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Gravé par E.George

Au-dessous des six grands dignitaires, dont quatre seulement furent immédiatement nommés, afin de laisser deux places vacantes pour deux frères de Napoléon, alors en disgrâce, vinrent quarante ou cinquante grands officiers inamovibles comme les grands dignitaires.

D'abord seize maréchaux d'empire, dont quatorze furent aussitôt désignés: Jourdan, pour sa victoire de Fleurus; Masséna, pour Rivoli, Zurich et Gênes; Augereau, pour Castiglione; Brune, pour Bergen; Berthier, pour ses services éminents à la tête de l'état-major général; Lannes, Ney, pour une longue suite d'actions héroïques; Murat, pour sa vaillance chevaleresque à la tête de la cavalerie française; Bessières, pour le commandement de la garde, qu'il avait depuis Marengo; Moncey, Mortier, pour leurs vertus guerrières; Soult, pour les services rendus en Suisse, à Gênes, au camp de Boulogne; Davout, pour sa conduite en Égypte; enfin Bernadotte, pour un certain renom militaire, pour sa parenté surtout. Il y eut en outre quatre maréchaux honoraires, qui, étant sénateurs, n'avaient plus de service actif: Kellermann, pour Valmy; Lefebvre, pour son dévouement au 18 brumaire; Pérignon et Serrurier, pour le respect qu'ils inspiraient justement à l'armée'.

Songis et Marescot, inspecteurs généraux de l'artillerie et du génie; Gouvion Saint-Cyr, colonel général des cuirassiers; Junot, des hussards; Marmont, des chasseurs; Baragueyd'Hilliers, des dragons; enfin l'amiral Bruix, inspecteur général des côtes de l'Océan, et le vice-amiral Decrès, inspecteur général des côtes de la Méditerranée, formèrent la liste des grands officiers dignitaires. Celle des grands officiers civils comprit le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, grand aumônier; Talleyrand, grand chambellan; Berthier, grand veneur; Caulaincourt, grand écuyer; Duroc, grand maréchal du palais. Un grand maître des cérémonies, le comte de Ségur, fut chargé d'apprendre à la nouvelle cour les usages de l'ancienne.

Le Sénat, composé de quatre-vingts membres élus par le Sénat lui-même, des six grands dignitaires, des princes français, qui pouvaient y siéger après leur dix-huitième année; enfin des citoyens que l'Empereur y appelait, conserva les

1. Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire, t. V, p. 105. Bernadotte avait épousé Eugénie Clary, fille d'un négociant de Marseille et sœur de la femme de Joseph Bonaparte.

prérogatives que la constitution de l'an x lui avait conférées. Le Corps législatif votait auparavant les lois sans les discuter; la parole lui fut rendue, mais à la condition de n'en user que dans les comités secrets. Le Tribunat devint de plus en plus une sorte de conseil d'État. Aussi, n'ayant plus de raison d'être, il sera supprimé en 1807.

Une haute cour impériale fut instituée pour connaître des complots ourdis contre la sûreté de l'État ou la personne de l'Empereur, et des délits commis par les ministres ou leurs agents, les membres de la famille impériale et tous les grands personnages de l'État. Elle était composée de soixante sénateurs, de vingt conseillers d'État, des grands officiers de l'Empire, etc.

La nouvelle constitution, si l'on s'arrête à ses formes extérieures, était représentative, puisqu'il y avait des élections et que les députés du pays votaient l'impôt, faisaient les lois; si l'on regarde au fond, elle était absolue, car ce ne sont pas les rouages qui font la force d'une machine, c'est la puissance que la volonté humaine leur imprime. Or, en 1804, la volonté de la France était avec Napoléon; elle abdiquait entre les mains d'un génie extraordinaire qui n'avait jusqu'alors signalé son pouvoir que par des services, et qui pouvait en rendre encore en défendant la Révolution contre les implacables rancunes de l'Angleterre et des vieilles monarchies du continent. Mais si l'entraînement de la France était naturel, n'était-ce pas au chef de l'État à le contenir, à le modérer? Ne lui eûtil pas été utile de conserver un peu de cette liberté politique dont on avait abusé, mais dont le désir et le besoin étaient restés au fond de bien des cœurs? Napoléon ne trouvera, dans le Sénat, dans le Corps législatif, dans l'aristocratie dont il s'entoure, pas un contradicteur durant la prospérité; y trouvera-t-il un appui dans les jours de malheur?

Couronnement (2 décembre 1804). Napoléon, habitué à frapper les esprits par de grands spectacles, avait résolu d'étonner la France et le monde par une cérémonie imposante. Il obtint du pape ce que ni roi ni empereur n'avait encore obtenu, qu'il vînt lui-même à Paris sacrer le nouveau Charlemage (2 décembre 1804). Pie VII fit l'onction sainte au front, sur les bras, sur les mains de l'Empereur; mais quand il voulut prendre la couronne pour la lui poser sur la tête, Napoléon la saisit, se couronna lui-même, et, prenant ensuite celle de l'impératrice, la déposa sur son front.

Joséphine fondait en larmes, troublée par cette triomphante fortune que son époux portait si fièrement.

Légion d'honneur. Du jour où Napoléon remplaça la république par la monarchie, il songea à reconstituer la noblesse; mais il n'exécuta ce projet qu'après les grands triomphes d'Austerlitz, d'Iéna et de Friedland. Depuis deux ans, il avait décrété l'institution de la Légion d'honneur, système de récompenses nationales que l'esprit d'égalité pouvait avouer, car il ne créait point de priviléges héréditaires tout en signalant à l'estime publique le savant, l'industriel et le soldat qui

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avaient bien mérité du pays par leurs travaux, leur activité et leur courage'. Le 14 juillet 1804, jour anniversaire de la

1. Sous l'ancienne monarchie il y avait la croix de Saint-Louis pour récompenser les services militaires, le cordon de Saint-Michel (cordon noir) pour les services civils, l'ordre du Saint-Esprit (cordon bleu) ne comptait que 100 chevaliers, de vieille noblesse. La Légion d'honneur, à son origine, dut être composée de 15 cohortes: chaque cohorte avait 7 grands officiers, 20 commandeurs. 30 officiers et 350 simples légionnaires; en tout 6000 membres. Les grands officiers avaient 5000 fr. de traitement, les commandeurs 2000, les officiers 1000, les légionnaires 250. Le Corps législatif ne vota la loi qu'à une assez faible majorité. Ducis et Delille refusèrent la croix. Cf. le curieux livre de M. Mazas, la Légion d'honneur, son institution, sa splendeur, ses curiosités, 1854. Les filles pauvres ou orphelines des membres de la Légion sont gratuitement élevées à la maison d'éducation de Saint-Denis, qui a pour succursale les Loges, ancien couvent établi au milieu de la forêt de Saint Germain.

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