Page images
PDF
EPUB

tres aussy se comportant mieulx dans les limittes de raison monstroient dégarer avec plus de poix les événements incertains de la guerre, touttesfois ses gueres semblant estre climatericques les plus turbulents esprits tendoient aux armes et non au repos sestant la pluspart des villes diversiffiez de factions speciallement ceux qui s'estoient voulu conserver neutres comme Thoul et Verdun lesquelles aprés s'estre maintenuz avec une modestye commencerent a se brouiller pour embrasser ung party. Ce que venu à la cognoissance du segneur de Sainct Paul resolut d'un voyaige faire deux pelerinaiges car estant necessaire de conferer avec le duc de Lorraine pour le persuader d'entrer en ligue et conféderation avec les autres princes catholiques, il se résolut par mesme moyen d'escouler quelque temps pour induire les habitants de ces deux villes à entendre à la conservation de leur religion laquelle il leur représentoit fort esbranlée en cas que les ennemis des princes les surmontasse; pendant quil se promettoit ces choses il se rendit à Nancy y trouvant son altesse de Lorraine laquelle duement certioré par luy qu'avec la religion on tendoit à la totalle ruyne de la maison de Lorraine et par vives raisons persuadé à le croire estant l'affaire mis et communiqué en son conseil par advis dicelluy print et embrassa ce party y promettant tout secours et assistance comme en semblable le seigneur de Sainct Paul au nom des princes et catholiques associez ayant charge lui promit que généralement tous se secoureroient de leurs forces et puissance. Ce qu'estant a son contentement parachevé delibéra bien adverty des divisions. de ceulx de Thoul et Verdun d'en aller investir lune avec les régiments des sieurs de Rotty Cotty Voignon, Montmarin et Sainct Lumier sadressant a Tnoul comme la plus aisée a reduire et ranger à la raison laquelle fut selon ce quil s'estoit proposé bientost contente d'accepter la capitulation et d'entrer en alliance avec les autres villes pour ayder à la manutention de la religion catholicque apostolique et romaine pour asseurance de quoy ils jurerent l'union en ses mains approuvant la guerre encommencée à la charge destre maintenuz et conservez en leurs franchises et priviléges sans permestre de rien innover au préiudice diceulx tenant et prenant sa foy pour asseurance de ce avec promesse à toutes occasions de les secourir pour abbrobation de quoy affin que son eslongnement ne les meit en suspence et en doute affin aussy de les asseurer d'un plus prompt secours i les meit es mains du duc de Lorraine tant pour la puissance de son auctorité res

pectée en ce païs que pour leur estre voisin, lequel embrassant leur protection pourroit aussy plus promptement les deffendre contre les ennemis qui la voudroient violer joinct que le dit Duc debattoit quelque droict en cette place.

Aprés la reddition de Thoul le seigneur de Sainct Paul deument adverty des particularitez des habitants de Verdun resolut de poursuivre la faveur de fortune qui luy avoit rit en la prinse de Thoul pourquoy faire promptement il se rendit devant affin par ce moyen d'intimider les habitants dicelle touttesfois estant adverty que ce voisinaige apportoit de lirresolution ausdicts habitants il conclut de se loger a Wimberg chasteau appartenant à lévesque du lieu partissan de Lorraine et la attendre la resolution de leurs conseils continuels qui tendoit a embrasser ung des trois partys que ceulx de la dicte ville recherchoient quy estoit celuy des Roys de France et d'Esppaigne et celuy des princes catholicques, et neantmoins ne se pouvans iceulx résoudre tenoient le seigneur de Sainct Paul en cervelle le repaissant desperance pendant quoy ceulx quy favorisoient le party d'Espaigne voyant que la pluspart des voluntez des bourgeois tendoient a estre et demeurer françois rechercherent de se fortiffier diligentant d'envoyer au duché de Luxembourg pour avoir quelques forces, affin de s'opposer violemment et de faict aux opinions contraires du party quils approuvoient, le secours duquel leur fut si soudainement promis que le gouverneur de ceste province ne voulant manquer au service de son maistre leur despescha aussy tost Don Joan de Cordou avec 1000 ou 1200 chevaulx lequel désirant par sa présence forcer les voluntés du reste des habitants se vint planter a une lieue 1/2 de la ville apportant tous les devoirs quil recongnoissoit en son jugement pouvoir servir a lavancement du party du Roy son maistre; mais les contraires ayant en singulière recommandation la nation françoise pour plus participper du françois que de l'espagnol et mieulx en entendre la langue eurent recours d'aviser aux moyens d'einpescher l'effect des menasses quils fumoient. contre eux et ne recognoissant rien qui ne les en peut garantir que le seigneur de Sainct Paul despecherent vers luy gens de leur part avec priéres de les secourir en si urgente nécessité l'admonestant des forces espagnolles qui estoient en son chemin es mains desquels ils le prioyent de garder de tomber craincte que quelque mauvais desseing conviasse don Joan de Cordou d'attenter quelque acte dhostilité, ce pourquoy ils lexhortoient de s'y acheminer la nuict pour esviter à tous

inconvéniens, mais iceluy seigneur ne voulant rien monstrer qui partist d'ung cœur timide et pusillanime, ains voulant faire paroistre la générosité françoise résolut de partir de Wimberg en plein midy ne voulant que ces trouppes estrangéres se prévalussent de lavoir faict cheminer la nuict, ny de luy avoir faict faire ung pas de destour; mais donnant bon ordre à son marcher il partit avec 300 bons chevaux avec lesquels il tint le droict chemin passant près du quartier de Dom Juan de Cordou qui estoit encore logé à Charny son premier logis lequel voyant ses trouppes si près de son quartier ne faillit à luy despescher ung cappitaine nommé l'Escolle tant pour les recognoistre que pour les amuser et gaigner le temps de monter a cheval pour peult estre tascher de le divertir de son desseing; mais ce cappitaine s'approchant et estant attendu dict audict seigneur quil estoit envoyé la par D. Juan de Cordou pour scavoir de celuy qui commandoit cette trouppe ou il alloit et quelle occasion le menoit à Verdun, à quoy lui fust par ledict seigneur de Sainct Paul respondu que ce n'estoit a luy a quy il estoit tenu rendre compte de ses actions mais au Roy seul ou au duc de Mayenne lieutenant général de l'Estat et Couronne de France et quil alloit ou les affaires le convioient et le service de son maistre. Ce que dist tirant tousjours païs sans faire aucun arrest se rendit aux portes de Verdun qui luy furent ouvertes au grand contentement de bon nombre dhabitans lesquelz le supplyoient de faire ce qui estoit nécessaire à l'advancement de ce party comme il feit battant le fer tandis quil estoit chaud employant ses subtilitez et ruses pour acquerir et gaigner la volunté de ce peuple, lequel ores quil fut dedans leur ville ne vouloient aucunement entendre a prendre party et le mettoient quasi en ung labirinthe d'user des voyes de faict pour les veoir en volunté de résister, touttesfois eulx voyant ses forces introduictes dedans leur place et que le party catholicq estoit le plus fort voyant aussy D. Joan de Cordou qui les regardoit ils désespérerent de luy pouvoir résister spécialement lorsque en lengaige ung peu aigre il leur feit entendre ses conceptions leur disant qu'il recognoissoit les habitants de Verdun de tout temps dévots et catholicques et quil s'esmerveilloit qu'a present quil y alloit de la manutention de la religion laquelle sembloit fondre en ténébres et submerger au fond de la mer par le labirinthe ou cile estoit plongé à cause de nos iniquitez quils se monstroient trop froids a apporter ce que bons catholicques doibvent à la conservation de leur religio

et quil sembloit que ceste saincte humeur se fut évaporé deulx, mais quils avoient a considérer qu'encore quils se puissent conserver en leur religion tenans le party de l'ennemy que néantmoins leurs enfants nourriz parmi le faict de l'hérésie humeroient bien tost l'air d'une religion nouvelle les ames desquels par ce moyen s'enseveliroyent aux cavernes de Sathan frustrant leurs ames par leur faulte de la béatitude éternelle en laquelle ils estoient appellez, mais qu'ils se debvoient mettre devant les yeulx le debvoir que tous les catholicques doibvent apporter a la manutention de la religion catholicque laquelle les convye d'immoler pour elle leur vye car par plusieurs autres années nos pères par leffusion de leur sang nous l'avaient conservé s'estant acquis pour rémuneration de leurs travaulx la felicité de la salvation de leurs ames introduictes au ciel et que neantmoins eulx vouloient faire du contraire veu la frigidité de leurs parolles qui denottoient la débilité de leur estomac à digérer cette saincte viande, touttesfois que puisqu'il estoit entré dans leur place quil s'estoit résolu les ayant garandy de la domination estrangère de n'en sortir quil ne les eust garanty des griffes du diable ou au supplement de ce par le sacrifice de sa vye faire cognoistre à tout le monde. leur peu de foy et religion en l'ingratitude de laquelle ils se seroient aydés pour le rémunérer de ses services touttesfois que vivant en esperance il croyoit qu'avant venir ou ils pensoient que la faveur du Tout Puissant s'eslargissant sur luy et les siens permettroit de remettre au giron de l'Esglize les desvoyés qui s'en vouloient distraire et quil estoit résolu faire avant partir pour l'intérest quil avoit a la perte de tant de fideles les priant d'y adviser de bref et l'advertir de leur resolution afin de faire ce quil jugeroit nécessaire ne leur voulant rien dire d'advantaige. Ces propos eurent tel effect que beaucoup d'habitans ayans pris une saincte impression en leur cœur de ceste harangue se conformérent à sa volunté encores qu'aucuns sy feussent voluntiers oppose s'ils eussent jugé leur party esgaler en force les catholicques lequel ne faisant qu'une tierce partie des factions diversiffiez n'estoient bastans que pour sopposer a l'une et non aux deux qui s'estoient unies a demeurer catholicques lesquels espouvantoyent par leur secours les opposans, les contraingnant de se joindre en ung seul corps et accepter l'alliance et confederation des autres villes unies de ce royaume pour seureté de quoy déliberérent en l'esglise cathedralle d'y faire le serment de fidélité frustrant par ce moyen les partys de Henry III Roy de France et de

Pollongne et de Philippe roi des Espaignes en considération de quoy le seigneur de Sainct Paul leur promit de les conserver et garder en leurs franchizes et libertez les prenant et mettant en sa protection et sauvegarde installant au gouvernement le sieur d'Ossonville qui l'a conservé soubz l'obeissance du duc de Lorraine, quant a la garnison ledict seigneur advisa avec (les) habitans de leur laisser 3 compaignies de gens de pied et une d'harquebuziers a cheval pour obvier aux courses des ennemis. Ce voyaige fut accompagné d'un grand heur le presaige duquel luy arriva lors que passant pour s'acheminer a Nancy il eut advis que prés de Saincte-Menehould les compaignies de Thomassin et de Corna estoient logez à ung certain villaige lesquelles usant de diligence il surprit et tailla en pieces dans le logis mettant ceulx qui restoient a Vauderoutte estonnant ceulz de Saincte-Menehould en telle sorte que ils se virent en termes de capituler et prests a prendre le party catholicque si beaucoup daffaires dignes de diligenter ne leust convyé de passer oultre pour rendre l'obeyssance au lieutenant géneral de ceste couronne. Auquel lieu les regiments des sieurs de Woignon et Montmarin l'ayant auparavant habandonné faulte d'argent le vindrent joindre lesquelz luy feirent un notable service à la prinse de ces deux places. Le discours précedent vous peult faire cognoistre comme le seigneur de Sainct Paul s'estoit emparé du chasteau de Wimberg lequel fort de soy mesme eust apporté beaucoup d'incommodité à ceulx de Verdun par le moyen de la garnison qu'on y eut laissé si ilz se fussent opiniastrés a garder le party du Roy ce que recognoissant aucunement les habitans s'en monstrerent plus traictables et doulx et plus libres a donner entrée audict seigneur dans leur ville lequel ayant apporté leffect qu'il s'estoit projetté en lesprit fut par eulx prié d'en tirer les garnisons qui ne feroient que les incommoder et espuiser leurs bourses pour lentretenement d'icelles ce que leur ayant esté accordé recognoissant ceste place n'estre aucunement nécessaire que pour ce dont il s'en estoit servy manda au sieur de Pema quil avoit laissé dedans d'en sortir et le venir trouver a Verdun avec les trouppes pour joindre trois mil lansquenets quil attendoit lesquels il fut recevoir et devancer sur les frontiéres se resolvant avec iceulx d'aller joindre le duc de Mayenne prés de Montereau ou sur son chemin il eut a la rencontre le sieur de Haultefort avec les troupes qu'il avoit peu amasser lequel sacheminoit en mesme intention de trouver le duc de Mayenne lesquelles se joignirent avec les siennes pour parachever

« PreviousContinue »