pas, car elle m'est bien nécessaire, je vous prie de la ménager, car vous savez l'amitié que je vous ai vouée et vous ne pouvez vous figurer la peine que me causerait l'idée de vous voir malade. »

On sait qu'après l'abdication de Fontainebleau, MarieLouise, régente, cédant à des conseils regrettables, quitta Paris le 25 mars Mme de Luçay blâmait cette résolution, mais elle n'en demeura pas moins à son poste. « Nous sommes partis à 10 h. 1/2 du matin, écrit-elle le soir de Rambouillet à son mari; en m'éloignant tout frappait ma vue douloureusement. Quel voyage! Sous quels auspices est-il entrepris ? Chacun y a été entraîné avec le plus vif désir qu'il n'ait point lieu, et cependant nous voici ici depuis quatre heures. Tout est bien triste autour de moi, mais chacun a sa peine qu'il renferme puisqu'elle vient de la même cause. Je dois cependant remercier le hasard qui m'a servie heureusement en m'associant comme compagnons de route Mme de Brignolé, M. de Ségur et M. de Montesquiou. Tu vois que je suis bien partagée. Ils apporteraient peut-être quelques soulagements à mes pénibles pensées si cela était possible, car ils sentent comme moi notre douloureuse position. Nous sommes ici très nombreux toute la famille y est sans exception que les deux frères. Nous avons eu ce matin une scène touchante par les sanglots et les cris que le petit roi a fait en quittant ses appartements: il s'accrochait à tous les meubles pour y rester et disait : je ne veux pas m'en aller! Il semblait qu'il était inspiré. »

Cette triste cour arriva à Blois le 2 avril et y resta jusqu'au 9.

Ce fut à ce moment que, bien que l'Empereur, il faut le reconnaître, n'appelât nullement Marie-Louise auprès de lui, Mme de Luçay, qui avait suivi l'Impératrice, lui adressa de si vives instances pour lui faire comprendre que son devoir était de rejoindre Napoléon, qu'elle fut au moment de l'emporter. Voici à cet égard le récit du comte de Ségur, gendre de Mme de Luçay :

Ma belle-mère venait de décider secrètement l'Impératrice à partir de Blois pour Fontainebleau; le secret pour lui faire accomplir un devoir aussi sacré était malheureusement indispensable. Déjà la voiture, commandée pour ce départ, l'attendait au bas d'un escalier dérobé, quand une autre personne, dont la funeste influence n'agissait que trop depuis longtemps sur l'esprit de la faible Marie-Louise, se fit annoncer. Aussitôt l'Impératrice, troublée par cet incident inattendu, fit précipitamment passer sa dame d'atours dans un cabinet voisin. Ce fut de là que ma belle-mère put entendre, et n'entendit que trop bien, avec quel art perfide on parvint à détruire, sans retour possible, et à changer en les plus tristes des défections. la généreuse et noble résolution qu'elle avait fait prendre. »

Mme de Luçay, malgré cet échec, demeura auprès de l'Impératrince jusqu'au dernier moment. « Notre départ est remis, écrit-elle à son mari d'Orléans le 7 avril, parce que l'Impératrice a la bonté de nous engager à rester quelques moments. Nous profiterons de cette permission pour lui rendre nos devoirs. Nous partirons samedi après l'Impératrice qui va coucher à Grosbois où son père va la voir le dimanche. Demain on attend la visite du roi de Prusse : elle agite autant que celle de l'empereur de Russie, ces politesses étouffent celles à qui on les adresse. Tout semble aller mal pour son cœur. C'est qu'il n'est pas de bonheur que dans les sentiments naturels, dans les situations simples. C'est surtout la passion des femmes. Quelle triste existence pour celles qui en sont privées. Nous déjeû nons, nons dinons tous les jours avec l'Impératrice. Je passe les autres moments avec maman Quiou. »><

Mmo de Luçay avait formé le projet de suivre MarieLouise dans son exil. Cela est prouvé par une lettre que celle-ci lui adressa de Schoenbrun le 24 juin 1814, et où elle lui dit : « Soyez persuadée de la peine que j'ai éprouvée en me séparant de vous et surtout du regret que j'ai eu que les circonstances m'aient empêchée de vous avoir près de moi. J'espère que vous êtes sûre de tous les sentiments que je vous ai voués, ainsi que de ma reconnaissance pour tous les services que vous avez bien voulu me rendre pendant les quatre années de mon séjour en France. Je vous prie aussi de penser quelquefois à moi et de me donner de vos nouvelles ainsi que de votre famille. Mon fils se porte à merveille. Il a grandi beaucoup pendant le voyage et l'air de Schoenbrunn a l'air de lui faire du bien. Ma santé ne se remet que fort lentement, ce qui est bien naturel après toutes les secousses que j'ai éprouvées. Je vous prie de croire à tous mes sentiments d'estime et d'amitié avec lesquels je suis votre très affectionnée, Louise. »

Mme de Luçay se retira alors à Saint-Gratien où son mari avait acheté, en 1806, une terre importante. C'est de là qu'elle revint aux Tuileries le 20 mai 1815, où son mari était venu dès la veille reprendre son service. L'empereur voulut la voir et il l'embrassa plusieurs fois en pleurant et sans pouvoir prononcer un mot. Il la pria de reprendre également son titre de Dame d'Atours et il recomposa toute la maison de l'Impératrice, comme si elle devait arriver le lendemain. Ce lendemain fut Waterloo. M. de Luçay entretint encore pendant quelque temps des relations avec Marie-Louise et l'on conserve dans sa famille

plusieurs lettres très affectueuses de l'Impératrice. Nous en citerons deux seulement.

« Aix-en-Savoie, 30 juillet 1814. Je suis charmée de voir que mon portrait vous ait fait plaisir. Je vous prie de le regarder comme un bien faible gage de ma reconnaissance pour tous les services que vous avez bien voulu me rendre... »

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<< Vienne 25 août 1814. · Je n'ai pas été fatiguée du tout du voyage en Suisse, par le bonheur de revoir mon fils depuis trois mois d'absence y a contribué pour beaucoup. Vous seriez étonnée du changement qui s'est opéré en lui. Il a grandi au moins d'une demi-tête. J'ai un reproche à vous faire, c'est celui de ne parler ni de la santé de M. de Luçay, ni de la vôtre. Donnez-moi de vos nouvelles. »

Au début de son arrivée en Autriche, Marie-Louise avait été assez mal accueillie, comme on peut en juger par cette lettre adressée de Vienne, le 29 septembre, par la duchesse de Périgord à Mme de Luçay : « Elle a montré à son arrivée un grand mépris pour l'Allemagne et ses habitants. Elle ne parle que le français et y est établie complètement française. » Mais cela dura peu. L'influence du comte de Neipperg, son chevalier d'honneur, détruisit ces honorables sentiments, et au bout de l'année l'Impératrice se trouvait très heureuse dans le magnifique palais de Schoenbrunn, ne paraissant nullement penser à celui pour lequel deux ans auparavant elle se disait prête à acheter le retour au prix de plusieurs années de sa vie.

La comtesse de Luçay vécut depuis lors dans une complète retraite au point de vue du monde officiel, mais elle occupa une place vraiment considérale dans la société parisienne, comme elle le méritait d'après le portrait que son gendre, le comte Ph. de Ségur, a tracé d'elle dans ses Mémoires, la montrant animée des aimables et douces vertus comme de ces sentiments d'honneur qui distinguaient la haute société de la fin du XVIIIe siècle ».

(A suivre.)

Cto E. DE BARTHÉLEMY.

Ce que venu en la cognoissance du seigneur de St-Paul y sceut fort bien remédier par le moyen du sieur de Castignau quil leur laissa pour gouverneur se fiant tant en sa fidélité dextérité et valleur qu'a l'expérience aux affaires de la guerre quil avoit recognu par le continuel service quil luy avoit faict en l'estat de sergent major de son régiment lequel meritoit non seulement le gouvernement de ceste place mais aussy la conservation d'une de plus grande conséquence a cause de sa capacité scachant quil adouciroit les mutins par voyes douces et aimables luy donnant pour ce faire 100 soldats quil installa dans le chasteau dudict Rethel puis la pressant les affaires de tirer ailleurs icelluy seigneur en diligence se rendit à Maizières tant pour pourveoir a la conservation de la place peu avant entrée en ce party par le moyen des sieurs de Geoffreville et Juillet quy s'estoient emparez du seigneur de Laviefville gouverneur dicelle, renduz maîtres de la ville les habitants de laquelle jurerent en ses mains l'union des catholiques leur laissant pour garnison à la persuasion desdicts habitants quatre compagnies de gens de pied commandez par les sieurs de Mentbron, Scannevelle, Thiébert et de Larche affin de pouvoir esviter les surprinses et résister aux courses des ennemys donnant entretenement pour un moys seullement attendant son retour de Lorraine ou il sachemina emmenant quant a luy les sieurs de Geoffroiville pour s'en servir en son voyaige et faisant delivrer commission au cappitayne Juillet pour lever des harquebuziers a cheval et se joindre a son rethour.

Les affaires de Champaigne se trouverent lors fort brouillez sestans les villes a la persuasion de ceulx qui y avoient authorité rangé de party que les grands dicelles avoient embrassé, ou du roy ou des princes le peuple desquelles se laissant aller aux passions d'aucuns particuliers n'oublyoient a faire paroistre quelle licence leur avoit permis les présens troubles, d'aus

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Voir page 293, tome XXI de la Revue de Champagne et de Brie.

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