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Plus es-tu qu'Esculape en art industrieux.
Et plus que d'Apollon ta musique est ïolie:
Car ores par ton art tu nous donnes la vie,

Ores par tes fredons tu nous donnes les cieux.

« Nous parlerons peu du poème; on y retrouve le genre de Barbier; il y parle du poulmon rouge-pasle et du cœur douxmouvant. Un simple exemple suffira pour donner une idée de cette poésie sacrée du précurseur de Lefranc de Pompignan. A la page 25, une paraphrase du psaume cxIx (De profundis) débute ainsi :

Despliez, ô Seigneur, vostre affable audience
Sur les contrains regretz de mon impatience;
Les soupirs pénitens de mon affliction
Paroissent trop nourris de cuissante détresse,
Fléchisez vostre amour à mon occasion

Pour le soulagement de l'excès qui m'oppresse.

« Nous connaissons encore de Barbier quatre stances de quatre vers chacune imprimées en tête de l'Histoire notable de la conversion des Anglais, rapportée soubs la vie miraculeuse de saincte Vauxbourg... par Jean Lespagnol, docteur en théologie (Reims, 1612 et 1672, in-8°). Elles y sont en compagnie d'autres stances du médecin Claude Gillat.

« Tous ces vers que Le Comper qualifie de mieilleux — sont souvent mal construits; ils se sauvent parfois par la naïveté, mais dès que le poète veut s'élever, ses ailes lui font défaut, il devient incompréhensible. Il semble le sentir lui-même, car il termine un de ses ouvrages par ce quatrain au lecteur :

Amy, si en lisant tu te resens obscure,

Porte la cécité au lieu d'où elle vient,

N'arrête pas tes sens à la scule escriture,

Mais plustôt au deffault qui de ta part advient.

1. Il semble que J. de Foigny ait prévu el retourné par avance l'épigramme bien connue :

Heureux qui reçoit la mort

Des mains du docteur Valère!
Car avant qu'il vous enterre,
Par ses vers il vous endort.

Pour ce, tu nous fournis en belle cadence
Les regrets, les sanglots, l'insigne patience
Du pauvre-riche Job: et pour un plus grand'heur,
Tu chantes de Brûlart la gloire non petite,
Tu braves résonant son los et son mérite.
Qui ne chérira donc un si brave sonneur ?

J. de FOIGNY R.

<«< Heureusement, S. Barbier a d'autres titres à la postérité. «Parmi les épidémies de peste qui sévirent à Reims au XVIIe siècle, l'une des plus terribles fut celle de 1635. Elle avait débuté en octobre 1634 à la maison de la Barbe-d'Or, où elle avait atteint une servante, et au Marché-au-Bled, où elle avait tué un jardinier. En avril et en mai 1635, on signale de divers côtés les charbons, c'est-à-dire les bubons qui en constituent le signe essentiel; on est obligé de construire des loges dans la cense de Clairmarais, pour abriter les pestiférés.

<<< Simon Barbier fut une des premières victimes.

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Prévoyant les ravages de la maladie, il avait envoyé deux de ses jeunes enfants à la campagne; il mourait le 27 ou 28 mai 1635, de la contagion, selon l'expression du temps.

« Le Conseil de la ville fit conduire à Cormontreuil deux autres enfants qu'il avait chez lui au moment de sa mort, et pria sa fille Catherine et son gendre Chertemps « de se retirer cinq ou six jours aux champs pour s'airier' ». Il n'est pas parlé de sa femme, Isabeau Godinot, qui était absente ou morte depuis peu, car elle lui avait donné son dernier enfant le 27 mars 1634 (Registres de la paroisse de Saint-Etienne).

«L'épidémie continuait. En juillet, les loges que l'on avait fait construire à la Buerie sont remplies; les chirurgiens J. Camuzet, J. Mathieu, Lemelin, Jacques Lebrun, Nic. Froivant se multiplient.

1. Ces détails sont puisés dans les registres des Conclusions du Conseil de Ville (extraits communiqués par M. Duchénois).

Voici, d'après de La Salle, comment on pratiquait les airements, c'est-àdire les désinfections en 1668. On pulvérisait et on mélangeait :

Deux livres de poudre à canon, de soufre, d'alun et d'encens;

Quatre livres de poix résine;

Deux onces d'antimoine;

Quatre onces de sublimé;

Deus onces d'arsenic;

Quatre onces d'orpiment et de cinabre;

Deux onces de graines de genièvre, ou de lin, ou de laurier.

«Du tout il faut en prendre cinq quarterons, plus ou moins suivant les places à airier et les hardes qui sont dedans... On sème cette composition sur un peu de foin mis au milieu de la place et l'on arrose le foin d'un peu d'eau-de-vie et de vinaigre, puis on y met le feu après avoir bien bouché les portes, fenêtres et ouvertures... Pour les pailles des paillasses, il faudra les brûler dans la cour ou au milieu de la rue, ou aux cheminées, peu à peu, crainte du feu. » La ville de Reims ne dépensa pas moins de 16,000 livres en 1635-1638 et 25,000 en 1668 pour les désinfections et la reconstruction de ce que nous appellerions aujourd'hui des pavillons d'isolement.

M. Maldan a donné une très complète histoire de l'épidémie de 1668 dans e deuxième volume de la Chronique de Champagne (1837, p. 1 à 25).

A la fin de 1635, on a un moment l'espoir de voir s'éloigner l'affreuse maladie; mais survient une recrudescence en 1636 et elle dure jusqu'en 1638.

« La peste devait faire une nouvelle apparition à Reims trente ans plus tard. C'est dans cette épidémie de 1668, plus épouvantable peut-être encore que les autres, malgré l'Avis pour s'en préserver de Pierre Rainssant, que sont morts les chirurgiens Paget et Nicolas Colin, deux noms à inscrire dans le livre d'or de la médecine rémoise, à côté de ceux de Barbier, de Demanche, de Chabaud, etc.

« Pour finir sur une note moins sombre, et puisque le jour est à la poésie, je transcris un sonnet qui chante les louanges de S. Barbier et de J. Coustier.

« Sonnet sur le doctorat de M. Coustier:

Galien désireux ou plustôt envieux

D'ouyr les doux accords de ce fils de Latonne,
Qui d'un vers mieleux tes louanges entonne,
Voudroit bien repasser le fleuve stygieux.

Je l'ay ouy prier Charon l'audacieux,

D'une tremblante voix, luy disant qu'il s'estonne
D'ouyr si doux accents que ton Barbier resonne,
Et de voir Coustier plus sçavant que les vieux.
Les livres surchargeans d'un tas de commentaires
Et des glosses qui sont l'une à l'autre contraires ;
Il en fasche Pluton. montrant que son manoir

Ne sera fréquenté de la trouppe mortelle
(Qui par médicaments deviendra immortelle)
Pourveu que tu prodigue à chacun ton sçavoir.

Par P. LE COMPER.

«L'auteur est Pierre Le Comper, docteur-régent de la Faculté de médecine de Reims (1612-1619), le premier qui ait reçu le bonnet doctoral dans les écoles Antoniennes, et dont le portrait, peint en 1626, est conservé à l'école actuelle. 0. G. >>

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FRANÇOIS GODET, SEIGNEUR D'OMEY. Nous possédons dans nos archives une pièce curieuse: c'est la plainte adressée à l'évêque de Châlons par un gentilhomme champenois, d'avoir été contraint d'entrer dans les ordres par son père pour complaire à sa bellemère. François Godet était le fils ainé de François Godet, écuyer, seigneur de Saint-Quentin-sur-Coole, Vaugency, Fontaine, Visigneul, conseiller à la Cour des aides de Paris, puis en 1569, correcteur à la Cour des comptes, et de Marguerite Molé, fille de Nicolas, seigneur de Juvansigny, conseiller au Parlement, qu'il avait épousée le 22 novembre 1547. M. d'Omey se remaria le 13

avril 1562 à Marie de Nouveau, fille d'un secrétaire du roi et mourut le 29 septembre 1578, ayant eu de son second mariage un fils qui continua la lignée et fut trésorier général en Champagne et deux filles, l'une religieuse à Notre-Dame-des-Champs, l'autre unie en 1597 à Jean Le Febvre, seigneur de Villers-au-Bois, receveur des tailles à Châlons.

M. d'Omey gagna son procès, car nous le voyons en 1589 capitaine d'une des quatre compagnies d'infanterie levées à Châlons pour soutenir la cause royale; il y mourut le 29 novembre, sans avoir eu d'enfant de sa femme, Jeanne de Courtil. B.

A Monseigneur L'évesque, comte de Chaalons, pair de France, ou Monsieur son vicaire-général.

Supplie très humblement François Godet, s d'Omey, et Vaugentian qui estant mis en ung colége de larchevesché de Paris, aagé de seize à dix-sept ans seullement, il en fut retiré par deffunct Me Fraçois Godet; son père, conseiller du roy et correcteur ordinaire en sa Chambre des comptes à Paris, et ce par la suasion et induction de feue damoiselle Marie Denouveau, sa femme, belle-mère dudict suppliant, et envoyé en la ville de Chaalons en la maison de feu noble et vénérable personne Mre Jacques Godet, son oncle, vivant prestre, grand archidiacre, chanoine en l'église dudit Chaalons et de la Sainte-Trinité audict Chaalons, curé de l'église parochialle de Lespine au diocèse de Chaalons, en intention de obtenir pour le suppliant, à la prière et poursuitte de son dict père induit par ladicte de Nouveau, sa seconde femme, lesdicts bénéfices, comme depuis il auroit obtenu, pensant par ladicte damoiselle par tel moyen enrichir les enffans d'elle et dudict Godet son mary, au préjudice dudit suppliant et autres enfans du premier mariage dudict Godet; et se voulant ladicte dame plus amplement asseurer pour l'advancement de ses dicts enffans faict telles poursuites que ledict suppliant auroit esté astrainct de prendre son gré et vouloir non seulement les ordres de acolite, mais aussi les ordres de soubs diacre et diacre, et attirer à elle et à ses enffans le bien patrimonial dudict suppliant, fils aisné en la maison de son dict père, lequel ordre de diacre il avoit esté tellement pressé et contraint par son dict père que estant devant vostre prédécesseur évesque, il seroit tombé en tel anéantissement et débilitation de son corps par la maladie qui le pressoit dès lors et auparavant; et prevoiant le danger où il se mettoit, qu'il avoit esté par deux ou trois fois contrainct de se retirer de la présence dudict sr Evesque; et finalement reprehendé par son diet père avec menasses et colère qu'il avoit contre son vouloir receu ledict ordre de diacre, aagé lors seullement de dixneuf à vingt ans, sans considération de ce qu'il faisoit, aiant toujours intention de se faire dispenser dudict ordre sitôt que l'occasion s'en présenteroit: aussi na il pour effect exécuté ladicte

charge ny des bénéfices dont il avoit esté pourveu par les moyens que dessus, et autres qui depuis luy ont esté confiés. Ce quil auroit déclaré advant le decès dudict feu Mre François Godet son père et auparavant. Ce considérer, Monseigneur, que ledict suppliant pour la nécessité qu'il a eu d'obeyr à sondict père, n'a peu obvier à telles entreprises et empescher ladicte promotion ès dicts ordres de soubs diacre et diacre, il vous plaise de Vostre Bénignité et Paternité chrestienne à remettre ledict suppliant en tel estat quil estoit auparavant la susception desdicts ordres en déclarant non astrainct aux dicts veulx et ordres non plus quil estoit auparavant la reception d'iceulx, et aux offres quil faict dès à présent de affirmer le contenu de ladicte requeste véritable et d'en faire preuve si besoing est, et vous ferez bien et justice. GODET.

Renvoi de ladicte à l'official de la Cour épiscopale pour informer de l'affaire, le 6 juin 1583.

LISTE DES ANOBLISSMENTS ENREGISTRÉS DANS LES REGISTRES

AU BUREAU DES FINANCES DE CHALONS

Le Blanc, Henri, sr du Plessis, 1635, conf. 1658.
Arnoult de Frémont, capitaine, 1660, conf. 1668,
De Roussin, capitaine, 1660.

Prudent de Villers (Sézanne), 1663.

Vuasselin, capitaine, 1668.

Collot du Quesnay, 1674.

Frizon, 1684.

Coulon, commissaire de l'artillerie, 1687.

De Recicourt, major de cavalerie, 1687.

Colin de Lisle, brigadier aux gardes du corps, 1687.

De Vaux, garde du roi, 1704.

Berthelier (Troyes), 1704.

Neret, 1704.

Potra (Troyes), 1704.

Lévêque de Vandières, 1704.

Baillot (Troyes), 1704.

Billet, trésorier, 1705.

Dermouts de Faurecourt, 1720.
Veron de Farincourt (Langres), 1721.
Favart (Reims), février 1722.

Famille AubertIN, de Sainte-Menehould. Vieille famille qui aurait eu pour auteur Hector, écuyer, seigneur de la Roche, capitaine d'une compagnie de chevau-légers au xve siècle. Son petit-fils aurait été capitaine de Château-Renaud en 1495, et demeurait à Somme-Vesle avec sa femme Jacqueline de Savigny. Lors de la Recherche de la

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